Le templier déchu
faisait écho à la frustration lancinante qui l’étouffait !
Ce constat lui donna le courage de rompre le silence, d’un mot, un seul, qui l’invitait à poursuivre :
— Mais... ?
Elle tressaillit. Ses yeux s’embuèrent de larmes qu’elle tenta désespérément de refouler. En vain.
— Mais j’en suis incapable, avoua-t-elle dans un souffle qui ressemblait à un sanglot. Dieu me pardonne, Alexandre, je ne puis m’empêcher de vouloir demeurer auprès de vous !
Il ferma les yeux. Les paroles d’Elizabeth résonnaient en lui, l’emplissant d’un bonheur indescriptible, un bonheur comme il n’avait jamais connu.
Lentement, il se leva, se risqua à faire un pas dans sa direction... et la seconde d’après, elle se retrouva dans ses bras. Il la serra contre lui, l’étreignit, fit pleuvoir des baisers sur son front, ses paupières, ses joues humides de larmes.
— Doux Jésus, je vous aime, Elizabeth ! murmura-t-il d’une voix enrouée. Et je vous demande pardon... pardon pour tout le mal que je vous ai fait.
En cet instant, il sut que jamais il ne pourrait renoncer à elle.
— Êtes-vous sincère ? demanda-t-elle d’une voix étouffée.
Elle renifla et, comme elle rejetait la tête en arrière pour le regarder, il la trouva adorable avec ses cheveux ébouriffés, son nez rougi, et les larmes qui tremblaient au bord ses cils.
Jamais il n’avait vu beauté plus resplendissante.
— Oui, je le suis, assura-t-il en repoussant une mèche collée à sa joue. J’aurais dû vous avouer la vérité depuis longtemps, et m’en remettre à votre générosité et à votre compréhension. J’aurais dû savoir que vous feriez votre possible pour empêcher que Jean ne pâtisse de mes actions.
— Oui, vous auriez dû. J’étais tellement en colère, malheureuse et déçue quand vous m’avez avoué votre trahison... Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris à quel dilemme vous aviez été confronté et ce que vous aviez dû ressentir.
Elle inclina la tête pour presser sa joue contre sa paume.
— À ma place, vous vous en seriez bien mieux sortie, j’en suis certain.
— N ’en croyez rien, Alexandre, fit-elle en posant vivement le bout des doigts sur ses lèvres. J’ignore quel choix j’aurais fait si je m’étais trouvée dans votre situation. Tout ce que je sais, c’est que ce qui s’est passé entre nous est réel et sincère, quel que soit le nom que vous portez.
— Si vous saviez comme je suis soulagé de vous l’entendre dire, chuchota-t-il. Cela étant, si vous préférez m’appeler gredin plutôt qu’Alexandre, je ne songerai pas à protester.
— Gredin ? Cela vous siérait.
L’ombre d’un sourire effleura ses lèvres, puis elle reprit son sérieux. Son regard plongea dans le sien, comme si elle cherchait à lire dans le tréfonds de son âme. Elle réfléchissait, visiblement. À quoi ? Il n’en avait pas la moindre idée.
Certes, elle l’avait volontiers laissé la prendre dans ses bras, mais elle n’avait pas répondu à sa déclaration d’amour. Évidemment, il ne pouvait l’en blâmer. Comment aurait-elle pu lui dire qu’elle l’aimait après ce qu’il avait fait ? Mais il craignait maintenant qu’elle ne soit en train de rassembler son courage pour le repousser de nouveau.
Le doute s’infiltrait en lui, s’immisçait jusque dans son cœur gonflé de bonheur.
— Elizabeth, qu’y a-t-il ? demanda-t-il avec douceur.
Ses grands yeux gris paraissaient encore plus lumineux que d’ordinaire, mais son expression était en train de se modifier lentement, passant du plus grand sérieux à quelque chose de plus espiègle, de plus taquin et d’un poil provocant. L’incertitude dont Alexandre était la proie laissa la place au désir lorsqu’elle murmura d’une voix basse et sensuelle où perçait une pointe de défi :
— Êtes-vous prêt à tout pour vous faire pardonner les souffrances que vous m’avez infligées, Alexandre ?
— Bien sûr, répondit-il.
Étonné par ce brusque changement d’attitude, il se demanda s’il ne se trompait pas sur son humeur et ses intentions... et espéra que non.
Elizabeth s’humecta les lèvres, et son sourire ainsi que les trois mots qu’elle prononça ensuite eurent raison de ses derniers doutes.
— Alors prouvez-le !
12
L’ordre d’Elizabeth raviva brutalement la flamme du désir chez Alexandre. Il n’en revenait pas. Même dans ses rêves les plus fous, il n’aurait jamais
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