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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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appartements. Sous la « tutelle » de l’inévitable Mme de Prie, la reine commence à pénétrer le fascinant système aulique instauré par l’arrière-grand-père de son époux.

    Le triomphe deFleury
    Le roi découvre les plaisirs de l’amour en accomplissant son devoir, mais son jeune âge l’oblige à laisser le timon des affaires àM. le Duc, lui-même gouverné par sa maîtresse dont l’autorité s’affirme chaque jour davantage. Le prince et Mme de Prie rêvent de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. Aussi ont-ils l’intention de se débarrasser de Mgr de Fleury, qui reste le confident et le conseiller du monarque. Ils comptent bien que Marie servira leurs desseins. Le duc de Bourbon n’a pas de compétences pour diriger l’État ; depuis deux ans, il mène une politique impopulaire.Les frères Pâris, « le monstre à quatre têtes », ont imposé un dirigisme bureaucratique paralysant commerce intérieur et commerce extérieur. Les pluies diluviennes de l’été 1725 ont saccagé les récoltes. Le pain, nourriture de base des Français,vient parfois à manquer et son prix est toujours très élevé. Paris compte près de trente mille mendiants, mais on a jugé bon d’interdire la mendicité. Afin de renflouer les caisses de l’État,Pâris-Duverney a créé un nouvel impôt, le cinquantième, à prendre sur tous les biens du royaume. Tollé général aussi bien chez les parlementaires que dans le peuple. Les magistrats ont rédigé force remontrances qui ont été brisées par un lit de justice. Le roi, venu présider la séance, n’a pas été applaudi en traversant Paris. Plusieurs séditions ont éclaté. Le bruit courut que le lieutenant de police,M. d’Ombreval, défendait aux fermiers d’apporter des blés dans la capitale afin de faire vendre cher les grains emmagasinés par lesfrères Pâris et que les bénéfices se partageaient entreMme de Prie et ses amis. Ou encore que d’Ombreval proclamait qu’on devait nourrir les enfants pauvres simplement avec du chou.M. le Duc a renvoyé le lieutenant de police, on a acheté des blés à l’étranger, mais le feu couve encore sous la cendre.
    M. deFleury est seul à dire la vérité au roi. Fort habilement, il essaie de l’amener à renvoyer ce couple infernal qui prépare – il en est sûr – sa propre disgrâce.
    Le 18 décembre 1725, Mme de Prie dit à la reine que M. le Duc souhaitait parler tête à tête avec le roi et lui demanda si l’entrevue pouvait avoir lieu dans sa chambre afin d’éviter la présence de tiers.Marie ne put refuser cette faveur à ses bienfaiteurs. Elle envoya le marquis de Nangis, son chevalier d’honneur, prier le roi de la rejoindre chez elle lorsqu’il aurait fini de s’entretenir avec M. de Fleury.Louis XV arriva peu après chez sa femme où il eut la surprise de trouver M. le Duc. Marie voulut s’éclipser mais le prince la retint. Ce dernier commença par parler de quelques affaires sans grande importance. La conversation traînait en longueur. Le roi s’impatientait. Soudain, le duc de Bourbon se lança dans une acerbe critique de Fleury. Le roi ne dit mot. Le prince voulut savoir ce qu’il en pensait :
    « Rien, répliqua froidementLouis XV.
    – Votre Majesté ne donne-t-elle aucun ordre ?
    – Que les choses demeurent comme elles sont.
    – J’ai donc eu le malheur de déplaire à Votre Majesté !
    – Oui.
    – Votre Majesté n’a plus de bontés pour moi ?
    – Non.
    – M. deFréjus a seul la confiance de Votre Majesté ?
    – Oui. »
    Décontenancé par la froideur du roi, le duc de Bourbon tomba à ses genoux et le supplia de lui pardonner. « Je vous pardonne », répondit sèchementLouis XV, qui tourna les talons sans jeter un regard à sa femme éperdue.
    Pendant cette scène,Fleury, qui se doutait de quelque piège, était allé jusque chezla reine et avait demandé à entrer. Sur l’ordre duduc de Bourbon, la porte lui fut refusée. Subodorant quelque machination, il écrivit une lettre au roi le priant « de lui laisser finir ses jours dans la retraite et préparer son salut auprès des sulpiciens d’Issy », puisque ses services paraissaient désormais inutiles, et il partit aussitôt. Ayant regagné ses appartements,Louis XV fit demander M. de Fleury. Après avoir lu sa lettre, il se réfugia en pleurant dans sa garde-robe. Leduc de Mortemart n’hésita pas à rejoindre le monarque en ce lieu où personne jusqu’à

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