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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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homme aussi puissant que Lord L. croire à de telles fadaises.
     
    Aujourd’hui. J’ai échoué. Le frère B. a été choisi comme vénérable. Je ne me suis pas abaissé à demander des explications à Lord L. J’ai accepté le verdict avec fair-play. Comme il se doit, pour un homme de mon rang et de ma condition.
     
    Il passa les pages suivantes, sans intérêt, pour s’arrêter sur l’année 2009.
     
    Aujourd’hui. Le vénérable m’a fait lire le livre du Temple Noir , ayant appartenu à feu Lord L. Il est ennuyé et ne sait pas trop quoi en penser. Il m’a dit avoir attendu tout ce temps avant de me le montrer. Je l’ai lu attentivement, chez lui, sans pouvoir prendre de notes ou faire une copie. Après l’avoir refermé, mes certitudes ont été ébranlées. Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je n’ose imaginer les conséquences. Tout est lié à l’opposition entre la lumière et les ténèbres. Il est dit que celui qui maîtrise la vraie lumière, maîtrise le monde.

51
    Ferme d’Ein Kerem
Novembre 1232
    Le Devin s’arrêta sur le pas de la porte et observa les alentours. La nuit allait bientôt tomber. Déjà le sommet des collines se fondait avec l’horizon. Les rares arbres, des cyprès tordus par le vent, prenaient des formes fantomatiques. Un vrai moment de crépuscule, angoissant et funèbre. Le Devin s’avança, rassuré. Peu de chances qu’un importun ne vienne troubler cette solitude. Les pèlerins devaient se réchauffer dans les tavernes, quant aux hommes du Légat, ils ne sortiraient pas de Jérusalem durant pareille nuit. Novembre était un mois que les superstitieux craignaient et redoutaient. Pour être tranquille, il avait envoyé Roncelin aux nouvelles au village. Il ne reviendrait qu’au matin. Le Devin rentra dans la ferme, verrouilla soigneusement la porte et, une chandelle à la main, s’assit auprès du lit où gisait Bina.
    Novembre…
    Il avait toujours aimé cette période de l’année. Dans son pays natal, l’Angleterre, de curieux récits circulaient autour de l’époque de la fête des morts. Ni les dieux de Rome, ni la religion du Christ n’avaient eu raison des antiques croyances des druides celtes. Elles survivaient sous forme de légendes. En particulier, chez les bergers des landes. Son père, qui faisait commerce de bestiaux, le prenait parfois pour l’accompagner dans des foires. Quand ils rentraient, le soir, son père ne traversait jamais la lande, mais demandait toujours l’hospitalité aux gardiens des troupeaux. Il déposait un cruchon d’eau-de-vie en guise d’offrande et tous deux passaient la nuit au milieu de ces hommes rustres, mais qui connaissaient les vieux secrets de la terre et les mystères inscrits dans les étoiles.
    Là, autour d’un maigre feu, le dos accolé contre un mur rongé de lichens pour se protéger du vent, le Devin avait entendu de bien étranges histoires. L’une d’elles le poursuivait toujours. Il se souvenait encore du berger qui la racontait. Un vieil homme, le visage protégé sous une large coiffe rongée par la pluie, les mains noueuses où battait un sang bleu quand il les approchait du feu. Son père, harassé, s’était endormi. Durant son sommeil, alors que les gardiens continuaient à parler, brusquement le visage de l’homme s’était raidi et un gémissement inhumain jaillit de sa bouche. Tous s’étaient tus. Traçant un triangle avec son bâton, le vieux berger avait mis en garde ses compagnons :
    — Attention, une âme rôde.
    D’un coup le gémissement alors avait changé. De rauque et précipité, il était devenu lent et soyeux. Un torrent impétueux métamorphosé en une onde limpide. Intrigué, le futur devin allait se pencher vers son père quand le berger le retint par l’épaule.
    — Surtout ne t’approche pas. C’est quand la voix change que les âmes vont parler. Et si par malheur tu les entends, tu les entendras toute ta vie.
    Le berger se signa.
    — Pour cette nuit, ton père n’est plus là. Une âme errante a pris sa place. Et si par malheur, tu l’écoutes, si tu lui offres ton oreille, alors elle fera son nid dans sa chair.
    Instinctivement, les bergers s’étaient rapprochés du feu. Certains avaient les mains qui tremblaient.
    — Et mon père, il est où ?
    Le vieux gardien montra le ciel piqueté d’étoiles.
    — Il reviendra quand elles disparaîtront.
    Le futur devin contempla la nuit, incrédule.
    — Durant les treize nuits qui suivent

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