Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
Vom Netzwerk:
à la main et à cheval de l’abbaye de Sainte-Geneviève où il entre un chapelet à la main 10  ».
    En attendant, le duc d’Orléans essaie de réaliser cette union qui ferait la joie des deux jeunes gens fort amoureux l’un de l’autre. Témoignant une affection toute paternelle au duc deChartres,Louis XV l’a laissé folâtrer avecsa fille. Au début de l’été, on parlait même d’installer le futur ménage au Luxembourg après son mariage, mais lecardinal s’est opposé à cette union par haine de la maison d’Orléans. Il a fait miroiter au roi que la princesse pourrait épouser l’empereur, lorsque l’impératrice mourrait ! Louis XV se rendit à ses vues. Pressé de se retirer du monde, le duc d’Orléans veut marier son fils le plus tôt possible. Les atermoiements deLouis XV l’agacent. Il songe désormais à lui donner pour épouse une princesse de Bavière. Bouleversé par la nouvelle, le duc de Chartres voulut parler à Fleury. « Monsieur, lui dit-il, il y a un autre établissement ici qui ferait tous mes vœux et mes désirs. » Embarrassé, le cardinal rougit, resta quelques minutes sans répondre et feignant l’étonnement lui demanda : « Monseigneur, de quoi voulez-vous parler ? » Le prince reprit avec hauteur : « Monsieur, ce n’est pas répondre, c’est m’entendre. » « Mais Monseigneur, répondit le prélat, j’en ai parlé à M. le duc d’Orléans et le roi s’en est occupé. » Louis-Philippe voulut entendre le roi lui-même. Il se rapprocha de lui à la chasse : « Sire, lui dit-il tout bas, de cheval à cheval, j’avais eu une grande espérance, V.M. ne l’avait pas ôtée à mon père, c’était de trouver en V.M. un père aussi bien qu’un maître. Je contribuais au bonheur de Madame Henriette qui serait restée en France avec S.M. M’est-il permis encore d’espérer 11  ? » Le roi se pencha vers Louis-Philippe et lui serra la main tristement par deux fois, signifiant ainsi son refus. Le malheureux garçon s’éloigna, suffoqué par la douleur. La princesse est au désespoir, elle aussi. Le duc d’Orléans, très mortifié, pense emmener son fils voyager en Allemagne et en Italie.
    Lecardinal continue d’exercer son influence sur le monarque. Seule la vie intime du souverain lui échappe. Il ne s’avise plus de lui faire la morale.Louis XV se plaît toujours autant avec les sœursNesle. Il laisse le duc deRichelieu faire la cour à Mme deFlavacourt, la plus belle des quatre sœurs, et il envie le duc d’Agenois, l’amant de Mme deLa Tournelle. Le roi la trouve parfaitement à son goût, mais pour l’heure, il couche avec les deux aînées, Mme de Mailly et Mme de Vintimille. Cette dernière est enceinte. « Je ne sais qui a pu faire cet enfant, ce n’est certainement pas moi, clame lemarquis, son époux ; c’est ou le roi, ou le duc d’Ayen, ouForcalquier, ou mon laquais Saint-Jean qui l’a prise pour mon c… 12  » D’ici quelques mois, on en saura davantage.

    Nuages sur le mont Pagnote
    À Fontainebleau, la Cour est très excitée par les affaires européennes qui prennent un tour nouveau. Un conflit entre l’Espagne et l’Angleterre a ranimé l’espoir des foudres de guerre, la France ne pouvant rester longtemps neutre dans cette affaire. Il s’agit de rivalités coloniales aux Indes occidentales. Tout a commencé par la déclaration de guerre de l’Angleterre à l’Espagne le 19 octobre 1739.Philippe V a aussitôt tenté d’entraînerLouis XV à ses côtés sachant que la France et l’Angleterre alliées en Europe sont rivales outre-mer : les Antilles françaises font concurrence aux Antilles anglaises et le sucre français s’est imposé sur le marché européen ; en outre, la France a obtenu de nouvelles facilités commercialesen Orient, à Alep, à Smyrne, à Constantinople, au détriment des Anglais. La France, qui tient à conserver la Louisiane et le Canada, ne voudrait pas que les Anglais convoitent ces lointaines colonies. Jusqu’alors le roi etFleury sont restés dans un attentisme prudent. Cependant, au mois de juillet 1740, le cardinal avertit les Britanniques que la France se manifesterait si l’Angleterre intervenait dans les Indes occidentales. En attendant, le cardinal a envoyé deux escadres rejoindre la flotte espagnole, en principe pour protéger le commerce et éviter tout dérapage, mais on a vite compris qu’on n’en resterait pas là et que l’alliance avec

Weitere Kostenlose Bücher