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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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guère. Il n’aimait pas la « vieille guenipe », l’âme damnée des dernières années du feu roi, mais il s’abstint de toute déclaration fâcheuse et laissa samère exprimer ses éternels ressentiments contre l’épouse secrète duRoi-Soleil qui n’avait pu supporter la disgrâce de son cher duc duMaine. Elle ne fut pas beaucoup pleurée.
    La duchesse deBerry donnait de sérieuses inquiétudes. Sa gloutonnerie ne connaissait plus de limites. Elle se mettait à table àhuit heures du soir et s’empiffrait jusqu’à trois heures du matin. Au mois d’avril, la fièvre la prit et elle souffrit de vapeurs. Le dimanche des Rameaux, une crise d’apoplexie faillit la terrasser. Le cardinal deNoailles courut lui porter les sacrements, mais elle surmonta la crise. Un Te Deum célébra sa guérison et le lundi de Pâques, on tira un feu d’artifice au Palais-Royal en signe de réjouissance. La princesse fit alors le vœu de s’habiller en blanc pendant six mois ainsi que ses gens. Elle commanda un carrosse d’argent et des harnais également d’argent pour ses chevaux. Au grand scandale de sa grand-mère, laduchesse d’Orléans douairière, elle épousa secrètementRiom, son vilain amant.
    Ce ne fut qu’un répit. Tenaillée par des douleurs d’estomac et des accès de goutte, elle s’installa à La Muette pour prendre les eaux de Passy réputées pour leurs bienfaits, mais elle n’en ressentit aucun soulagement. Bientôt la fièvre ne la quitta plus. On lui donnait de l’émétique pour la faire vomir et elle continuait d’engloutir tout ce qu’elle pouvait trouver. Le 15 juillet, elle se trouva si mal qu’elle demanda à se confesser et à communier. Elle dit qu’elle mourrait sans regret puisqu’elle était réconciliée avec Dieu et que si sa vie se prolongeait, elle pourrait bien l’offenser de nouveau. Pendant la nuit du 16 au 17 juillet, elle succomba dans son sommeil ; son père et sa mère étaient à ses côtés ; elle avait tout juste vingt-cinq ans.
    On conduisit en secret à Saint-Denis la dépouille de cette malheureuse princesse qui avait reçu tous les sacrements. Cependant, les prêtres furent tellement embarrassés pour préparer son oraison funèbre qu’ils jugèrent à propos de n’en pas faire du tout. Le duc deSaint-Simon, dont l’épouse était sa dame d’honneur, s’en chargea : elle était, dit-il, « un prodige d’esprit, d’orgueil, d’ingratitude, de folie, de débauche et d’entêtement ».
    Rien ne pouvait accabler davantage M. leRégent que la mort de sa fille chérie. Il en perdit le sommeil ; sa mère le trouva dans un état « tel qu’il aurait attendri un rocher ». Il ne mit pourtant aucun frein à ses folies et se rendait parfois jusqu’à Asnières chez Mme deParabère, sa maîtresse préférée qui le trompait avec son capitaine des Suisses. Sa tristesse aidant, il finit par céder aux instances de Mlle deValois et de Mlle deCharolais, qui voulaient la libération du duc deRichelieu. Mlle de Valois promit d’épouser le duc deModène qu’elle n’aimait pas et Mlle de Charolais, princesse du sang, n’hésita pas à crier haut et fort qu’elle éprouvait toujours la même passion pour le volageRichelieu : « Il n’a de maîtresses que pour me les sacrifier et pour me conter ce qui se passe entre eux », dit-elle en riant. Les vieilles dames se demandent quel est le secret de ce garçon : toutes les jeunes filles courent après lui et aucune ne lui oppose la moindre résistance. Il est indiscret, bavard et se vante de ses conquêtes. Il a déclaré que si une impératrice belle comme un ange voulait coucher avec lui et lui demandait de garder le secret de leur relation, « il aimerait mieux la planter là ».
    LeRégent, après avoir donné des ordres pour améliorer les conditions de détention du duc et de la duchesse duMaine, accorde leur libération. Le duc duMaine souhaitait se séparer de sa femme, mais celle-ci insista tant qu’il consentit à revenir à Sceaux, aux côtés de cette extravagante dont il ne partage pas les folies. La princesse essaie de reconstituer sa cour, mais les fidèles d’hier redoutent de se laisser entraîner dans son sulfureux sillage.

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