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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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d’échecs sur un terrain comme celui-là. Vous êtes un spécialiste de la nature humaine, monsieur Legris, c’est évident. Vous brûlez de connaître mes motivations, n’est-ce pas ?
    Le père Boniface eut un large sourire, mais il y avait une lueur calculatrice dans son regard.
    — Hermance Guérin a sollicité mon conseil. Elle avait commis une indiscrétion en lisant des extraits du journal intime de Sophie Clairsange lors de sa maladie, elle était inquiète. J’ai jugé qu’il s’agissait d’une plaisanterie de gamine, d’une juste revanche sur l’adversité. Je ne pouvais intervenir auprès de Sophie sans trahir le secret d’une confession venant d’une femme qui avait placé sa confiance en moi, j’étais à cent lieues de prévoir la tournure morbide qu’allait prendre la suite des événements.
    — Vous connaissez Mme Guérin ! Vous avez pourtant prétendu le contraire !
    — J’avais besoin d’un sursis afin d’aider Thomassin à réaliser son dernier tour de piste ! Hermance Guérin est une amie, nous nous sommes liés au cours du procès de 1891, il était naturel qu’elle fasse appel à moi pour soigner Sophie, ne suis-je pas médecin ? Démuni de diplôme, je vous le concède, mais poser des sinapismes est à la portée de tous. C’est votre faute, monsieur Legris, rien de cela ne se serait produit si vous ne m’aviez appris l’assassinat de Loulou, c’est vous qui avez mis en branle le processus. Comme j’ignorais laquelle de ces trois fripouilles était l’auteur de cet abject forfait, je les ai tous éliminés afin de sauvegarder Sophie. La Gournay fut un beau ratage, j’avais perdu la main. S’il n’a pas succombé immédiatement, il a quand même fini par quitter cette vallée de larmes.
    — Vous ! Un homme de Dieu… En arriver à pareille extrémité !
    — Nous sommes tous des créatures de Dieu, monsieur Legris. Vous êtes intelligent et pourtant vous vous laissez prendre aux apparences. Il est si facile de berner le commun des mortels par le port d’un vêtement spécifique.
    — Vous n’êtes pas prêtre !
    — Avez-vous des enfants, monsieur Legris ?
    — Non… Euh… Pas encore.
    — Un jour, vous comprendrez peut-être que l’amour paternel peut pousser au crime. J’use rarement de citations, cependant j’ai une prédilection pour Lactance, « le Cicéron du christianisme ». Savez-vous ce qu’il a écrit il y a plus de mille cinq cents ans ? « Quelques hommes, assez peu nombreux, ont commencé à mettre la main sur tout ce qui était de première nécessité pour l’humanité… ils se sont élevés au-dessus de tous les autres et s’en sont différenciés par leurs vêtements et par leurs armes. »
    Le père Boniface se tenait immobile, le buste incliné en avant, il y avait une expression de triomphe dans son attitude.
    — Je me suis « différencié » afin de survivre. La guerre m’a arraché à ma femme et ma fille, entre elles et moi s’est dressé un mur sombre. Les revoir fut mon unique but au cours de ces années d’exil. Je laisse la morale et toute la litanie à ceux chargés d’appliquer leur loi sous le masque trompeur de la justice.
    Tandis qu’ils chuchotaient à l’entrée de la grotte, Corentin Jourdan reprenait lentement ses esprits. Il s’agenouilla et s’accroupit, la tête penchée. Il tint la posture quelques secondes, puis il se détendit lentement et, le dos courbé, gagna en boitillant l’extrémité sombre de la grotte.
    — Pourquoi votre message chez le baron était-il signé Louise ? demanda Victor.
    — Vous êtes du genre méticuleux, monsieur Legris. J’ai suivi à la lettre le plan de Sophie, je savais qu’elle comptait dévaster les collections de ces jolis messieurs sous le pseudonyme d’Angélique, mais je ne pouvais deviner par qui elle comptait commencer, alors j’ai paraphé mon œuvre du prénom Louise, ainsi je brouillais les pistes.
    — Par quel subterfuge vous êtes-vous introduit rue de Varenne ?
    — Un jeu d’enfant. Je me suis présenté en tant que cousin du curé de la paroisse sous prétexte de donner l’extrême-onction au baron. C’est lui qui m’a indiqué où se trouvait la clé de son cabinet secret.
    — Je suppose que vous avez procédé de la même façon au domicile de Richard Gaétan.
    — Non, je n’ai pu opérer chez lui, la police y était déjà.
    — Et chez Thomassin ?
    — C’était risqué, ça m’a pris du temps. J’ai

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