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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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êtes-vous prêt ?
     
    Elizabeth ne fut pas longue à découvrir qu’elle s’était trompée en croyant que le jeu la distrairait de ses pensées érotiques.
    Bien sûr, de son côté, Robert ne faisait rien pour l’y aider. Au contraire, il faisait manifestement tout ce qu’il pouvait pour la troubler. Pour commencer, il avait refusé de s’asseoir face à elle, comme il est d’usage dans ce genre de jeu. Il avait préféré déplacer sa chaise pour prendre place à côté d’elle. De temps en temps, sa cuisse frôlait la sienne, ou bien il effleurait de la main sa joue ou ses cheveux. Et à plusieurs reprises, alors qu’il se penchait pour lui murmurer un conseil, elle avait senti ses lèvres lui caresser la peau.
    Tout cela était fort perturbant. Pire, elle ne pouvait nier qu’elle trouvait ces attouchements fort agréables, voire... stimulants. Une sorte d’excitation délicieuse était en train de monter en elle. Elle avait l’impression que chaque centimètre carré de sa peau était devenu hypersensible. La tension était telle qu’elle était maintenant consciente de quantité de détails, comme le rythme de la respiration de Robert, par exemple.
    Seule consolation : en dépit de toutes ces tentatives destinées à détourner son attention du jeu, elle demeurait meilleure que lui.
    Il n’avait jamais été très doué à ce jeu, mais sa technique semblait avoir encore empiré. Souvent, il laissait passer des coups cruciaux qui lui auraient permis de lui prendre un jeton. Pourtant, chaque fois qu’elle pensait le coincer, il jouait un coup précis, comme par inadvertance, qui l’obligeait à ronger son frein encore un peu.
    La partie touchait à sa fin. Robert n’avait plus que trois jetons. Si elle parvenait à lui en prendre un, elle aurait gagné. Elle s’efforça d’afficher une expression indéchiffrable.
    Robert avait le choix entre quatre déplacements. Dans les trois premiers cas, elle lui confisquerait un jeton. Et étant donné la façon dont il jouait depuis le début de la partie, on pouvait affirmer que l’issue était proche et quasi certaine.
    Elle était sur le point de l’emporter.
    Robert fixait le plateau et se tapotait la lèvre supérieure du bout de l’index. Au bout d’un moment, il poussa un profond soupir et tourna la tête vers Elizabeth qui l’observait à la dérobée. Elle se hâta de baisser les yeux, de peur qu’il ne suive la direction de son regard et devine ce qu’il fallait jouer. Sa façon de la regarder fit cependant courir un petit frisson sur sa nuque.
    Il mijotait quelque chose, elle en était sûre.
    Soudain, il avança la main et déplaça le jeton suivant la quatrième possibilité qu’elle avait envisagée, capturant du même coup l’un des cinq jetons qui lui restaient.
    Elle ne put retenir un petit cri d’exaspération.
    — Vous ne pouvez avoir choisi seul de jouer ce coup ! s’exclama-t-elle.
    — Voyez-vous quelqu’un dans cette pièce qui aurait pu me le suggérer ? rétorqua-t-il, espiègle. Non, madame. Il n’y a ici que ce sablier pour surveiller notre partie.
    Elizabeth jeta un coup d’œil audit sablier, et constata que le sable s’était presque entièrement écoulé. D’ici quelques minutes, l’heure serait achevée.
    — Alors c’est que vous avez surpris mon regard, quand je fixais cet endroit précis du plateau, insista-t-elle.
    Se retenant visiblement de rire, il contra :
    — Mon jeu est basé sur la réflexion. Je vous avais dit que je m’étais amélioré en prison, non par la pratique, mais par la pensée. Et sachez que si je vous ai effectivement regardée à l’instant, ce n’était pas pour tenter de percer à jour votre prochaine attaque.
    — Moi qui croyais vous tenir, marmonna-t-elle, boudeuse malgré elle.
    Prenant une inspiration, elle tâcha de se concentrer. Si elle ne faisait pas très attention, Robert pouvait gagner la partie. Ce qui était inconcevable.
    Robert, la battre elle  ? À la marelle  ? Allons donc !
    Comme elle tendait la main pour jouer à son tour, il lui saisit le poignet. Elle lui jeta un regard irrité.
    — Attendez un instant... murmura-t-il.
    Il ne la regardait pas, mais fixait son bras, ou peut-être le plateau, elle n’aurait su le dire, puisque l’un se trouvait dans le prolongement de l’autre.
    — Quoi ? Qu’y a-t-il ?
    — En premier lieu, vous devriez y réfléchir à deux fois avant de jouer ce coup-ci.
    Elizabeth se rembrunit, étudia de nouveau le

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