Le temps des illusions
t. II, p. 283.
3 - La duchesse de Ventadour était partie installer Mesdames à Fontevrault.
4 - Lettre citée par le duc de Luynes, Mémoires , op. cit. , p. 281-282.
5 - Cf. supra , chap. vii , p. 150.
6 - Selon le dictionnaire de Trévoux : grande femme de basse condition et mal bâtie.
7 - Cf. d’Argenson , Journal , op. cit. , t. II, p. 392.
8 - Ibid ., p. 54.
9 - Ibid. , t. III, p. 195.
10 - Jean-Louis Soulavie, Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI , t. VI, Paris, p. 57.
11 - D’Argenson, Journal , op. cit. , t. III, p. 174.
12 - Ibid ., p. 286.
Chapitre XIII
« Le cardinal est mort, vive le roi »
Incertitudes
L’année 1741 commence bien mal à Paris : la capitale est sous les eaux. On n’a pas connu pareille inondation depuis 1711. Le port au blé n’est qu’un lac immense. L’eau engloutit les rues voisines où les bateaux entrent jusqu’aux escaliers des immeubles. Pas question de prendre des voitures rue de Seine et faubourg Saint-Germain : on circule en barque. On a fait sortir les habitants des maisons et des boutiques construites sur les ponts, la violence du fleuve risquant de tout engloutir. Seuls le Pont-Royal et le Pont-Neuf restent praticables, on monte la garde devant les autres afin que personne ne les traverse. Les habitants de l’île Notre-Dame ne sortent plus de chez eux. La rivière des Gobelins a déversé son trop-plein dans le faubourg Saint-Marcel. Partout des sinistrés déménagent leurs meubles tant bien que mal ; d’autres partent chercher des vivres ou vont à la messe au petit bonheur la chance. On ne peut plus secourir les malades. On a vu des prêtres porter les sacrements en barque, des archers monter par des échelles dans les étages pour descendre des corps sans vie. C’est une désolation générale. Et pourtant il y a toujours des gens qui ne pensent qu’à profiter de la misère des autres. Ainsi des bateliers exigent des prix exorbitants pour leurs services. Il a fallu taxer leurs courses. Heureusement, les réserves de blé sont suffisantes pour approvisionner la capitale.
Les jours se suivent et l’inondation ne diminue pas. La Ville a fait abattre de vieux bâtiments proches du Pont-Marie et sur le quai des Morfondus. Plusieurs maisons ont été détruites rue Saint-Dominique ainsi que devant le couvent de Bellechasse. Il y a eu des morts. Dans la plaine de Gonesse, tout est recouvert d’eau, même le moulin. La route qui mène à Versailles n’est pas épargnée. Devant l’ampleur de la catastrophe et la crainte de manquer de subsistances, le Parlement a rendu un arrêt interdisant de faire les gâteaux traditionnels pour la fête des Rois (!) ainsi qu’un règlement insensé concernant les pauvres : le Parlement ordonne à ceux qui viennent d’Île-de-France de sortir de Paris dans les six semaines à venir sous prétexte que la campagne manque de bras et qu’on se plaint du trop grand nombre de miséreux dans la ville. Étrange mesure en vérité. Comment ces gens vivant de la charité peuvent-ils sortir de la ville sans argent ? Où logeront-ils même s’ils retournent dans leur village natal ? Heureusement, les eaux commencent à se retirer.
À Versailles, rien ne change. Le roi s’étant pris d’intérêt pour la tapisserie, on a fait venir plusieurs métiers de Paris afin de satisfaire son nouveau caprice. Les conversations roulent sur la guerre qui semble de plus en plus probable.
Leroi de Prusse poursuit son avance en Silésie. Il prétend rentrer en possession de domaines dont la maison d’Autriche s’est emparé jadis, estimant plus simple de prendre ce qu’il juge lui appartenir au nom d’un droit contestable. Du coup, l’Électeur de Bavière rassemble des troupes pour attaquer la Bohême sur laquelle il prétend avoir des droits. Presque toute l’Europe est en armes, à l’exception de la France. Cependant un combat naval franco-anglais au large de Saint-Domingue laisse prévoir un conflit entre les deux États, d’autant que leroi d’Angleterre, également Électeur de Hanovre et allié de la Russie, a levé 25 000 hommes pour secourirMarie-Thérèse récemment couronnée reine de Hongrie. Pour l’heure, les Anglais se justifient en disant qu’ils avaient cru attaquer des navires espagnols.
Le retour du comte de Belle-Isle à Versailles cause un vif émoi. Promu diplomate par la volonté du roi, il a outrepassé ses ordres en signant un traité
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