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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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faut maintenant qu’il donne devant le Conseil de régence ce consentement qu’il a fallu lui arracher. Il n’est pas prêt à affronter tous ces visages. « Le roi va venir, je crois que nous ferions bien de le laisser », déclare M. de Fréjus. « Rien ne presse », répond légèrement le Régent avant de traverser l’antichambre au milieu d’une foule de courtisans aux aguets.
    En entrant dans le cabinet du Conseil, Philippe d’Orléans virevolte de l’un à l’autre, annonçant l’air radieux que le souverain ne va pas tarder. Quelques instants plus tard, il paraît, les yeux rouges et gonflés. Après un moment de silence, le Régent lui demande s’il veut bien faire part de son mariage au Conseil. Le roi répond par un oui sec à peine audible. Le Régent évoque alors l’importance de cette union appelée à resserrer les liens entre les deux branches des Bourbons et demande les avis des membres du Conseil, qui approuvent le projet. Le Régent achève son propos par l’annonce de la venue prochaine de l’infante. « Voilà donc, Sire, votre mariage approuvé et une grande et heureuse affaire faite », déclare-t-il en s’inclinant versLouis XV qui reste muet.
    À Paris, la vieille cour, qui a pourtant toujours soutenu l’Espagne, laisse maintenant exploser sa colère. Elle n’admet aucun des deux mariages. C’est à ses yeux une manœuvre du Régent pour faire desa fille une reine d’Espagne et elle attribue auduc d’Orléans « la criminelle espérance qu’en retardant la postérité 12  » du roi, il puisse mourir sans donner un héritier au trône. Il régnerait alors à sa place, soutenu par l’allié espagnol.
    À Madrid, au contraire, la nouvelle a suscité une explosion de joie. De part et d’autre on prépare les contrats.Philippe V a tenu à prévenir lui-même l’infante : « Je ne veux pas que vous appreniez par un autre que moi-même, ma très chère fille, que vous êtes reine de France », lui a-t-il solennellement déclaré. On prépare le voyage de l’infante-reine et celui de Mlle deMontpensier.

    Le roi n’aime pas sa petite infante
    Dès l’annonce des mariages espagnols, leduc de Saint-Simon a demandé auRégent de le nommer ambassadeur extraordinaire auprès de Philippe V, afin de signer le contrat de mariage du roi, ce privilège ne pouvant être dévolu qu’à un seigneur de haute naissance. Le prince lui a aussitôt accordé cet honneur. Le 23 octobre, M. de Saint-Simon est parti pour Madrid avec ses deux fils et une suite imposante. Mlle de Montpensier voyagera avec Mme deVentadour et la princesse deSoubise qui la remettront à sa suite espagnole et reviendront à Paris avec l’infante. Avant son départ, Mlle de Montpensier a fait en toute hâte sa première communion et reçu la confirmation. À son arrivée à Madrid, on célébrera son mariage avec leprince des Asturies.Madame, mère du Régent, qui n’a jamais perdu son franc-parler, trouve que sa petite-fille est plutôt jolie avec de beaux yeux, une peau fine et blanche, mais qu’elle est  insupportable, ayant été fort mal élevée. Personne ne la regrettera.
    Le 15 novembre, en présence du Régent, de son épouse, de tous les princes et princesses du sang, de l’ambassadeur ordinaire et de l’ambassadeur extraordinaire d’Espagne, le contrat de la future reine d’Espagne a été signé.Louis XV est allé la saluer au Palais-Royal et l’a conduite à l’Opéra où il a assisté au spectacle pour la première fois. Après un brillant souper aux Tuileries, il est revenu au Palais-Royal et il a ouvert le bal avec l’héroïne du jour. La fête s’est poursuivie jusqu’à six heures du matin. Le 27 novembre, la jouvencelle royale partit pour sa nouvelle vie sans verser une larme et sans un mot aimable pour sa famille.
    Pendant ce temps, leduc de Saint-Simon était arrivé à Madrid.Philippe V et son épouseÉlisabeth Farnese 13 le reçurent avec effusion. Il lui fut difficile de reconnaître le fringant duc d’Anjou 14 dans ce vieillard courbé, rapetissé, mal assuré sur des genoux cagneux et dont l’air niais le frappa désagréablement. Le couple royal lui présenta leprince des Asturies, plutôt joli garçon, et lapetite infante, qui lui parut « beaucoup au-dessus de ce qu’on en a écrit ». Elle dansa devant lui et la reine assura qu’elle apprenait le français et qu’elle oublierait bien vite l’espagnol. Dès lors, les cérémonies se

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