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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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demanda-t-elle.
    — Un monsieur.
    — Comment était-il ?
    — Je ne sais pas trop, madame, c’est M. Delort qui l’a reçu, et M. Delort a fini sa journée.
    — Où puis-je le joindre ?
    — M. Delort ? Oh, madame, il habite Argenteuil. Sophie sentit ses jambes se dérober sous elle. « Comment m’ont-ils retrouvée ? »
    Elle relut le billet :
    Vous êtes en danger, méfiez-vous, on vous surveille. À votre place je mettrais une certaine distance entre cet hôtel et ma nouvelle résidence. N’attendez pas, je vous en prie. Et surtout n’ayez aucun contact avec l’extérieur pendant quelque temps.
    Un ami.
    Qui pouvait être l’auteur de cet avertissement ? Hermance ? Non, elle aurait signé… Un ami ? Quel ami ? Ce gros patapouf sirotant un quinquina ? Ce squelette débitant des fariboles à une dinde qui ne cessait de glousser ?
    Elle se boucla dans l’ascenseur et rallia sa chambre, au troisième étage. Depuis l’assassinat de Loulou, sa vie s’était transformée en cauchemar. Qui venait de déposer cette sommation ? Elle s’était apprêtée à sortir, apaisée par son changement d’adresse, et voici qu’une chape de plomb écrasait son regain de confiance.
    Quelqu’un avait voulu la tuer et s’était trompé de cible. Lequel d’entre eux ?
    Joseph se rendit compte que le boiteux était rentré dans l’hôtel. Il se profilait à côté de l’ascenseur, dont la porte s’ouvrit. La belle jeune femme en jaillit, habillée de pied en cap, suivie d’un garçon d’étage empêtré de valises. Tandis qu’elle réglait sa note, un fiacre acre se rangea au bord de la chaussée. Le garçon se délesta des bagages et cria au cocher :
    — Hôtel de l’Arrivée !
    La jeune femme s’engouffra dans le fiacre.
    Penché au-dessus du comptoir, le boiteux étala quelques pièces sous le nez du réceptionniste et tendit l’oreille. Satisfait des renseignements obtenus, il se redressa, inspecta les alentours, puis s’avança tranquillement vers la porte à tambour.
    Joseph patienta cinq minutes et, la montre brandie, se rua à la réception.
    — Ça dépasse la mesure ! Les femmes sont toutes les mêmes, fâchées avec l’heure ! Veuillez faire savoir à Mlle Clairsange que le clerc de maître Pignot la réclame sur-le-champ.
    — Impossible, rétorqua l’employé en haussant les épaules.
    — Et pourquoi donc ?
    — Parce qu’elle vient de s’en aller, son époux aussi la réclame. C’était bien la peine d’occuper une chambre pour si peu de temps !
    — Son époux ? Où est-elle allée ?
    — Chez la concurrence.
     
    La rue de Strasbourg était dotée d’une vespasienne. Le supplice de Joseph prit fin. Soulagé, il recommença à faire le pied de grue près d’un porche d’hôtel. La présence du boiteux, aposté dans un renfoncement du hall, ne l’étonna guère. Etait-ce lui, le conjoint ? Absurde, il ne se musserait jamais ainsi. En outre, le mot qu’il avait rédigé avait précipité le départ de Sophie Clairsange, mais son attitude indiquait qu’elle ne savait à qui l’attribuer. Le boiteux l’avait-il prévenue qu’un jeune homme blond était collé à ses basques ? En ce cas, la vérité allait éclater, car l’homme se dirigeait droit sur lui. Joseph se préparait à riposter, lorsque l’autre le doubla et cingla vers le boulevard de Strasbourg.
    La marche réchauffait Joseph sans pour autant le délivrer de son obsession de manger, exacerbée par la vision des restaurants illuminés. Il râlait en cavalant aux trousses de l’homme qui traçait sa route sans hésiter. Qui était-il ? Un amoureux transi ? Un flic ? Un escarpe ? Le meurtrier de Loulou ?
    Ils virèrent rue des Vinaigriers. L’ombre engloutit les clartés diffuses du boulevard de Magenta. Très ému, Joseph repéra une confiserie.
    Au CHINOIS BLEU
    Veuve Guérin
    Il ralentit. Le boiteux s’était insinué dans un immeuble vétuste, en face d’un bistrot. Battre la semelle devenait un véritable sport. L’homme eut le bon goût de ne pas être trop long à se montrer. Il avait troqué sa redingote contre un carrick. Il prit l’amble en direction du boulevard de Magenta. Il n’avait quand même pas l’intention de retourner…
     
    — Si, Victor, je vous l’affirme ! Le boiteux s’est rué vers l’Hôtel de l’Arrivée comme si sa vie en dépendait, et il s’est vissé sur une chaise après avoir graissé la patte du réceptionniste. Je vous parie

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