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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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s’esclaffa.
    — Vous avez décidément du caractère, madame.
    — En effet, et c’est une vertu qui nous a beaucoup servis, messire, quand vous étiez retenu en Angleterre et que Dunleavy a subi siège sur siège.
    Son expression s’adoucit. Il leva la main pour lui caresser le menton.
    — Vous avez raison, et je vous en suis reconnaissant. Défendre ce château n’a pas dû être chose facile. Vous l’avez fait avec succès et pour cela vous méritez mon respect et mon admiration.
    Résistant à l’envie de porter sa main à ses lèvres pour l’embrasser, Elizabeth se contenta de la presser brièvement.
    Elle s’était promis de maîtriser ses émotions, se rappela-t-elle.
    — N’importe quelle épouse aurait fait de même, assura-t-elle.
    — Peut-être. Et peut-être pas. Bien peu, je pense, auraient résisté si longtemps et combattu avec une telle ingéniosité. Mais revenons à ce qui nous amène ici, reprit-il d’un ton plus badin. L’heure est venue de voir si vous êtes suffisamment courageuse pour relever le défi que vous lance votre époux.
    — Comme je vous l’ai déjà dit, j’y consentirai quand je saurai en quoi consiste le prix.
    Elle le défiait du regard. Il fit entendre un rire plein de gaieté.
    — Fort bien, entêtée que vous êtes ! Je vais donc vous en dire plus, ou du moins vous mettre sur la voie grâce à un indice. Le vainqueur recevra ce soir certaines attentions fort agréables de la part de celui – ou de celle – qui aura perdu.
    Elizabeth écarquilla légèrement les yeux. Mais, déjà, l’excitation la gagnait.
    — J’imagine que vous ne voudrez pas m’en dire plus pour le moment ? hasarda-t-elle.
    — Je crains que non.
    — Mais si c’est moi qui perds, comment saurai-je ce que je dois faire pour vous ?
    — Vous trouverez bien, j’en suis sûr.
    Durant cet échange, Elizabeth avait eu toutes les peines du monde à ne pas rendre à Robert ses sourires. Elle se rendit compte tout à coup que, pour la première fois depuis longtemps, elle s’amusait. Elle se sentait bien, ni coupable, ni inquiète quant à ce qui allait suivre. Non, elle prenait simplement plaisir à la compagnie de son mari et à cette petite joute sensuelle à laquelle ils se livraient.
    — Fort bien, finit-elle par acquiescer avec un soupir exagéré. J’accepte de participer à ce jeu, quel qu’il soit. Néanmoins, j’attends de vous, messire, que vous preniez en considération mes aptitudes.
    — Je ne vous défierai pas à l’épée, si c’est ce que vous craignez, ma chère. Quand bien même vous maniez la dague avec brio, il serait injuste de vous affronter sur un tel terrain, car je ne me connais pas de rival en la matière.
    — Vous êtes, j’en suis certaine, un véritable dieu de la guerre, railla-t-elle.
    — Quelque chose comme ça, oui, opina-t-il en riant. Mais ce que j’ai en tête n’a rien de martial. Vous allez voir que j’ai effectivement pris vos capacités en compte, et même à mon détriment. Car nous allons maintenant nous affronter au jeu de la marelle.
    Elizabeth demeura interdite une seconde.
    — À la marelle ? Vraiment ?
    — Si cela vous convient.
    Cela lui convenait tout à fait. À vrai dire, Robert n’avait plus jamais accepté de jouer contre elle depuis que, trois semaines environ après leur mariage, elle l’avait battu à plates coutures, blessant son orgueil masculin dans la foulée.
    — Et puis-je savoir ce qui vous a fait revenir sur votre décision de ne plus jamais disputer une partie de marelle avec moi ? s’enquit-elle.
    — C’est peut-être d’avoir passé tant de temps derrière les barreaux, avec rien d’autre à faire que réfléchir et se souvenir. Je me rappelle que vous excelliez à ce jeu, madame... mais je crois pouvoir faire mieux.
    — Très bien. Je relève le défi !
    Elle riait, ravie.
    Il daigna enfin s’écarter et, d’un geste galant, lui fit signe de passer. Le frôlant au passage, elle se dirigea vers la table, son attention toute à la partie qui allait se dérouler. La marelle, c’était tout à fait dans ses cordes ! Que Robert se soit amélioré ou non, elle avait la ferme intention de le battre.
    De surcroît, se concentrer sur sa tactique de jeu l’aiderait à garder la tête froide vis-à-vis de ce mari qui se plaisait à la bouleverser.
    Elle alla chercher le plateau de bois, ainsi que la boîte qui contenait les jetons, puis lança par-dessus son épaule :
    — Eh bien, messire,

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