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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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naturellement pour essayer de l’impliquer dans ses combines tordues, et il est surtout ravi de le faire derrière mon dos.
    Tout en prétendant être ruiné – ce qui était loin d’être le cas –, mon cher papa avait persuadé Helena de me convaincre de passer par Tyr, et il lui avait confié une traite bancaire de deux cent mille sesterces à dépenser à sa guise. De toute évidence, il avait totalement confiance en son goût très sûr. En trente ans, il n’avait jamais jugé bon de me mettre une telle somme entre les mains.
    Bien entendu, nous avions également réalisé quelques investissements personnels. Seuls les derniers des idiots n’auraient pas profité de l’un des marchés les mieux approvisionnés de tout l’Empire romain, grâce à toutes les caravanes qui y convergent. En utilisant surtout l’argent d’Helena et en y ajoutant mes maigres économies, nous avions pu rapporter assez de ballots de soie pour habiller nos deux familles comme des danseuses de Parthes et en avoir beaucoup à revendre. Parce que l’ancien mari d’Helena importait du poivre, nous évitâmes ce condiment, mais il restait suffisamment d’autres épices à rapporter à la maison dans des barils odoriférants. Nous y avions ajouté de l’encens et d’autres parfums d’Arabie. Puis Helena Justina m’avait persuadé d’acheter de la verrerie pour papa Marcus Didius Favonius.
    Afin de m’amadouer, elle m’avait laissé marchander alors qu’elle se débrouillait pourtant fort bien. J’avais souvent vu les marchands transpirer quand ils étaient aux prises avec elle. Mais le choix des objets lui incombait. Elle s’y connaissait en flacons et autres verres, pichets, coupes, vases, fioles de parfum aux tons de rose délicat, de vert métallique, de bleu sulfureux. Et, en mon for intérieur, j’étais bien obligé de convenir que mon père savait ce qu’il faisait en la chargeant de ses intérêts. Les objets de verre étaient à la mode. Nous n’avions même pas hésité à acquérir des urnes funéraires.
    Toutefois, le transport ne fut pas une mince affaire. Tout au long du voyage, nous avions tremblé pour les fragiles marchandises. Heureusement, pour autant que je sache, aucun objet n’avait subi de dommage. Il ne me restait plus qu’à acheminer le tout jusqu’à Rome par voie fluviale. Et si je voulais demeurer le demi-dieu d’Helena, j’avais intérêt à ne pas me flanquer à l’eau avec les ballots de soie.
    Tous nos bagages personnels avaient déjà été emportés à Ostie à dos de mule. J’avais réservé de la place sur un chaland qui allait remonter le Tibre aujourd’hui même. Je ne pouvais m’empêcher de m’angoisser ; je ne souhaitais pas entendre jusqu’à la fin de mes jours que j’avais fracassé l’équivalent de deux cent mille pièces d’argent.
    En ami loyal, Petro se montrait compatissant à mon égard. Mais il n’était pas directement concerné. Il était déjà difficile pour moi de m’intéresser à un profit qui allait me passer sous le nez, pour que je puisse reprocher à Petronius Longus son indifférence polie. À la vérité, je tenais seulement à ne pas décevoir Helena Justina, très fière de ses achats.
    Nous n’avions pas encore de moyen de transport pour Ostie. Nous comptions emporter la verroterie par le canal, un idiot – moi – ayant décrété que c’était la meilleure solution. Or personne n’acceptait de nous louer une barque. Après plusieurs heures de palabres inutiles, Petro m’abandonna sur la jetée en me demandant de continuer mes efforts tandis qu’il se présenterait aux autorités du port auxquelles il indiquerait négligemment sa position officielle. Il espérait nous dégoter des rameurs sûrs de cette façon.
    Il fut absent tellement longtemps que je crus qu’il était allé manger sans moi. J’espérais qu’il aurait le bon goût de me rapporter un bout de pain rassis avec un morceau de fromage dur comme la pierre et un quart d’olive. Mais tel que je le connaissais, le gredin allait s’en retourner en sifflotant sans rien avouer. Je n’y pouvais rien. Maintenant que la cargaison de verre avait été déchargée du Providentia, j’étais bien obligé de la surveiller.
    Je commençais à trouver le temps très long. J’avais essayé de m’asseoir sur une borne de pierre, mais elles ne sont pas conçues pour un postérieur. Je soulageais donc ma tension en égrenant contre mon père des jurons en réponse aux cris

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