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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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perdu ! Je suis perdu ! » Il n’y avait là queSaint-Simon ; le prince était à la garde-robe. Dubois y court. Le Régent l’écoute, sidéré par la violence des propos qu’il lui rapporte. En bégayant, Dubois met le prince en demeure de choisir entre lui et Villeroy. Le prince consulte Saint-Simon, qui prend d’emblée le parti de Dubois. Cependant, on ne peut pas renvoyer le gouverneur du roi comme on congédie un domestique. Vieux compagnon de Louis XIV, désigné par lui pour veiller sur son arrière-petit-fils, c’est un personnage trop important pour être exilé sans motif grave. Son altercation avec Dubois relève d’un simple différend avec un ministre. Bien décidé à se débarrasser du gouverneur, leRégent rassure le cardinal, lui dit qu’il doit avertirM. le Duc et qu’on trouvera une solution.
    Le lendemain M. le Duc déclara que si lemaréchal de Villeroy restait en place, « il n’y avait plus qu’à mettre la clé sous la porte ».Saint-Simon renchérit à dessein. S’attaquer à la politique de Dubois, « c’était l’épée tirée contre le Régent lui-même ». Autrement dit, vieille rengaine, à la majorité du roi, il deviendrait Premier ministre, rendrait au Parlement toute son autorité et bouleverserait la politique extérieure. Le Régent, M. le Duc, Saint-Simon,Le Blanc et Dubois préparèrent le piège qui devait perdre le gouverneur. L’exécution du plan fut fixée au 10 août.
    Le maréchal-duc de Villeroy semble avoir retrouvé son calme. Le Régent ne lui a fait aucune allusion à la scène qui l’a opposé à Dubois. La plupart des courtisans éprouvent de la compassion à son égard en raison du scandale familial qui l’a frappé. C’est un homme apparemment serein qui se tient auprès du roi lorsque le Régent vient travailler chez son neveu au retour de sa promenade, le 9 août. Le Régent s’entretient avecLouis XV des nominations et des distributions d’emplois auxquelles il procédera en donnant les raisons de ses choix. Ce travail effectué, le prince demande à Louis de bien vouloir passer avec lui dans un autre cabinet afin de lui parler en tête à tête. Le duc de Villeroy proteste aussitôt : sa fonction lui interdit de quitter le monarque. Le Régent lui répond avec douceur qu’étant dépositaire de l’autoritésouveraine, il y a désormais des sujets sur lesquels il doit s’entretenir sans témoin avec son maître. Le Régent ajoute qu’il regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt et que seule la déférence qu’il a pour la personne du gouverneur l’en a empêché.
    S’énervant et secouant sa perruque, le maréchal-duc insiste lourdement. Il ne souffrira pas que le Régent parle en particulier au roi parce qu’il doit entendre tout ce qui lui est dit et ne pas perdre de vue un seul instant S.M. Le Régent fixe alors M. de Villeroy d’un regard impérieux et lui dit qu’il s’oublie, qu’il devrait songer à qui il parle et que seule la présence du roi l’oblige à ne pas lui répondre comme il le mériterait et à poursuivre cet entretien. LeRégent fait une profonde révérence au roi resté muet. Marmonnant et gesticulant derrière le duc d’Orléans, legouverneur le raccompagne jusqu’à la porte tandis queM. de Fréjus rit tout bas dans sa barbe.
    Le duc de Villeroy se vanta auprès de ses amis de ce qu’il avait fait pour remplir son précieux devoir, ajoutant toutefois qu’il ne voulait pas que le prince pût croire qu’il lui avait manqué de respect. Il déclara qu’il irait le voir le lendemain matin.
    Le 10 août vers midi, le gouverneur fait une entrée théâtrale dans l’antichambre du Régent où attendent plusieurs courtisans. Il demande avec autorité ce que fait S.A.R. On lui répond que le prince travaille. Il élève le ton, dit qu’il doit absolument entrer et qu’il faut prévenir le prince sans tarder. Comme personne ne bouge, il s’avance pour ouvrir la porte du cabinet princier. À cet instant,La Fare, le capitaine des gardes du Régent, l’arrête et lui demande son épée. Le maréchal se met à crier, vacille sur ses jambes tandis que des gardes le poussent dans une chaise à porteurs tenue cachée. En un clin d’œil, il est emporté par l’une des portes-fenêtres sous la garde de La Fare et de D’Artagnan, suivis par une escouade de mousquetaires et de chevau-légers. L’étrange équipage traverse les jardins à toute allure, descend l’escalier de l’orangerie,

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