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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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d'arrêter ces traîtres qui osent vendre des renseignements aux autres princes.
    Sanglier claqua des lèvres.
    —
    Je suis affamé, Lord Henry. Nous sommes venus à votre requête.
    Nous espérions que la trêve donnerait naissance à un traité de paix qui fonderait une amitié éternelle entre les souverains d'Angleterre et de France. Et nous voici, par une agréable matinée de septembre, nous interrogeant sur un clerc anglais et un mystérieux livre de codes !
    Il repoussa sa chaire et, sans hâte, embrassa la pièce du regard, incluant Lord Henry, Kathryn et Colum.
    —
    Peut-être, quand les choses seront mieux organisées, pourrions-nous reprendre ces questions ? En attendant, Messire, nous ne passerons point notre temps à échanger des amabilités jusqu'au dîner.

    Les trois Français se levèrent et sortirent.
    Kathryn se rencogna dans sa chaire et contempla un vitrail. On y voyait Satan, en joueur de cornemuse, menant une légion d'âmes vers la sombre et caverneuse bouche de l'Enfer. Le chemin était bordé de flammes bondissantes et de démons dansant. Dans une autre scène, au-dessus, des anges conduisaient des processions de justes, vêtus de blanc et d'or, vers des tables chargées de nourriture et de boissons. Le banquet se tenait dans un vaste jardin verdoyant où le Christ et sa mère siégeaient sous une tonnelle.
    —
    Vous n'auriez pas dû, Maîtresse Kathryn, déclara Lord Henry en enlevant la main de son visage, vous n'auriez pas dû faire ça.
    —
    Vraiment ? répondit-elle sans éviter son regard. Messire, nous sommes ici pour cela. Les Français savent-ils quelque chose sur les allées et venues, le sort de William Marshall ? Ont-ils le livre des codes ? Si c'est le cas, cela soulève bien des difficultés pour vous et votre royal maître. Sinon, vous pouvez négocier à égalité.
    —
    Mais vous leur avez mis la puce à l'oreille !
    Lord Henry, affolé et apeuré, avait l'air d'un homme aux abois. Il tourna la tête mais Kathryn eut le temps, une seconde, de discerner un éclair de plaisir dans ses yeux. Jouait-il la comédie ? Était-ce la raison pour laquelle il ne cessait de se cacher la figure, de se frotter les joues et les paupières ? Kathryn avait vu un de ses patients se comporter de même pour se donner l'air anxieux, pour chasser le sang de ses joues et avoir les yeux cernés de rouge.

    — Eh bien ? questionna le seigneur en cillant, mal à l'aise sous l'impitoyable examen de son interlocutrice.
    —
    Nous n'avons point commis d'erreurs, Messire, déclara cette dernière. J'apprécie votre hospitalité mais je sais, tout comme vous, que le vicomte de Sanglier peut caracoler et tourbillonner comme un danseur autour d'un mai. Il nous faut découvrir la vérité. Vous devez aller de l'avant.
    Lord Henry se plongea à nouveau le visage dans les mains.
    — Je réfléchirai à ce que vous avez dit, Maîtresse Kathryn, annonça-t-il d'une voix qui sonnait creux.
    Il enleva ses mains et sourit.
    —
    Peut-être avez-vous raison. C'est une question que nous devons régler une fois pour toutes. Je reconnais, ajouta-t-il en hochant la tête, que je suis las. Ces empoisonnements, au village, m'ont fort troublé.
    Il rassembla ses documents, se leva, s'inclina et quitta la bibliothèque.
    Colum, se retournant, posa le doigt sur le bout du nez de son épouse.
    —
    Vous ne mâchez pas vos mots, Kathryn. Vous vous êtes montrée fort hardie et c'est votre intervention qui a mis une fin abrupte à cette réunion.
    Kathryn examina la belle salle avec ses ouvrages reliés de cuir, ses manuscrits empilés avec soin et attachés par des rubans rouges, bleus ou verts, ses alcôves pourvues d'encriers, de pierres ponces, de plumes, dans l'attente des érudits, le soleil qui passait à travers ses fenêtres, rehaussant les vives couleurs des vitraux.

    —
    En réalité nous ne sommes pas ici, murmura-t-elle. On dirait, Colum, que nous sommes allés sur la côte et que nous avons pris un bateau. Nous n'avons pas de voile et les avirons ont disparu : nous tournons et errons sur la mer, dans la brume. Je ne comprends rien à ce qui s'est passé. Mais venez.
    Ils sortirent dans la petite cour qui séparait la bibliothèque et la chapelle de la grand-salle du manoir. Après l'avoir traversée, ils poussèrent une barrière et se dirigèrent vers un banc de pierre installé près d'un jardinet planté autour d'un bassin avec une fontaine.
    L'air embaumait le parfum de maintes variétés de fleurs

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