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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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brassait elle-même la bière. Le pain était un peu rassis mais Kathryn se sustenta avec appétit tout en regardant les autres convives se remplir la panse. Colum et elle encadraient le père Clement, Amabilia était assise près d'elle et les autres invités s'étaient installés tout autour de la table. Ils dévorèrent comme s'ils mouraient de faim. Le sergent enfournait sa nourriture et relevait parfois la tête pour lui lancer des regards torves. Simon le bedeau buvait plus qu'il ne mangeait. Benedict et Ursula commencèrent par picorer comme à contrecœur puis finirent par se repaître en bavardant entre eux.
    Grand-mère Croul et le médecin gardèrent le silence pendant tout le repas. A la fin, Amabilia, aidée par Kathryn, desservit. Puis elle apporta une tarte aux poires et un doux vin blanc du Rhin. Ensuite Kathryn plongea ses doigts dans un bol d'eau et s'essuya les mains et les lèvres.
    —
    Je dois vous poser quelques questions, déclara- t-elle en reposant le linge et en soulevant le sac de cuir.
    Elle repoussa son bol et renversa le sac sur la table, sans tenir compte des exclamations de surprise. Colum se leva et prit le ceinturon qu'il boucla autour de sa taille. Il tira l'épée et la leva vers la lumière, ce qui plongea les paroissiens dans la consternation.
    —
    Voici ce que j'ai trouvé dans la chambre d'Elias, expliqua Kathryn.
    Pourquoi possédait-il une arme de cette valeur ? Pourquoi un forgeron détenait-il quelque chose qui a dû appartenir à l'un des principaux écuyers du Bâtard de Faucomberg ?
    —
    Vous le savez bien, répliqua Roger.

    La jeune femme l'avait estimé taciturne et plutôt sournois, mais à présent, la panse pleine de bière et de bonne chère, Roger semblait décidé à laisser libre cours à la contrariété qu'il éprouvait devant les événements.
    —
    Vous nous avez fait danser toute la matinée, Maîtresse Swinbrooke !
    —
    Que nenni ! rétorqua-t-elle d'une voix coupante. Trois personnes ont été vilement tuées !
    —
    Et qu'est-ce qui vous permet de croire que nous pourrions savoir quelque chose là-dessus ? dit Ursula.
    —
    Parce que vous êtes tous membres du conseil paroissial. Je suis certaine que vous avez constaté que les trois victimes l'étaient aussi.
    Vous faites autorité dans le village. Vous n'ignorez rien d'Elias, d'Isabella, ni d'Adam l'apothicaire. Au nom de votre allégeance à la Couronne, sans parler de votre loyauté envers Dieu, si vous avez des renseignements qui pourraient aider à résoudre ces mystères, vous êtes tenus de par la loi de les révéler. Je vais donc vous interroger. Je peux mettre en doute les réponses, mais j'aimerais les ouïr de votre bouche.
    Roger se leva à moitié en lançant, par-dessus la table, un regard furieux à Kathryn.
    — Alors je répondrai. La guerre est terminée depuis un an. Nous sommes des villageois, des gens de peu. Nous vaquons à nos affaires pendant que les puissants, bannières au vent, font la guerre et se disputent la Couronne, des biens, des terres et des domaines.

    Walmer était un bastion lancastrien, non parce que nous le voulions mais parce que les seigneurs en avaient ainsi décidé. Édouard d'York se vengea. Il détruisit la maison de Lancastre à Barnet et à Tewkesbury et tous les ennemis qui échappèrent à la mort ou à la captivité durent s'enfuir. Les trois qui parvinrent jusqu'ici représentaient un danger pour nous ; nous avons proclamé notre fidélité à la Couronne et les avons pourchassés.
    —
    Nous ? releva Murtagh.
    —
    Nous participions tous à la tuerie !
    — Pas moi ! cria grand-mère Croul.
    — Ni moi, intervint le père Clement d'un ton sec. Pas plus que ma sœur !
    — Asseyez-vous, physicien, ordonna Colum. Je connais les soldats, de même que les médecins. Avez- vous lu Chaucer ? « Personne de par le monde ne l'égalait. »
    — Vous vous intéressez aux contes ? s'enquit le prêtre.
    — Je trouve Chaucer amusant et instructif, expliqua Murtagh. Je connais maints de ses vers par cœur. Mais nous ne sommes point céans pour parler de poésie, n'est-ce pas, Maître physicien ? Que s'est-il passé quand ces trois lancastriens sont arrivés ici ?
    Le silence accueillit sa question.
    Kathryn désigna Benedict, qui lui faisait face.
    —
    Dites-moi ce qui est arrivé ce jour-là.
    — Comme l'a narré Roger - le tabellion se passa la langue sur les dents -, nous, petites gens, nous occupions de nos travaux habituels.

    Nous avions entendu

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