Le templier déchu
en tant que châtelain, et...
Elle laissa sa phrase en suspens, mais l’étincelle dans ses yeux s’était transformée en une flamme si intense qu’Alexandre sentit le feu de la passion dérouler en lui sa spirale brûlante.
— ... pour ce qui est de ma dernière obligation, nous verrons une fois que vous serez lavé, conclut-elle avec un sourire lumineux.
Il eut l’impression que ce sourire le traversait de part en part, le propulsait dans les airs en même temps qu’il le catapultait au fond d’un gouffre sans fond. En réponse, il réussit à grimacer un faible sourire, Il savait déjà que si elle s’était mis en tête de lui faire l’amour, il serait incapable de lui résister. Car s’il était passé maître dans l’art du mensonge, la force du désir qu’il éprouvait pour elle était impossible à nier.
Un désir à la fois torturant et d’une douceur à pleurer, et qui menaçait sans cesse de déborder. Il avait envie de lui faire l’amour à toute heure de la journée, mais haïssait l’idée que cela n’était possible qu’à l’ombre de cette tromperie dans laquelle il baignait.
Qu’elle croie être avec un autre chaque fois qu’ils étaient ensemble le rongeait à petit feu.
Voilà pourquoi, suite à l’incident avec Lucas, il avait décidé de prendre le plus possible ses distances. Et il avait redoublé d’efforts afin de mener à bien sa maudite mission de manière à pouvoir quitter Dunleavy avant que cette femme, dont il aimait la compagnie – et qu’il en était venu à regarder avec admiration et respect – ne lui fasse perdre la raison.
Jamais il n’aurait avec elle plus que ce qu’il avait déjà, et même cela lui serait enlevé d’ici peu. De le savoir le rendait fou, et c’est pour cette raison qu’il devait garder ses distances tant physiquement qu’émotionnellement.
Pour ne pas lui révéler la lutte qui faisait rage en lui, il se détourna et entreprit de se dévêtir, sachant qu’il n’avait aucun moyen d’échapper à l’épreuve du bain sans se montrer grossier.
— L’eau est juste à bonne température, l’entendit-il annoncer dans son dos. Dépêchez-vous, messire, ou elle va refroidir.
Il ferma les yeux brièvement. Seigneur, cette fois il aurait besoin de toute sa volonté – et il n’en avait jamais eu beaucoup quand il s’agissait des plaisirs de la chair !
Le désir désormais familier qu’il ressentait pour Elizabeth commençait à monter en lui, et il dut faire un effort surhumain pour ne pas la rejoindre, la déshabiller et l’attirer dans le bain avec lui. Le souvenir de tous les instants intimes qu’ils avaient partagés était gravé dans sa mémoire : la vision de son corps souple et doux, de ces courbes affolantes, de sa peau crémeuse le transperçait, ébranlant sa résolution. Il fallait qu’il arrête... qu’il pense à autre chose, de préférence déplaisant, pour empêcher son esprit de s’aventurer vers ces chemins dangereux.
La transpiration. Les muscles endoloris. La douleur qui cisaille le corps quand on le pousse dans ses limites à l’entraînement.
La raison première de sa présence ici, à Dunleavy.
En ce moment même, Stephen avait rendez-vous avec Lucas dans les bois situés au sud du château afin de lui fournir des informations sur la forteresse.
Oui, de telles pensées devraient l’aider.
Uniquement vêtu de ses braies, il fit face à Elizabeth, et frémit intérieurement en constatant qu’elle l’étudiait avec attention.
— Je suis prêt, madame. Veillez à vous écarter du baquet, sinon votre robe risque d’être éclaboussée.
— Ne vous inquiétez pas, messire. Ce n’est qu’une vieille toilette qui se prête à ce genre d’amusements.
Évitant son regard, il s’approcha du baquet. Il avait l’intention de se tremper rapidement, de se laver plus rapidement encore, puis de quitter la chambre sans demander son reste. Mais avant même qu’il lève le pied pour enjamber le rebord du baquet, Elizabeth lui toucha le bras. Il se figea tandis qu’elle demandait en riant :
— N’avez-vous rien oublié, messire ? La coutume veut qu’on ôte tous ses vêtements pour prendre un bain.
Damnation.
Il avait espéré qu’elle ne remarquerait rien, ce qui était ridicule, la connaissant.
— Si j’ai préféré ne pas apparaître devant vous comme au jour de ma naissance, c’est pour ne pas offusquer votre pudeur, madame.
Elle sourit.
— Rien de ce que vous pourriez
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