Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
sédition. Pourchassés, les coupables seront démasqués, arrêtés, jugés, châtiés. Grâce à cet acte de justice, la paix et l’ordre seront rendus à la Brenne. Je suis ici pour assurer l’une et l’autre. J’ai reçu de Charles, empereur glorieux et juste, confiance et pouvoirs pour ce faire. Je le ferai !
    Le missus dominicus marqua une courte pause.
    — Mais non point seul. Un messager est parti pour Bourges afin d’informer le comte Childebrand des événements qui sont survenus tout récemment. Il me rejoindra sans tarder avec le reste de notre mission.
    Erwin se leva, imité par tous.
    — Veuillez maintenant, ordonna-t-il, examiner et déterminer avec mes assistants comment appliquer, dès aujourd’hui, dès ce matin, les décisions que je viens de vous signifier.
    Sur ces paroles, il quitta la salle tandis que ceux auxquels il s’était adressé gardaient le silence avec des visages crispés.
    Accompagné par Sauvat et deux gardes, comme lors de son voyage à Tours, ainsi que d’un moine devant lui servir de truchement, le missus dominicus quitta peu après le monastère pour mener ses propres recherches. Il choisit de se rendre dans le nord de la Brenne, région où les recherches, selon ses constatations, avaient été mal conduites, voire pas du tout. Il gagna Paulnay et la « villa du Romain » et il observa que l’attirail de sorcellerie qui l’avait intrigué lors de sa découverte avait été enlevé. Puis il se dirigea vers Villiers et Saulnay où, avec ceux qui composaient sa petite escorte, il prit la collation de la mi-journée avant d’arriver à Sainte-Gemme, ensuite à Vendœuvres pour revenir, au crépuscule, à l’abbaye. Il parcourut ainsi une contrée plus boisée que marécageuse, à la population clairsemée.
    Pas davantage que ceux qui avaient enquêté jusque-là, il n’avait obtenu d’indications claires et décisives permettant de situer à tel endroit le « grand tapage » auquel le frère Antoine avait assisté, de découvrir des caches et repaires à partir desquels la bande, en tout ou partie, pouvait lancer des coups de main ou encore préparer des festivités orgiaques. Cependant il put remarquer chez certains de ceux qu’il pressait de questions des silences gênés, des hésitations, des réticences qui lui donnèrent à penser qu’ils détenaient des informations, voire des secrets et ne voulaient pas ou n’osaient pas les communiquer. Il enjoignit alors à ceux qui avaient particulièrement retenu son attention de venir, dès le lendemain, au monastère Saint-Pierre à Longoret pour lui apporter leurs témoignages, hors de toute oreille et de tout regard indiscrets.
    Après le souper, il se rendit seul à la chapelle pour y prier et méditer dans le silence de la nuit. A peine en avait-il franchi le seuil qu’il fut empoigné par deux hommes masqués tandis qu’un autre lui mettait un bâillon avant de lui recouvrir la tête d’une capuche, un quatrième lui liant les poignets. Erwin n’essaya pas de se débattre. Il fut conduit jusqu’à l’issue latérale qui donnait sur un pont enjambant un bras de la Claise. Il entendit faiblement le murmure de ses eaux. Puis il fut poussé dans un véhicule et attaché sur un siège, avec, à ses côtés, deux gardiens dont il décelait la présence. Encadrée par ceux qui l’avaient enlevé – il entendait le martèlement que faisaient les sabots de leurs chevaux sur le chemin –, la voiture, en cahotant, sembla s’éloigner de Longoret. Après un trajet qui, à l’estimation du Saxon, avait duré plus de deux heures, quand il fut arrivé à destination, il fut mené jusqu’à une cellule où on lui enleva sa capuche, son bâillon, et on lui délia les poignets. Puis, sans un mot, ses ravisseurs, toujours masqués, quittèrent cette prison. Il entendit le bruit du verrou qu’on tirait.

CHAPITRE VI
    L’alerte fut donnée, peu après minuit, par deux novices qui devaient relever la garde surveillant l’accès direct à la chapelle par le petit pont. Ils trouvèrent les deux sentinelles qui les avaient précédés gisant à une quinzaine de pas du débouché de ce pont. Elles avaient été ligotées, bâillonnées, aveuglées par un bandeau. Sans doute avaient-elles essayé de résister aux agresseurs. Ceux-ci les avaient assommées.
    Immédiatement, l’un des deux novices courut prévenir l’abbé Ferréol, tandis que son compagnon demeurait sur place. Le supérieur du monastère se rendit

Weitere Kostenlose Bücher