Le temps des illusions
assidue au roi et le met au courant des affaires de l’État. Il l’entretient dans l’idée du maintien de l’absolutisme qui lui semble le garant de la solidité de l’État. Il désire laisser au monarque un royaume soumis à sa volonté sur lequel ne pèsera aucune menace grave. Dubois est parfaitement conscient du discrédit qui frappe le Régent et, à cause de lui, le Palais-Royal et la capitale. Voilà qui risque de rejaillir sur son neveu. Il est temps de réinstaller le souverain dans le château de Versailles conçu parLouis XIV pour être le temple de la gloire monarchique. Loin des rumeurs de la capitale, il sera plus facile d’exercer son influence sur le roi et de l’éloigner de son gouverneur.
1 - Lettre XXIV.
2 - Lettre XCIX.
3 - Lettre LXXXVIII.
4 - Lettre LXXV.
5 - Lettre CVII.
6 - Lettre LV.
7 - Lettre LXXXII.
8 - Lettre CVI.
9 - Buvat, Journal de la Régence., Paris, 1865, t. II, p. 212-213.
10 - Le duc de Bourbon, prince de Condé.
11 - Barbier, Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763) ou Journal de Barbier , Paris, 1866, t. I, p. 114-115.
12 - Saint-Simon, Mémoires , t. XVIII, p. 225 (édition Chéruel).
13 - Élisabeth Farnese, intrigante et rusée, était la seconde épouse de Philippe V. Elle était la mère de l’infante Marie-Anne et de l’infant don Carlos, tandis que le prince des Asturies était né du premier mariage du roi avec Marie-Louise Gabrielle de Savoie.
14 - Le duc d’Anjou, second petit-fils de Louis XIV devenu roi d’Espagne en 1700, avait quitté la France alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il était le cadet du duc de Bourgogne, père de Louis XV, par conséquent l’infante et le roi étaient cousins germains.
15 - La remueuse aidait la nourrice du prince à changer ses langes et à le laver.
16 - Barbier, op. cit ., t. I, p. 191.
17 - Marais , op. cit., t. II, p. 272-274.
Chapitre VI
Vive le roi !
Retour à Versailles
« Mon oncle me fait aller à Saint-Cloud, à Vincennes. D’où vient qu’il ne me mène pas à Versailles, à Trianon, j’aime tant Trianon ? », a demandé le roi à son gouverneur. « Mon maître, dites-moi la vérité, cela vient-il de vous, quelqu’un vous le fait dire ? »
Lemaréchal de Villeroy, toujours jaloux de son autorité sur le monarque, s’inquiète. Il lui décrit Versailles comme un lieu dangereux pour sa santé en raison des travaux de canalisation qu’on y effectue. « Bagatelle, bagatelle », réplique le souverain de plus en plus agacé par la pusillanimité de son gouverneur. Il a demandé aumarquis de Calvière de lui acheter chez les marchands du Pont-Neuf toutes les estampes du château et de ses transformations récentes qu’il trouverait. On ne sait pas ce qui a provoqué cette passion. Caprice ? Souvenir de son enfance dans l’ombre du superbe aïeul ? Désir de changement ? La volonté de regagner la demeure royale dont rêvent tous les princes d’Europe et qui lui appartient à lui, Louis quinzième du nom ?
LeRégent fait grise mine maisDubois jubile. Il a mis en garde Philippe d’Orléans contre les imprudences que peut commettre un roi qui sera déclaré majeur dans quelques mois. Ne risque-t-il pas de vouloir jouer au maître et de désigner un Premier ministre qui évincerait son oncle ? Ce Premier ministre serait sûrement le duc de Villeroy, cette tête pleine de vent et de morgue, ce « personnagede carrousel dont le génie ne va pas au-delà de la fatuité », mais qui rêve de gouverner la France pour sauver son roi. Il a toujours agi comme s’il voulait le protéger contre les entreprises du Régent. On ignore les sottises qu’il a pu lui mettre dans la tête. À Versailles, l’isolement relatif de la Cour permettra de le soustraire plus facilement à son influence et de mieux le préparer à régner. LeRégent s’est rendu à ces arguments.
Dès le mois d’avril 1722, on a fait courir le bruit queLouis XV voulait retourner à Versailles. On laisse croire aux Parisiens qu’il s’agit là d’une simple fantaisie et qu’il reviendra passer l’hiver aux Tuileries. Certains voient dans ce départ une manœuvre susceptible de le rapprocher de la reine infante à laquelle il ne parle toujours pas. Le départ de S.M. est prévu pour le 15 juin et le sacre à Reims le 20 octobre. Depuis lors, les maîtres des cérémonies sont sur le qui-vive. Ils se réfèrent aux actes du sacre
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