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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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ce monde. Si tu agis ainsi jusqu’à lafin, nous avons l’espérance que ton âme aura la vie éternelle ».
    Esclarmonde s’agenouilla à son tour devant l’évêque et, en tant que marraine d’Alix, prit la parole et s’adressa à l’assemblée.
    « Bons Chrétiens, nous vous prions, pour l’amour de Dieu, d’accorder à notre amie ce présent que Dieu vous a donné.
    — Pour tous les péchés que j’ai pu faire ou dire ou penser ou opérer, je demande pardon à Dieu, à l’Église et à vous tous. »
    D’une même voix l’assemblée répondit : « Par Dieu, et par nous tous et par l’Église, qu’ils te soient pardonnés. Nous prions Dieu qu’Il te pardonne. »
    Le flot des voix, enflé par le vent, semblait porter Alix droit vers le ciel. Au nom de sa filleule, Esclarmonde s’engagea au respect de la parole et au sincère repentir.
    « Que le Seigneur te pardonne et te conduise à bonne fin, conclut l’évêque.
    — Amen ! Qu’il en soit fait, Seigneur, selon Ta parole. »
    Alix à présent purifiée fut revêtue d’une robe blanche. Sa beauté rayonnait ; elle se rêvait enfant, avant que les désirs d’orgueil et de chair ne viennent la souiller.
    « Tu vas maintenant recevoir le Saint-Esprit qui fera de toi une Bonne Chrétienne. »
    Elle s’agenouilla devant la table. Guilhabert lui posa sur la tête l’Évangile de Jean et tous les membres de la communauté lui imposèrent la main droite.
    « Père saint, accueille ta servante dans Ta justice et mets Ta grâce et Ton Esprit saint sur elle. »
    Alix sentit une onde la parcourir tout entière, de la pointe des pieds jusqu’au sommet du crâne, tout le long de sa colonne vertébrale, si proche du plaisir d’amour qu’elle dut se faire violence pour chasser cette jouissance impie. Elle était autre. Alix de Turenne n’était plus, seule existait Alix la Parfaite, absolument pure. Elle entendit l’évêque réciter six pater, puis le prologue de l’Évangile de Jean.
    « Au commencement était le Verbe… Et le Verbe était Dieu… Tout ce qui a été fait l’a été par Lui, et sans Lui a été fait le néant… En Lui est la vie, et la vie est la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont point reçue. »
    Elle fit trois révérences, prononça trois « Benedicite » puis : « Que le Seigneur Dieu vous donne bonne récompense de ce bien que vous m’avez fait pour l’amour de Dieu. »

23
    Alix reprit le métier à tisser et la quenouille qu’elle avait pratiqués dans la communauté d’Aillac. Elle y était expérimentée et l’outil laissait libre cours à sa pensée. Elle maniait avec délice les bobines de fil aux couleurs naturelles, blanches et noires, parfois d’un brun roux, et le contact avec cette douce matière occupait son corps et laissait son âme en paix. L’atelier de Montségur était perfectionné et riche en doigts habiles. On y confectionnait des draps et des habits pour hommes et femmes, des chemises et des dentelles que l’on vendait dans les villes de la plaine. Les femmes du plat pays, simples croyantes, ravitaillaient le château en matière première. La manufacture était aussi un lieu de conversations pieuses et savantes où l’on débattait de philosophie, théologie et science biblique. Les mains adroites faisaient les âmes fortes. L’atelier des hommes fabriquait des métiers à tisser. On réalisait ainsi à Montségur l’idéal cathare. Danscette petite société, chacun vivait de son travail, chacun priait en travaillant et faisait son salut.
    Alix comprit vite qu’à l’activité de tisserand s’ajoutait celle de prosélyte. Désormais apte à porter la bonne parole, elle fut choisie par Esclarmonde pour compagne de route ; elle devint sa « socia », sa jumelle. Elles partaient toutes deux, humblement vêtues, sur les chemins poudreux des Pyrénées. Au gré des marchés et des foires, elles étaient reçues dans des communautés de femmes ou chez de fidèles croyantes, et y prêchaient la sainte religion. Alix était toujours gênée que l’on s’agenouille devant la Parfaite qu’elle était devenue. Elle savait pourtant qu’à travers elle, c’était Dieu que l’on honorait. Elle imposait les mains, récitait des contes édifiants qui émerveillaient les enfants autant que les adultes, parlait de réincarnations, de salut, de la beauté de celle qui a franchi le pas. Elle devait veiller à n’avoir aucun contact physique

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