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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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rejoint leur maison pour recevoir les félicitations de Wulf, d'Agnes et des voisins, dont beaucoup étaient les patients de la jeune femme. Au début de l'après-midi, Kathryn avait revêtu une robe crème, avait voilé sa tête et son visage et s'était chaussée d'une paire de heuses vert foncé. Montée sur un palefroi, elle avait été conduite par Colum, à travers les rues de Cantorbéry, jusqu'à l'Echiquier de l'Espoir. Les invités suivaient en jetant des fleurs, en chantant et en glissant des petits présents dans les paniers fixés sur les flancs de sa monture. Tout le monde avait estimé que le festin avait été très réussi.
    On avait servi des crus - cadeau personnel du roi - provenant des caves royales de Windsor : le meilleur bordeaux, le plus frais des vins du Rhin, de la bière et de la godale. Un plat avait succédé à un autre : cygne, paon, faisan, bœuf, agneau - tous nappés de sauces différentes ; puis on avait dégusté des douceurs, du blanc-manger, des gelées et des tartes aux fruits couvertes de crème. Il y avait eu des discours, on avait échangé des compliments et écouté les poèmes des troubadours engagés par Colum. A la tombée de la nuit, les vraies réjouissances, avec musique et danse, avaient commencé sur la pelouse, dehors. Ensuite elle et Colum s'étaient retirés dans la chambre qu'ils avaient louée pour l'occasion dans l'auberge...
    Kathryn ouvrit les yeux et sourit à son mari.
    —
    Vous avez peut-être sommeil à présent, mon ardent Irlandais, mais ce n'était pas du tout le cas cette nuit.
    Colum l'attira, la prit par la taille et lui baisa les lèvres avec passion.
    Elle s'agrippa à lui et le serra plus fort. Même maintenant, se dit-elle, bien qu'ils soient loin de Cantorbéry, Colum sentait le cheval, la sueur et la paille. Elle rit doucement.
    —
    Qu'y a-t-il, lumière de mon cœur ? chuchota-t-il.

    —
    C'est, murmura-t-elle, que vous passez d'un extrême à l'autre : vous êtes soit endormi soit brûlant d'ardeur.
    —
    Nous devrions aller manger.
    Il s'écarta néanmoins sans lui lâcher la main.
    —
    Nous devrions nous rendre dans la grand-salle et nous mêler aux autres. Lord Henry nous attend.
    —
    Lord Henry nous attend ! répéta Kathryn sur le même ton.
    Quelqu'un a-t-il dit à Lord Henry, sans parler de Sa Majesté le roi, que je ne suis mariée que depuis quelques jours, que vous êtes l'amour de ma vie, et que nous devrions être quelque part, seuls, dans un nid d'amour que nous aurions tissé nous-mêmes ? Pourquoi, Colum, pourquoi sommes-nous ici ? Nous aurions pu rester à Cantorbéry ou aller ailleurs.
    Il voulut l'enlacer mais elle le repoussa.
    —
    Des nuits de passion, dit-elle, les larmes aux yeux. Colum, je n'ai jamais été aussi heureuse, et pourtant à présent nous sommes à Walmer et les émissaires français attendent pour traiter avec nous pendant que les cadavres de victimes de meurtre ont été apportés du village. Est-ce cela notre vie, Colum ? Pourchasser sans cesse les fils et les filles de Caïn ?
    Il mit un genou à terre, lui prit la main et y appuya sa joue.
    —
    Je jure, Kathryn, par la terre, la mer et l'air, par le feu, par l'eau, par la sainte Croix et par le bienheureux saint Patrick que, quand nous en aurons terminé à Walmer, nous irons dans un endroit où nul ne nous connaîtra. Nous serons seuls.

    Il se releva, la mena vers une banquette d'herbe et s'assit. Kathryn, apaisée, se délassa au soleil en dépit du vent qui agitait les feuilles sèches.
    —
    Bel endroit, commenta-t-elle. Mais les fleurs mourront bientôt, les feuilles tomberont. C'est la fin de l'été, Colum.
    —
    Mais le printemps ne tardera pas à revenir, contra-t-il, provocant.
    Écoutez, Kathryn, voilà pourquoi nous sommes ici. Louis XI, l'Aragne de France, a dépêché en Angleterre trois envoyés. Le vicomte Sanglier, que nous avons déjà rencontré, rampe comme un serpent dans l'herbe et s'est fait accompagner de deux autres vipères, Delacroix et Cavignac. Ces trois hommes sont proches du roi de France et connaissent les secrets de son cœur. Ils lui parlent à l'oreille à la
    Chambre intérieure. Ils sont responsables du trépas de quelques-uns de mes amis, des agents qui travaillaient en France. Nous sommes engagés dans un corps à corps mortel avec eux, comme dans une partie de colin- maillard où, les yeux bandés, il faut essayer de trouver et d'attraper l'adversaire. Par contre, cette fois, les deux parties sont

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