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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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fallut à Alexandre qu’une fraction de seconde pour comprendre qu’il allait au-devant de graves ennuis.
    De très graves ennuis.
    Dame Elizabeth de Selkirk était de taille moyenne. Sa silhouette fine contrastait avec son expression déterminée qui dénotait un caractère bien trempé. Le soleil de cette fin d’après-midi accrochait des reflets d’or dans sa somptueuse chevelure. Et, tandis qu’elle regardait Alexandre s’approcher, une lueur singulière s’alluma dans ses grands yeux gris, qui évoquait... de l’espoir ? de la joie ?
    Quoi qu’il en soit, il en ressentit une espèce de pincement de culpabilité inhabituel et fort désagréable.
    À son côté, Lucas émit un sifflement assourdi avant de murmurer :
    — Diantre, c’est une vraie beauté ! Vous ne plaisantiez pas, messire Stephen, lorsque vous m’avez déclaré que la rumeur la disait fort belle.
    — Je ne plaisante jamais, rétorqua Stephen d’un ton rogue.
    — Sans doute, marmonna Alexandre, mais vous auriez pu être plus précis, j’aurais eu le temps de me préparer.
    Lucas ricana.
    — Te préparer à quoi ? Tu n’as jamais eu de problème avec les femmes, que je sache ! À moins que les inquisiteurs ne t’aient privé de tes attributs virils...
    — Ça suffit ! ordonna Stephen. Écoutez.
    Même sans l’avertissement de Stephen, Alexandre n’aurait pu ignorer les clameurs qui venaient de retentir à leur entrée dans la cour intérieure.
    Les gens qui s’étaient massés le long des murailles étaient si nombreux qu’on ne voyait plus la pierre. Et ils l’acclamaient – souhaitaient la bienvenue à leur seigneur, Robert Kincaid, comte de Marston, qui rentrait chez lui après des années de captivité.
    Il leva le bras en guise de salut et s’obligea à sourire, alors que son regard glissait sur la foule.
    « Aie l’air le plus naturel possible », s’enjoignit-il.
    Son regard passa sans s’arrêter sur les visages joyeux et remonta inexorablement vers le grand escalier au sommet duquel la sylphide en robe vert émeraude l’attendait.
    Leurs regards se verrouillèrent... et il sentit son sourire s’élargir spontanément.
    Il n’avait jamais eu le moindre mal à sourire en présence d’une jolie femme, mais cela n’expliquait en rien l’émotion qui lui serra la poitrine lorsqu’il vit son visage s’illuminer.
    C’était donc elle, Elizabeth de Selkirk, que son mari appelait « Beth », selon les renseignements fournis par les agents du comte d’Exford. Ces gens lui avaient communiqué quantité de détails sur la vie de Robert Kincaid, mais avaient omis de lui dire que sa femme était une vraie déesse.
    Certes, on la disait belle, avec une chevelure couleur de miel et un teint sans défaut, même s’il n’avait pas la pâleur prisée chez les Anglaises de la noblesse. La faute au sang écossais qui coulait dans ses veines, sans doute. Ces femmes nées sur la lande âpre et venteuse étaient de constitution robuste et, disait-on, préféraient aux travaux d’aiguille les activités de plein air. On prétendait même que certaines ne dédaignaient pas de manier l’épée de temps à autre.
    Alexandre n’avait pas réagi plus que cela, même s’il avait été secrètement intrigué. Il avait juste espéré que la fille serait facile à vivre en plus d’être agréable à regarder puisqu’ils devraient cohabiter durant les prochains mois et partager le même lit.
    Mais maintenant qu’il l’avait en face de lui...
    Il n’eut pas le temps de s’interroger plus avant sur leurs futures relations. Son hongre venait de s’immobiliser au pied de l’escalier. Les clameurs cessèrent peu à peu tandis qu’il mettait pied à terre, puis gravissait les marches. Il se sentait étrangement détaché de lui-même, comme s’il s’observait de loin.
    Il parvint au sommet de l’escalier, où Elizabeth l’accueillit, la main tendue, et garda son regard rivé au sien. Les secondes s’étiraient, on aurait dit qu’il vivait un rêve au ralenti. Il entendit le bruit sourd de sa propre respiration, sentit les battements de son cœur résonner dans sa cage thoracique tandis qu’une myriade d’émotions traversait le regard de la jeune femme. Elle avait des beaux yeux, nota-t-il. D’un gris très clair, inhabituel chez une blonde, mais l’association était saisissante.
    Sachant que c’était ce qu’on attendait de lui, il s’empara de sa main et s’inclina pour y déposer un baiser. Le

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