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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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veut demeurer à l’écart.
    — Le bancal ?
    — Mystère et boule de gomme. Sans doute un amant de Sophie, sur le plan des mystifications, elle nous bat à plate couture.
    — Et la baronne Clotilde, vous l’oubliez !
    — Nullement, rétorqua Victor. Elle a refusé qu’on autopsie le corps de son mari et qu’on fouille leur hôtel, elle se moque de ce qu’il est advenu à son époux. Nul doute qu’elle aspire à couler des jours paisibles en compagnie de son fils et de sa seringue de Pravaz auprès d’une belle-famille qui consent à régler ses dettes.
    — Alors on a bouclé la boucle ! Tout de même, c’est une sacrée aubaine pour le père Boniface que nous sachions si bien museler notre bavarde 62  !
    — On pourrait lui retourner le compliment, il a gardé le silence en ce qui concerne notre rôle dans cette affaire.
    — N’empêche qu’on a escamoté un meurtre, celui de La Gournay !
    — À quoi bon charger davantage le père Boniface ? je comprends ses motivations.
    — Avec vous, les assassins ont toujours raison, vous êtes vraiment un drôle de phénomène ! Vous les traquez et pis après vous les excusez presque ! Il a occis trois hommes !
    — C’était pour protéger sa fille, il l’aime, même s’il ne l’a pas élevée. Il veut qu’elle soit heureuse. Je lui ai choisi un des as du barreau, il saura émouvoir le public en avançant dans sa plaidoirie qu’ayant appris le meurtre de Loulou…
    — Comment, puisque personne n’a réclamé cadavre aux cheveux teints ?
    — … qu’ayant appris le meurtre de Loulou, qu’il surveillait sans qu’elle en eût conscience par l’entremise d’un voyou de « la Monjol », il a décidé d’appliquer la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent.
    — Vous avez une manière d’accommoder les faits à votre sauce ! J’ai plus soif.
    Il abandonna son verre à demi plein car déjà la tête lui tournait.
    — Ouf, on va enfin rentrer et reprendre la vie de famille.
    — Libre à vous. Quant à moi, j’ai une dernière visite à rendre.
    — À qui ?
    — À Mme Guérin. Voyez-vous, Joseph, tout menteur que je sois, j’aime aller jusqu’au bout de l’histoire que je viens de vivre. Or certains points restent obscurs, et seule cette brave commerçante est en mesure de m’éclairer.
    Partagé entre deux envies, Joseph n’hésita que quelques secondes. Victor s’apprêtait à traverser le quai Malaquais quand il le rattrapa.
     
    — Des pois superbes à cinq sous la livre !
    — À huit sous le tas de salades ! Et on choisit !
    — Et hop ! Zyeutez mes belles de Fontenay, elles s’épluchent toutes seules ! À partir de cinq kilos d’achat, on fournit le beurre pour la poêlée !
    Les appels fusaient alors que Victor et Joseph longeaient les étalages plantés de part et d’autre de la chaussée de la rue de Lancry. Nez au vent, Joseph humait l’odeur des châtaignes grillées mêlée à celle de la vanille d’un marchand de gaufres. À la hauteur d’un joueur d’orgue de Barbarie qui distillait La Fille du tambour-major , il buta sur un vieux bonhomme serrant sous son aisselle deux albums à tranche dorée, aux prises avec un biffin.
    — Dix sous du Paul Féval, non mais pis quoi !
    — Garde-les, tes prix d’excellence, c’est pas celui qui gagne le plus qu’en met l’plus à gauche !
    « Il faudra que je retienne ça pour mon prochain feuilleton, pensa Joseph. Du dialogue sur le vif, y a pas mieux ! »
    — Dépêchez-vous, s’impatienta Victor. Nous devons surprendre les oiseaux au nid.
    Quand ils débouchèrent rue des Vinaigriers, le silence les surprit.
    — C’est fermé, constata Joseph en désignant le Chinois bleu .
    — Allons rue Albouy.
    Ils sonnèrent longtemps avant qu’une des croisées du rez-de-chaussée s’entrebâille. Hermance Guérin les considérait, le visage hostile.
    — Qu’est-ce que vous voulez ? Vous n’avez pas causé assez de mal comme ça ? lança-t-elle.
    Victor ôta son chapeau et poussa du coude Joseph qui en fit autant.
    — Madame Guérin, dit-il, nous sommes ici pour vous présenter nos excuses. C’est un regrettable malentendu. Nous souhaiterions également avoir une conversation avec votre fille Sophie.
    — Elle n’est plus chez moi. Partez !
    — J’insiste. J’ai sollicité maître Masson, avocat au barreau de Paris. Il est très renommé. Je paierai les frais. Il a accepté d’assurer la défense du père

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