Le temps des illusions
Londres pour tenter de renverser l’impopulaire dynastie de Hanovre. Ces nouvelles excitèrent le ministère français et il fut question d’envoyer une escadre seconder les entreprises du prétendant. Sur le front italien, les Français et les Espagnols (surnommés Gallispans) avaient pris Parme, Plaisance et le Milanais.
La conjoncture paraissait excellente pour la France. Le 13 octobre 1745, l’élection au trône impérial de François deLorraine, grand-duc de Toscane et époux de Marie-Thérèse deHabsbourg, reine de Hongrie, modifia soudain l’échiquier international, la plupart des souverains de l’Empire (ils sont plus de 300) se ralliant à lui comme à leur souverain légitime.Frédéric II mit fin aux hostilités avec l’Angleterre, laquelle lui garantissait la possession de la Silésie. Une paix générale pouvait être envisagée. Tous les belligérants étaient las de la guerre et on ne voyait guère d’issue à ce trop long conflit. C’est alors que dans un ultime sursaut,Marie-Thérèse tenta de récupérer la Silésie, mais son armée fut de nouveau battue par celle deFrédéric II. Sur ces entrefaites, elle proposa la paix àLouis XV moyennant une partie de la Flandre ainsi que Parme et Pavie pour donPhilippe, l’époux d’Élisabeth, fille aînée du roi de France, à condition que le souverain français reconnût l’empereur. Après mûre réflexion, le roi refusa l’offre de celle qu’on appelle désormais l’impératrice-reine : il redoutait des représailles anglaises, éventuellement un débarquement. Le 25 décembre 1745, la mort dans l’âme, Marie-Thérèse a signé le traité de Dresde avec Frédéric II confirmant la possession de la Silésie au roi de Prusse, lequel se retire du conflit. La guerre continue pour la France et sa faible alliée l’Espagne contre l’Autriche et l’Angleterre.
Pourtant, depuis plusieurs mois PhilibertOrry, le contrôleur général des Finances, prêchait pour la paix. Il se heurtait aux frèresPâris, créanciers de l’État, fournisseurs aux armées, qui avaient tout intérêt à la poursuite des opérations. La tension était telle depuis la dernière campagne que le ministre voulut démissionner. Louis XV le pria de rester en place, mais les relations avec les financiers s’envenimèrent. L’orage éclata à propos du prix du pain de munition queDuverney voulait vendre à 32 deniers la livre et que le contrôleur des Finances pouvait acheter 28 par d’autres intermédiaires. La discussion prit un tour si violent que Duverney déclara qu’il ne voudrait plus jamais travailler avec Orry et ce dernier résolut de se retirer. Cette décision accablaLouis XV, qui avait confiance en ce ministre gestionnaire des finances depuis 1730 et qui s’était toujours montré soucieux de ne pas dilapider les deniers de l’État.
À cette occasion, Mme dePompadour prit la défense des Pâris auprès du monarque, qui finit par accepter la démission d’Orry. Cependant, à la grande déception des financiers, le roi a nommé pour lui succéder non leur candidat, mais un homme intègre, l’intendant du Hainaut,Machault d’Arnouville, recommandé par Orry lui-même. Ce dernier quitte sa charge avec l’estime générale et le roi n’a jamais mis tant de formes pour accepter la démission d’un ministre. On attribue sans doute à tort ce départ à l’influence de la nouvelle favorite. Elle s’est contentée d’appuyer lesPâris, mais c’estOrry qui refusait de travailler plus longtemps avec eux.
Profitant du départ des troupes britanniques pour l’Angleterre, le maréchal deSaxe a surpris les Anglais par une campagne inattendue en plein hiver. Il a pris Bruxelles, capitale des Pays-Bas, le 20 février 1746. Cette brillante victoire a valu au comte de Saxe un accueil plus que chaleureux à Paris et à Versailles. Le héros de Fontenoy et de Bruxelles a été couronné de lauriers à l’Opéra. À Versailles,Louis XV l’a embrassé. Il lui accorde le privilège des grandes entrées de sa chambre et la jouissance sa vie durant du château de Chambord qu’on remet en état à son intention. Mme dePompadour, à laquelle il fait une cour discrète, ne l’appelle plus que « mon maréchal ». Ces derniers événements ontconvaincu le roi de retourner en Flandre au mois de mai. Mme de Pompadour ne verra pas partir son amant sans quelque appréhension, mais sa santé délicate, malgré son jeune âge, souffrirait sans doute de
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