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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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 siècle. Il y a soixante-dix ans, les policiers français et les Allemands sont arrivés ici, un matin, et ils ont raflé les enfants de cette école pour les déporter en Pologne. C’étaient des bouts de chou comme ceux que vous avez vus. L’instituteur était persuadé que le Sacré-Cœur les protégerait. Il a aussi fini à Auschwitz.
    Assis sur une chaise, Antoine dévisagea le gardien.
    — Vous avez perdu beaucoup de gens de votre famille ?
    — Mon grand-père et mes deux tantes. Elles étaient élèves ici et n’ont pas pu s’échapper comme mon père. À l’époque, il n’y avait pas de caméras pour prévenir du danger. Quand le tueur de Toulouse a frappé, j’ai pensé à eux. Bon, revenons à nos affaires…
    L’homme pianota sur son clavier. Les bandes d’images défilaient à toute allure.
    — Vous avez de la chance. Les séquences sont effacées automatiquement tous les trois jours. À quelques heures près, c’était trop tard. J’enclenche à partir de quelle heure ?
    — 23 heures.
    — C’est parti.
    — Mazel tov, murmura Antoine.
    Il se rapprocha de l’écran. L’image était nette, on pouvait distinguer la portion de rue qui faisait face à l’école, avec en arrière-plan l’escalier qui montait vers la basilique et un large bout de jardin. Presque à l’endroit où les visiteurs avaient escaladé la grille. La rue était déserte, illuminée par deux réverbères.
    Le gardien joua avec sa souris, les images s’accélérèrent. Deux voitures passèrent à toute vitesse, puis un groupe de jeunes visiblement éméchés. Deux garçons d’une vingtaine d’années s’empoignèrent et tournèrent sur eux-mêmes, comme s’ils dansaient, puis disparurent de l’écran. De rares voitures filèrent, puis un car de police.
    00 h 45. La rue redevenait déserte. L’écran restait désespérément statique.
    Le gardien restait concentré :
    — Qui cherchez-vous ?
    — Un groupe de trois hommes. Des voleurs, qui n’aiment pas les serviteurs de Jésus.
    — Ils ont peut-être de bonnes raisons. Les adorateurs de votre Christ nous ont causé bien des soucis au fil des siècles. Vous avez vu ce qui se passe à Jérusalem, les chrétiens nous accusent d’avoir assassiné leur évêque. C’est n’importe quoi.
    Antoine grimaça.
    — Ça va pas recommencer ! D’abord, ce n’est pas mon Christ, je suis athée. Ensuite, si vous, les croyants des trois religions du Livre, compreniez une bonne fois pour toutes que vous adorez le même Dieu, on aurait moins d’emmerdements sur cette terre.
    Le gardien opina.
    — Pas faux, le problème, c’est que les emmerdements n’ont pas été distribués équitablement par le Seigneur. De ce côté-là, on a eu une plus grosse part que les autres. Je crois que…
    Il s’interrompit et pointa le doigt sur l’écran.
    — Là !
    01 h 57. Un break gris surgit à droite de l’image et s’arrêta devant la grille. Trois hommes en capuche et combinaison blanche en sortirent rapidement, comme dans les vieux films muets, et quittèrent le champ de la caméra sur la gauche. Marcas frappa la table du plat de la main.
    — On les a. Revenez en arrière.
    L’image défila en sens inverse puis se stabilisa.
    — On y est. Vous pouvez zoomer sur les visages ?
    — Bien sûr. C’est du matos japonais, dernier cri. On pourrait même voir la couleur des poils d’oreille s’ils veulent bien enlever leurs capuches.
    Les images défilèrent lentement. L’un d’entre eux sortit un grand sac de sport du coffre et le bascula sur ses épaules tandis que celui qui faisait office de chauffeur inspectait la rue de chaque côté, tout en gardant la tête légèrement baissée. Puis le trio s’éloigna vers la grille du jardin. Marcas s’impatientait.
    — Vous pouvez identifier la plaque ?
    — Vous rigolez ? Je ne suis pas comme votre Jésus, je ne fais pas de miracles. La caméra est située en face du trottoir.
    — Ce n’est pas mon Jésus, bordel ! On continue. Ils vont revenir à la voiture.
    Le gardien haussa les épaules et mit en accéléré. La rue redevenait déserte.
    — Allez plus vite.
    — OK, ne vous énervez pas.
    Les minutes du compteur horaire défilaient à toute vitesse.
    02 h 35. Un homme arriva dans le champ de la caméra et s’arrêta au niveau des escaliers. Le gardien ralentit de lui-même. L’inconnu tournait la tête dans toutes les directions pour voir si personne ne le voyait, enjamba la

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