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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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me lança un cordage tandis que Fusculus me dit en hochant la tête :
    — C’est courant ici, ce genre d’arnaque. Ils volent un bateau et longent les quais à la recherche d’un pigeon qui reste avec sa cargaison sur les bras. Heureusement, nos deux rameurs ont reconnu leur barcasse, qui appartient à un de leurs amis. Ils ont tout de suite compris qu’ils venaient de la barboter.
    Je lui tendis la main pour l’aider à sauter à terre.
    — Je suppose qu’un expert comme toi ne s’y serait pas laissé prendre, hein, Fusculus ?
    Ce fut Petro qui répondit. Son amitié pour moi l’empêchait de se moquer trop ouvertement.
    — En effet, Fusculus est devenu un expert sur le sujet, dit-il. Grâce à Balbinus, qui dirigeait un gang pratiquant la même combine le long des quais de l’Emporium.
    — Falco, ajouta Fusculus, tu serais surpris du nombre de voyageurs fatigués qui se laissent truander de cette façon.
    — Je ne suis pas surpris du tout, grognai-je.
    Les deux rameurs qui s’étaient lancés à la poursuite de Gaius et Phlosis revinrent bredouilles. Il ne nous restait plus qu’à transférer la moitié des caisses d’une barque dans l’autre, ce que nous fîmes en mouillant notre tunique. Petronius, Fusculus et moi-même ne quittâmes pas la précieuse cargaison des yeux jusqu’au transfert de la dernière caisse sur le chaland à Ostie. C’est seulement à ce moment-là que je pus enfin me détendre.
    Éreintés par toutes ces aventures, nous nous allongeâmes sur le pont pour profiter d’un beau soleil d’automne, tandis que notre lourde embarcation remontait lentement les eaux boueuses du Tibre en direction de Rome.

7
    Helena Justina ne m’avait pas entendu rentrer. Elle s’activait à attacher les branches rebelles de mon rosier grimpant qui luttait pour trouver de l’eau et de la nourriture sur l’étroit balcon de mon appartement du sixième étage. Pendant quelques instants, je restai immobile à la contempler sans qu’elle soupçonne ma présence.
    Helena était grande et brune, se tenait très droite et avait un air sérieux. Dans cinq jours, elle fêterait ses vingt-cinq ans. Lorsque je l’avais rencontrée, j’avais découvert que son ancienne vie fastueuse de femme mariée à un sénateur jeune et riche, mais indifférent, l’avait laissée amère et repliée sur elle-même. À l’époque, elle venait juste de divorcer et ne mettait pas de gants pour signifier clairement à quiconque se mettait en travers de son chemin qu’il en serait écarté à coups de pied si nécessaire. Il ne faut surtout pas me demander pour l’instant comment je parvins à résoudre ce problème – mais je suis certain de bien m’amuser quand je jugerai le moment venu d’écrire mes mémoires.
    Il était surprenant qu’avoir survécu à deux ans d’une vie de scandales et de misère à mes côtés ait tant ramolli sa carapace. Peut-être à cause de l’amour dont je l’entourais. Je la vis soudain suspendre son geste pour porter à sa bouche un doigt qu’elle venait d’égratigner avec une épine. Elle laissa courir au loin son regard perdu dans le vague, visiblement inconsciente de ses propres pensées.
    Je n’avais toujours pas bougé ni émis un son, pourtant elle se retourna soudain vers moi en s’exclamant :
    — Marcus !
    Nous nous serrâmes impulsivement l’un contre l’autre, et j’enfouis mon nez dans son cou si délicat en laissant échapper un soupir de gratitude pour la façon dont son beau visage s’était éclairé de plaisir en découvrant ma présence.
    En même temps, j’éprouvais quelque inquiétude à la pensée que n’importe qui pouvait surgir ainsi dans son dos sans qu’elle l’entende. J’allais installer une clochette à la porte le plus vite possible. Nous vivions dans un quartier où il y avait davantage de voyous que d’honnêtes gens.
    L’idéal eût été de pouvoir déménager.
     
    Helena paraissait fatiguée. Le long voyage que nous venions d’accomplir nous avait vidés de toute énergie. En traversant mon appartement, j’avais constaté qu’elle avait profité de mon absence pour déballer nos affaires et mettre de l’ordre. Peut-être ma mère et une de mes sœurs étaient-elles passées dans l’intention de lui donner un coup de main ; mais nul doute qu’Helena, qui ne souhaitait pas les voir s’agiter en vain autour d’elle, les avait renvoyées poliment après leur avoir offert une tasse de thé à la cannelle et

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