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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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redoutables qualités, elle flottait à la surface et le gamin l'a aussi puisée. Elias, dans sa l'orge, au milieu des odeurs de fumée, de charbon brûlant, de crin calciné, d'urine croupie et de fer ardent, ne pouvait détecter le goût avant qu'il soit trop tard. Assoiffé, il voulait se purifier l'estomac avant de souper. Un pichet d'eau, suivi d'un autre, et la mort s'ensuivit. La façon dont Maîtresse Isabella a trépassé est encore plus mystérieuse. Voilà une femme qui descend dans sa cave et en rapporte un tonnelet ou un tonneau de clairet scellé. Comme à l'accoutumée, il a été cacheté à Bordeaux, embarqué pour l'Angleterre et vendu à un marchand chez lequel, sans doute, Elias ou sa femme l'ont acheté. Il faudrait une éternité pour retrouver ledit marchand. Je ne crois pas que le tonneau ait déjà été empoisonné quand ils l'ont acquis, ce qui signifie que quelqu'un est entré chez eux, est descendu à la cave, a choisi un tonnelet, a rompu les sceaux pour l'ouvrir, a versé le poison mortel, refermé le tonneau et s'est glissé hors de la maison. Ce qui est encore plus étrange, c'est qu'il semble que le criminel savait que ce serait ce tonnelet-là qui serait mis en perce le soir même où Elias buvait l'eau empoisonnée.
    —
    Les deux meurtres étaient donc prémédités ? s'enquit Lord Henry.
    —
    C'est ce que l'évidence semble suggérer, répondit Kathryn. Quelle autre explication peut-on proposer, Lord Henry ? Nous avons affaire à un assassin fort adroit et fort intelligent qui a choisi ses deux victimes, Elias et Isabella, pour Dieu sait quelle raison, et a décidé de les occire ensemble. En fait, si Elias n'avait pas bu de cette eau, lui et son épouse auraient consommé de ce vin empoisonné. De toute façon, le meurtrier s'était arrangé pour que le mari et la femme périssent en même temps et au même endroit.
    —
    Mais pourquoi ? voulut savoir Lord Henry.
    Kathryn haussa les épaules.
    —
    Cela, Lord Henry, je ne peux l'expliquer !
    Et l'archange Michel apparut dans les deux, Armé d'une épée ardente il demanda : « Qui sera semblable à Dieu ? »
    Le père Clement entonna l'introït de la messe de la Saint-Michel dans la chapelle Saint-Fiacre. Kathryn, près de Colum Murtagh, s'empressa de se signer. On l'avait arrachée à sa couche nuptiale, et elle se sentait encore mal à l'aise et contrariée. Elle avait quitté le dépositoire et regagné sa chambre pour trouver Colum endormi, étalé sur le lit comme un bébé. Elle s'était vite déshabillée, avait fait sa toilette, revêtu une robe rouge foncé et un châle blanc et posé un voile de gaze sur ses cheveux aile-de-corbeau. Elle ne s'était pas fardée.
    Cela lui avait paru inapproprié et elle avait grommelé : « Les festivités sont terminées et la journée sera sans doute rude ! » Après avoir enfilé des bas de laine et glissé ses pieds dans de souples bottes de cuir, elle avait quitté la pièce et fait une courte promenade dans la cour à la fontaine qui séparait la chapelle de l'imposant corps de logis du manoir de Walmer. La cloche appelant à l'office avait commencé à sonner mais elle avait attendu que Colum, les yeux encore lourds de sommeil, la rejoigne. Sa mauvaise humeur se dissipant, elle regarda autour d'elle. Le spectacle de Colum qui, à moitié endormi, titubait encore, la fit sourire. La chapelle était un bijou de bâtiment de la même pierre couleur miel que le reste du château, avec une charpente noire et des rebords de bois sous les fenêtres à oriel de chaque côté. Il n'y avait pas de jubé devant l'autel, en revanche Lord Henry avait déjà engagé des imagiers pour couvrir le plâtre blanc des murs de fresques aux couleurs vives représentant sainte Agathe devant ses bourreaux romains et saint Sébastien, attaché à un poteau et criblé de flèches.
    Au-dessus de l'autel se déployait une petite rosace. Le soleil matinal scintillait sur son vitrail et baignait la pierre du sanctuaire de resplendissants rayons lumineux. On montait à l'autel, simple table de bois érigée sur une estrade, par trois marches. Derrière, d'autres marches menaient à un tabernacle où on gardait la pyxide et devant lequel brillait une lampe rouge, signe que cette chapelle abritait le corps du Christ.
    Le père Clement, dans les somptueux vêtements sacerdotaux dorés de la liturgie du jour, était tout à son office. Debout devant le lutrin en forme d'aigle prenant son envol, il faisait la

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