Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
Vom Netzwerk:
la rade.
    — Mais on ne les a pas vus se déplacer ? s’étonna le Devin.
    — Ils ont manœuvré dans l’obscurité. Mieux vaut être discret quand on est une prison flottante.
    — Tu as l’art et la manière de délier les langues.
    Dans l’obscurité, Évrard ricana :
    — Qui se méfierait de Martin le jacquin ? Cela fait des années que je travaille, que j’habite ce personnage fantasque. Un coup il disparaît, un coup il réapparaît. Il est devenu une légende sur laquelle on aime à parler autour d’une chope de vin de Syrie. Même les marins génois qui travaillent pour le Légat.
    — Qu’as-tu appris ?
    L’espion se pencha vers Roncelin. Une odeur acide montait de lui. Sans doute sa blessure à la main qui se refermait mal. Il fallait la plonger dans l’eau de mer. Le sel hâterait la cicatrisation.
    — Il va falloir agir vite. Dès cette nuit.
    La voix d’Évrard se fit plus grave.
    — Ils ont séparé les hommes des femmes…
    — Ça, on le sait déjà, le coupa le Devin en secouant Roncelin pour le réveiller.
    — Oui, mais ils viennent de séparer les femmes entre elles. Les vieilles d’un côté…
    Mal réveillé, Roncelin n’entendit que la fin de la phrase, mais il comprit aussitôt.

    Bateau du Légat
    Sur le pont du navire, le froid était intense. Le vent qui montait de la mer balayait, sans pitié, voiles, cordages et hommes. Suivant le bordage, le Devin guidait ses compagnons en direction d’un lumignon qui battait devant l’entrée de la soute. Il heurta un panneau qu’il contourna prudemment. En tendant la main, il sentit le bois durci d’un javelot, puis d’un autre. L’armurerie du bateau. À voix basse, il appela Roncelin :
    — Des lances.
    Le Provençal s’avança et saisit un épieu. Il le caressa de sa paume blessée. Du bois de frêne. Quant à la pointe, elle était en acier bleuie, fine et tranchante comme une dague italienne. Du beau travail. Les hommes du Légat savaient choisir leurs armes. Il retint le Devin par la manche.
    — Si nous pénétrons par la porte principale, il n’y aura aucun effet de surprise.
    — Il n’y a qu’une entrée. Par où veux-tu passer ?
    Roncelin l’entraîna au-dessus du bastingage.
    — Écoute.
    Un battement régulier frappait le flanc du navire.
    — Je l’entends depuis qu’on est sur le pont, précisa Roncelin. C’est un volet de bois qui tape, ce qui veut dire…
    — … qu’une écoutille est ouverte, compléta Évrard, en balançant une corde par-dessus bord. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser.
     
    La salle obscure dans laquelle ils posèrent le pied puait horriblement. Une odeur âcre, de moisi, qui avait tout envahi. Malgré son dégoût, Roncelin colla son oreille contre la cloison de bois. Des bruits sourds venaient de l’arrière du navire.
    — J’ai trouvé un passage, annonça le Devin qui avait récupéré une masse dans l’armurerie et la portait en bandoulière.
    Ils débouchèrent sur une coursive étroite éclairée par des becs d’huile. De chaque côté, des portes grillagées donnaient sur des cachots. L’un d’eux était ouvert. Évrard décrocha une lampe. C’était une cellule étroite au sol couvert de paille. En éclairant le mur, il vit une inscription. En hébreu. Il se retourna vers ses compagnons et ne prononça qu’un mot :
    — Vite.
    Au bout du couloir un battant de trappe était renversé. Un cri de femme monta de l’ouverture. Le Devin voulut se précipiter, mais Roncelin le retint.
    — Ils sont juste dessous. Si tu cours, ils vont t’entendre. J’y vais. Seul. Dès que la voie est ouverte, je siffle. Deux coups. Vous pourrez descendre.
    Sans attendre de réponse, il s’éloigna à pas de loup. Arrivé devant la trappe, il empoigna fermement son épieu et sauta.
     
    Deux marins se retournèrent. Le premier, un grand efflanqué aux dents en quinconce, jeta un œil inquiet vers le fond de la pièce. Attachée à une rambarde, une forme nue gémissait faiblement. Le second, le front en sueur, portait une dague au côté dont il tâtait nerveusement le pommeau. Roncelin fit glisser son javelot dans la main droite. Face à lui, les deux marins restaient immobiles. D’une voix calme le Provençal entonna le verset favori de Maïmonès.
     
    — Mais je suis le Seigneur et je les exaucerai :
    Je suis le Dieu d’Israël
    Et je ne les abandonnerai point.
     
    Puis il recula d’un pas, se mit de biais et arma son bras. Le javelot

Weitere Kostenlose Bücher