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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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ce jour ne l’avait dérangé ; Mortemart lui parla ; le roi l’écouta et donna l’ordre à M. de Fleury de revenir sans tarder à Versailles.
    Le lendemain de cette mémorable scène, le duc de Bourbon confus offrit sa démission au roi, qui la refusa et poussa même la ruse jusqu’à rassurer son cousin.Mme de Prie et son amant se crurent sauvés. Les jours suivants, le roi ignora le duc de Bourbon, qui se plaignit auprès de Marie. La reine se désolait non seulement parce que ses bienfaiteurs semblaient en disgrâce, mais surtout parce que son époux ne lui parlait plus. Elle n’osait pas s’expliquer avec lui. Dans sa détresse, elle se confia aumaréchal de Villars, qui la mit en garde contre toute tentative en faveur de M. le Duc auprès du roi. Elle ne devait jamais, lui dit-il, s’opposer à la volonté de son époux.
    Elle a ensuite voulu plaider la cause de M. le Duc auprès de Fleury, qui l’intimide pourtant beaucoup et n’a jamais manifesté à son égard qu’une déférence polie, craignant qu’elle puisse exercer quelque influence sur le roi. Elle s’est heurtée à sa froide indifférence. Elle a de nouveau demandé conseil au maréchal de Villars : « Je crois, madame, le cœur du roi bien éloigné de ce qu’on appelle amour, lui dit-il ; vous n’êtes pas de même à son égard ; mais croyez-moi, ne laissez pas trop éclater votre passion. Qu’on ne s’aperçoive pas que vous craignez de la diminution dansses sentiments, de peur que tant de beaux yeux qui le lorgnent continuellement ne mettent tout en jeu pour profiter de son changement. Au reste, il est plus heureux pour vous que le cœur du roi ne soit pas porté à la tendresse, parce qu’en cas de passion, la froideur naturelle est moins cruelle que l’infidélité 7  ».
    Marieessaie de faire bonne figure à la Cour où elle tient parfaitement son rang. La vie conjugale a repris, mais le roi n’est plus le même avec elle. Elle redoute des changements.M. de Fleury a convaincu son maître de renvoyerPâris-Duverney etMme de Prie. Sur les instances des deux amants, Marie est encore intervenue auprès de Fleury :
    « Quelle haine avez-vous donc contre eux pour insister si fort sur leur éloignement ?, lui demanda-t-elle.
    – Je ne leur en veux point, mais si je presse M. le Duc, ce n’est qu’à cause du tort qu’ils lui font.
    – Mais moi, j’avoue que la disgrâce de ces gens-là dont je suis très contente, me fera de la peine 8 . »
    M. de Fleury ne répondit pas à la reine. Elle poursuivit la conversation en lui avouant sa tristesse devant le changement du roi à son égard. « Ce n’est pas ma faute », répondit sèchement l’abbé. La reine pleura. Quelques jours plus tard, Pâris-Duverney fut enfermé à la Bastille et Mme de Prie dut rejoindre son époux dans son château de Courbépine. Tout le monde comprit que le règne de M. de Fleury avait commencé.

    Un cadavre chezMme de Tencin
    La rue Saint-Honoré est aujourd’hui l’artère la plus vivante et la plus élégante de la capitale. Elle commence dans le Marais et se poursuit jusqu’à la route qui mène à Versailles. Aux abords du Palais-Royal se sont installés les commerces de luxe qui présentent désormais leurs marchandises dans des vitrines. Les femmes s’attardent volontiers chez Dulac qui vend des mouches de toutes formes. Chez Crevon, elles respirent les senteurs qui viennent d’Italie. Non loin de là un autre parfumeur vend unepâte miracle qui empêche les dents de se gâter et des herbes aux vertus diverses… Il y a aussi plusieurs marchands d’étoffes précieuses, des gantiers, des confiseurs, et un vendeur de tabac à l’enseigne de « La Civette ». Plusieurs cafés se sont récemment ouverts où s’attablent des nobles, des écrivains, des artistes, des comédiens, des comédiennes dans un joyeux laisser-aller. On y boit, on y mange et on y devise sans fin.
    C’est dans cette rue, au couvent de la Conception, en face du couvent de l’Assomption, tout près de la place Vendôme, queMme de Tencin s’est installée en 1717, alors qu’elle était la maîtresse deDubois. Non qu’elle ait voulu retourner dans les ordres. Les couvents louent volontiers des appartements à des femmes seules qui vivent à l’abri de leurs murs dans la plus grande liberté. À cette époque, Dubois voyageait beaucoup et Alexandrine, qui ne lui avait pas juré fidélité, tomba amoureuse d’un beau chevalier

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