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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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qu’une seule et même chair avec elle. Il voulait de nouveau sentir le parfum subtil de sa peau, la voir bouger, parler, la sentir vivante et chaude contre lui. Et surtout, il aurait voulu effacer la peine qu’il lui avait causée et qui ne cessait de le torturer.
    Mais, pour l’instant, il n’y avait rien qu’il puisse faire. Il ignorait dans quel état d’esprit elle se trouvait vis-à-vis de lui, ou seulement la raison de sa présence ici.
    — Je me demandais si vous seriez éveillé, murmura-t-elle enfin.
    Sa voix ne trahissait rien de ses sentiments. Il se décida donc à affronter la situation de la meilleure manière possible selon lui, c’est-à-dire avec franchise et une pointe d’humour noir.
    Il haussa les épaules et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire désabusé.
    — J’ai décidé de ne pas dormir. Cela m’est apparu comme une perte de temps stupide au cas où cette nuit serait la dernière.
    Les traits délicats d’Elizabeth se crispèrent fugitivement. Puis elle reprit son masque impavide et le toisa :
    — Vous ne serez pas exécuté, messire de Ashby.
    — Alexandre, corrigea-t-il, en s’efforçant de réprimer l’infime espoir que ces paroles avaient fait naître en lui.
    — Comme vous voudrez... Alexandre.
    Elle s’était empourprée sous son regard attentif. Se renversant contre le dossier de son siège, il murmura :
    — Je suis heureux de l’entendre.
    — D’entendre quoi ?
    Elle avait tressailli, l’air égaré.
    — Que vous avez décidé de ne pas m’exécuter, alors que je mérite amplement ce châtiment.
    Il laissa échapper un lent soupir, puis :
    — C’est un répit bienvenu, madame, je ne vais pas le nier.
    Elle parut embarrassée, ce qu’il trouva plutôt incongru. C’était quand même lui l’espion, le traître qui avait dupé tout le monde.
    — C’est pourquoi je suis venue vous le dire, reprit-elle après lui avoir jeté un regard hésitant. Étant donné la gravité de la faute dont vous vous êtes rendu coupable, j’ai pensé que vous vous inquiéteriez du sort qui vous serait réservé.
    Il hocha la tête. Elle ne voulait pas sa mort, c’était déjà un point positif. Ce qu’elle avait l’intention de faire de lui pouvait attendre, décida-t-il. Dans l’intervalle, il avait une question à lui poser, ne serait-ce que pour savoir s’il s’était sacrifié en vain.
    — Et Stephen ? s’enquit-il posément. A-t-il été arrêté, lui aussi ?
    La réponse d’Elizabeth le prit de court, tant elle était éloignée de ce à quoi il s’attendait.
    — Messire Stephen a été capturé avant qu’Aubert et les gardes viennent vous arrêter à votre tour.
    — Quoi ?
    Calme et froide face à sa stupeur, elle expliqua :
    — Tout comme moi, Aubert a suspecté dès le début que quelque chose n’allait pas. Nous avions eu vent d’une rumeur qui faisait état de votre... de la mort de mon époux, et vous êtes soudainement apparu. Contrairement à moi, cependant, les soupçons d’Aubert ne se sont pas apaisés avec le temps. Aussi, quand messire Stephen a quitté Dunleavy hier matin, Aubert a-t-il ordonné à trois de nos meilleurs soldats de le suivre discrètement.
    Elizabeth marqua une pause, avant d’ajouter :
    — J’ignore quel degré de complicité vous entreteniez avec les deux hommes qui sont venus d’Angleterre avec vous, messire. Aussi, je ne sais trop comment procéder pour vous dire le reste.
    — Complice, je l’étais, madame. Mais par contrainte et nécessité uniquement, et sûrement pas par inclination.
    — Dans ce cas, laissez-moi vous apprendre qu’une échauffourée a eu lieu dans la forêt lorsque les gardes ont voulu se saisir de messire Stephen, et que ce dernier a été tué.
    Ébranlé par cette nouvelle, Alexandre laissa échapper un juron. Stephen était certes un ennemi, et sa disparition ne le touchait pas particulièrement. Cependant, il devait reconnaître que, contrairement à Lucas, c’était un homme de conviction, fiable et raisonnable la plupart du temps.
    — Nous avons trouvé sur lui des documents relatifs au complot qui se trame contre les habitants de Dunleavy. Et avant de mourir, il a avoué que vous étiez impliqué dans l’affaire.
    De mieux en mieux, songea Alexandre.
    — C’est donc à la lumière de ces révélations qu’Aubert s’est permis de faire irruption dans notre chambre cette nuit, commenta-t-il à mi-voix.
    Si dérangeant que ce fût, tout apparaissait logique,

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