Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
Vom Netzwerk:
main-forte aux servantes qui apportaient des linges propres, des pots d’onguents et des mixtures diverses à base d’herbes parfumées qu’Elizabeth avait elle-même concoctées. Ayant déposé une pile de linges près du baquet d’eau fumante, elle se tourna vers sa maîtresse.
    — Puis-je vous poser une question, madame ? demanda-t-elle.
    Elizabeth, qui s’était emparée d’un pot contenant un baume contre les courbatures, était en train d’en humer l’odeur. Elle renvoya les domestiques avant de répondre :
    — Bien sûr. De quoi s’agit-il, Annabelle ?
    La jeune suivante attendit que la porte se soit refermée, puis :
    — Il faut que je sache la vérité, madame. Maria et moi, nous n’étions pas d’accord, tout à l’heure. Je lui ai dit qu’elle se trompait forcément, pourtant, elle insistait et... Voilà, est-il vrai que lord Marston vous a battue à la marelle hier soir ?
    Dissimulant son amusement, Elizabeth feignit de s’intéresser aux divers pots et flacons posés près du baquet.
    — Oui, c’est vrai, reconnut-elle.
    — Et qu’est-ce donc que cela ? demanda encore Annabelle en désignant le baquet.
    — Une partie de sa récompense, répondit Elizabeth en faisant de son mieux pour ne pas laisser deviner à sa suivante ce qu’elle avait prévu pour après le bain. Lord Marston a chassé toute la matinée, et il aura besoin de se rafraîchir avant le banquet de ce soir. Il mérite que je m’occupe de lui, car il a vraiment beaucoup travaillé pour remporter cette victoire.
    — Certes, mais après un mois à enchaîner défaite sur défaite, son succès est plutôt soudain, vous ne trouvez pas ?
    — Eh bien, la vingt-sixième fois a été la bonne, semble-t-il, rétorqua Elizabeth sur un ton qui se voulait détaché.
    Annabelle eut un petit raclement de gorge ouvertement dubitatif, et Elizabeth commit l’erreur de tourner la tête. L’expression de la jeune fille lui arracha un éclat de rire.
    — Bon, très bien, j’avoue que je l’ai un peu aidé ! s’esclaffa-t-elle.
    — Un peu seulement ?
    — Peut-être même beaucoup, admit Elizabeth.
    Le visage de la jeune suivante s’illumina :
    — Je le savais ! Vous l’avez laissé gagner, n’est-ce pas, madame !
    — Possible... Encore qu’il a beaucoup progressé.
    — Et en quoi ai-je progressé, madame ? fit la voix de Robert.
    Elizabeth pivota vivement pour découvrir la grande silhouette de son mari s’encadrant sur le seuil. Leurs regards se croisèrent, et la chaleur qu’elle lut dans le sien lui gonfla le cœur. À son côté, Annabelle plongea dans une révérence.
    — Messire, murmura-t-elle.
    À travers l’écran de vapeur qui s’élevait du baquet, Alexandre dévisageait Elizabeth d’un regard pénétrant. Troublée, elle toussota, se demandant ce qu’il avait entendu de leur conversation.
    — Je disais juste à Annabelle que vous n’aviez pas votre pareil pour me surprendre... Comme vous l’avez fait dans le jardin d’agrément, il y a un mois, ou comme vous venez de le faire à l’instant, messire.
    L’air de rien, elle se déplaça pour masquer Annabelle – qui affichait une expression coupable – à la vue de son mari, et lui fit signe discrètement de sortir.
    — Si vous voulez bien m’excuser, messire, madame, murmura la jeune fille en s’emparant d’un seau vide. Je vais rapporter ceci à l’office, sinon Henri se fera gronder par le cuisinier.
    Puis elle s’éclipsa, laissant son maître et sa maîtresse en tête à tête.
    Elizabeth jeta un regard incertain à Robert, ne sachant trop comment il allait prendre ce petit intermède qu’elle avait préparé à son intention.
    Depuis le bannissement de messire Lucas, son mari s’activait beaucoup sur le domaine et ne s’accordait que peu de repos. Ils réussissaient tout de même à se voir une heure chaque jour, en privé, heure durant laquelle ils partageaient un repas, partaient cueillir des baies ou chasser au faucon, galopaient jusqu’aux confins du domaine, ou tout simplement demeuraient dans leur suite pour jouer à la marelle ou... faire l’amour.
    Pourtant, Robert demeurait préoccupé, comme si quelque chose le tracassait sans répit. Le fait qu’il ne s’épanche pas n’était certes pas une surprise. Il n’avait jamais été bavard. La seule fois où il lui avait véritablement ouvert son cœur, c’était dans le jardin d’agrément, quand il lui avait récité cette petite ballade pour la courtiser.

Weitere Kostenlose Bücher