Le temps des illusions
princes ».
1 - Mémoire instructif pour Demoiselle Catherine Cadière contre le père Jean-Baptiste Girard , Aix, 1731, p. 36-37.
2 - Ibid .
3 - Ibid ., p. 40-41.
4 - Jean Bouhier (1773-1746), président au Parlement de Bourgogne, était membre de l’Académie française.
5 - Barbier, op. cit ., t. II, p. 203.
6 - Montesquieu, Correspondance inédite , éditée par René Pomeau, Paris, Armand Colin, 1982, p. 1-263, cité par J. Hellgouarc’h, L’Esprit de société, Cercles et salons parisiens au xviii e siècle , Paris, Garnier, 2000, p. 70.
7 - Ibid .
8 - Lettre du 28 septembre 1740 à son beau-frère, citée par Benedetta Craveri, Madame du Deffand et son monde , Paris, Seuil, 1986, p. 42.
Chapitre X
Passions
Le roi s’émancipe
Il y a longtemps que le roi n’est plus amoureux de la reine, mais il accomplit son devoir conjugal auquelMarie se soumet maintenant à regret. Elle ne ressemble plus à la fraîche Polonaise qui a fait découvrir de nouveaux plaisirs à l’adolescent impétueux. Fatiguée par des grossesses difficiles, elle manque d’entrain aux jeux de l’amour et fait tout ce qu’elle peut pour les éviter : elle laisse croire à son mari que ses périodes durent très longtemps ; lorsqu’il est dans son lit, enfouie sous une montagne d’édredons, elle se plaint qu’il sent le vin de Champagne et elle n’en finit pas de réciter ses prières… Une telle intimité est-elle supportable pour un homme de vingt-trois ans ? Dans les premiers temps de leur union, si l’on faisait remarquer au monarque la beauté d’une dame, il répondait invariablement que la reine était plus belle et détournait les yeux. Cette timidité à l’égard du beau sexe est révolue. Lors du voyage de Fontainebleau, en revenant de la chasse, il a remarqué Mme de Brou et Mme de Fieubet qui n’ont pas encore vingt ans et il en a parlé toute la soirée. Cependant il ne s’est pas déclaré.
Toute la Cour espère qu’il va prendre une maîtresse. Ses compagnons de chasse l’en pressent. Quelle est celle qui l’emportera ? Les paris sont ouverts, mais le roi toujours impassible déconcerte les courtisans les plus avertis. Une grande pudeur, beaucoup de religion, la crainte de Dieu ne contribuent guère à l’émanciper.Certains murmurent que la comtesse deToulouse lui aurait cédé. Pure calomnie. Mme de Toulouse est la tendre amie confidente. Mlle deCharolais s’est permis quelques privautés avec lui : on ne peut trouver meilleure initiatrice à l’érotisme. Le roi passe des soirées et parfois même la nuit dans son château de Madrid, à l’orée du bois de Boulogne, où l’atmosphère est légère comme nulle part ailleurs. Mlle deCharolais l’a convaincu de prendre une maîtresse, mais elle ne veut pas assumer ce rôle. Elle aliénerait une liberté à laquelle elle est trop attachée.
BachelieretLe Bel, les deux valets de chambre du roi, conduisent auprès de lui quelques frétillantes beautés qui repartent et qu’on ne revoie pas. Passades sans importance. Il n’y a pas de quoi jaser. Les femmes de la Cour se désespèrent. Comment peut-il rester insensible à tant de charmes ? Grand chasseur devant l’Éternel,Louis XV attend que ses rabatteurs lui apportent celle qu’il élira pour favorite. On imagine l’inquiétude deFleury. Si son maître s’éprend d’une intrigante dévorée par la passion du pouvoir, il n’aura plus qu’à finir ses jours dans sa modeste demeure d’Issy. Grave dilemme pour le cardinal. Non seulement il doit admettre l’adultère de celui qu’il a toujours mis en garde contre le péché de la chair, mais il lui faut aussi trouver la partenaire idéale pour contrevenir à la morale chrétienne et qui ne risque pas de bouleverser sa politique ! Afin d’éviter que les amis du roi ne choisisse pour lui quelque dangereuse créature, le pieux cardinal a désigné la favorite et chargé Le Bel et Bachelier d’assurer la mise en scène permettant à Louis de succomber.
C’estLouise Julie de Nesle, comtesse de Mailly, fille dumarquis de Nesle, de noblesse immémoriale, épouse séparée de Louis Alexandre deMailly. Elle ne compte pas parmi les plus belles femmes de la Cour. Son sourire aux dents éclatantes fait oublier un nez un peu trop long et son extrême élégance met en valeur un corps qui ne manque pas de grâce. Qualité essentielle aux yeux de Fleury, Mme de Mailly, dame du palais de la reine, ne se mêle pas
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