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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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promettait 3 000 livres « pour commencer la danse » et se disait prêt à leur envoyer deux bataillons, des armes, et un chef militaire. Ce message déchaîna l’enthousiasme des conjurés, qui renvoyèrent leur ambassadeur auprès du roi d’Espagne. Exaltés par ces promesses, ils s’imaginaient que l’Anjou, le Poitou, la Touraine, la Normandie, le Quercy, la Guyenne et le Languedoc étaient prêts à se soulever contre le Régent.
    Pendant que ces messieurs tenaient conseil dans le château du marquis de Pontcallec, autoproclamé colonel d’une armée virtuelle, et tiraient des plans sur la comète, la Bretagne faisait la grève de l’impôt. Des nouvelles émeutes éclataient et les conjurés s’en félicitaient. Une centaine de paysans armés montaient la garde autour de leur place forte. Dans la journée, à l’abri des murs médiévaux, ils buvaient allègrement, criaient qu’il fallait réclamer les états généraux, résister auRégent et fonder la république de Bretagne. À la tombée de la nuit, ils se réfugiaient dans la forêt sous des abris de feuillage, de peur d’être pris par les troupes royales qui patrouillaient dans la région, le gouverneur et l’intendant ayant évidemment appris l’existence du complot. Le 28 septembre, le régiment de Champagne partit pour investir la citadelle. Avertis à temps,Pontcallec et ses amis s’enfuirent à cheval tandis que les paysans rentraient chez eux. Lorsque les dragons du maréchal deVillars arrivèrent dans la forteresse, ils ne trouvèrent que Mlle de Pontcallec, la sœur du marquis. Pendant plusieurs semaines, ce dernier erra avec ses compagnons dans la lande bretonne, vivant de la charité de quelques châtelains. Sans perdre espoir, ils attendaient les Espagnols.
    Dans la nuit du 30 au 31 octobre, une frégate mouilla dans la rivière d’Auray, près de Locmariaquer. Quelques hommes débarquèrent, et se rendirent au manoir de Kergurioné, chez le sieur deSalarun, qui leur apprit qu’un tribunal spécial venait d’être créé à Nantes chargé de poursuivre les conjurés bretons. Pris de panique, les chefs du complot, à l’exception de Pontcallec, décidèrent de s’enfuir en Espagne. La frégate croisa quelques jours au large des côtes bretonnes avant de repartir pour l’Espagne, laissant un sac d’or et un énorme paquet de lettres. Le bruit courait qu’une flotte de sept vaisseaux appareillait vers la Bretagne. Aussitôt, le maréchal deMontesquiou se rendit à Vannes et prit les dispositions nécessaires pour refouler l’ennemi – qu’on ne devait jamais apercevoir.
    Malgré le danger qu’il courait, Pontcallec n’était pas décidé à rendre les armes. Ayant reçu l’or espagnol, il forma de nouvelles bandes de partisans sous le commandement d’une poignée de nobles résolus à en découdre avec le Régent honni. Ils eurent la folie de vouloir s’emparer de Carhaix, de Quimper, d’Hennebont et de Lorient pour favoriser le débarquement espagnol qu’ils espéraient. Comme on peut l’imaginer, l’expédition se solda par un échec. Le 1 er  janvier 1720, Pontcallec et ses derniers compagnons se rendirent au lieutenant du roi, au château de Nantes, qu’ils prièrent d’implorer la clémence du Régent en leur faveur. Mais le duc d’Orléans se laisserait-il fléchir par des traîtres 2  ?
    1 - Dangeau, Journal , t. XVII, p. 23.

    2 - Pontcallec fut exécuté le 4 mai 1720.

Chapitre IV
    Misère, excès et folie
    La dame du royaume
    Au bal de l’Opéra, pendant le dernier carnaval, M. leRégent fit une rencontre troublante. C’était une femme sans âge, vêtue d’oripeaux sales et déchirés. Il lui demanda avec insistance qui elle était. « Je suis la dame du royaume », répondit-elle. Le prince n’aime guère ce qui peut ressembler à un mauvais présage. Était-ce la représentation de la misère publique, ou bien celle de la mort ? Il frissonna et regagna ses appartements, comme si « la dame » lui avait jeté un sort. Le lendemain, il ne semblait plus y penser. Très occupé par les débuts de la guerre contre l’Espagne et par les affaires financières, il ne changea rien à ses habitudes. Ses excès de table lui occasionnent des troubles de plus en plus graves, mais il s’en soucie peu. Le 1 er  mars 1719, les médecins craignirent de le voir mourir des suites d’une énorme indigestion. L’annonce de la mort de Mme deMaintenon, le 15 avril 1719, ne le chagrina

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