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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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officier de la Couronne.
    —
    Nous pensions, déclara Benedict, avoir occis trois félons.

    —
    Leur avez-vous laissé une chance de se rendre ? interrogea Kathryn. Chaucer ne dit-il pas que nos hommes de loi sont censés être bien renseignés ? Ignorez- vous la loi, Maître Benedict ?
    —
    Mon mari la connaît, rétorqua Ursula. Ces traîtres étaient armés.
    On les a tués et déshabillés. N'avez-vous jamais pillé un champ de bataille, Maître Murtagh ?
    Elle haussa les épaules.
    —
    Trois étrangers, ennemis de la Couronne, ont donc été frappés alors qu'ils tentaient d'échapper à la justice du roi. Quel rapport cela a-t-il avec le trépas d'Adam ou celui d'Elias ?
    —
    Peut-être aucun, répondit Kathryn, ou peut-être y en a-t-il un. Je veux en savoir davantage sur ce village. Lord Henry a reçu des domaines aux alentours et il est le seigneur du manoir.
    —
    En effet, il est le seigneur du manoir, railla le médecin. Nous connaissons tous le célèbre Lord Henry. Il possède viviers, pâturages, bois, terres arables, entre autres biens. Nous lui payons tous son dû.
    —
    C'est un bon maître, précisa, prudent, le tabellion. Oui, c'est un bon maître. Mais nous vous le redemandons : en quoi tout cela concerne-t-il les meurtres d'Adam, d'Elias et de sa femme ?
    —
    Je viens de vous expliquer que je veux en savoir autant que possible sur votre village. Donc ces trois lancastriens, ces félons comme vous les appelez, ont été tués et enterrés dans le coin des indigents. Que s'est-il passé depuis ? Y a-t-il eu quelque événement inattendu ?

    —
    « Mane, thecel, phares », murmura le père Clement. N'est-ce pas ce qui est écrit, ma sœur ?
    Amabilia, qui se trouvait dans la cuisine depuis le moment où Kathryn avait déversé le contenu du sac sur la table, revint et s'assit. Elle regarda la jeune femme et acquiesça.
    —
    A quoi faites-vous référence, mon père ?
    —
    Il y a un tableau dans l'église, expliqua le prêtre, qui montre le prophète Daniel à la fête d'un roi de Babylone. La main de Dieu apparaît et écrit cet avertissement sur le mur.
    —
    Et ? demanda Colum, qui prit place près de son épouse.
    —
    Ces mêmes mots ont été inscrits sur le sol au seuil de notre église.
    Le père Clement, furieux, se mordit les lèvres.
    —
    Il s'agissait donc de quelqu'un qui savait écrire ? s'enquit Kathryn.
    —
    Les lettres étaient malhabiles, intervint Benedict. N'importe qui aurait pu les copier. Dimanche dernier, quand nous sommes entrés dans l'église pour assister à la messe, nous avons découvert ces mots griffonnés par terre : nous ignorons par qui et pourquoi.
    —
    Cela a pu être fait à tout moment, soupira le prêtre.
    —
    J'avais fermé l'église juste avant minuit la veille, précisa Simon le bedeau, et je l'ai rouverte avant l'aube. La lumière y est mauvaise.
    Il hocha la tête.
    —
    Je ne l'aurais point remarqué. Vous savez bien qui c'était, mon père !
    Kathryn lança un coup d'œil au prêtre.

    — Le prêcheur, dit-il en cillant. On l'a vu à l'église samedi soir. Il ne cesse de citer les Évangiles mais, après tout, Satan en est aussi capable et le Diable peut apparaître sous la forme d'un ange de lumière.
    Le trouble du père Clement et de sa sœur était manifeste. Le pasteur était blême et Amabilia se tamponnait sans arrêt les yeux.
    — Il y a autre chose, n'est-ce pas, mon père ? insista Murtagh. Vous y avez fait allusion auparavant. Quelque chose que vous vouliez nous montrer...
    L'assistance fit écho à la question de Colum. Le prêtre se signa, se leva et quitta le réfectoire. Ses hôtes chuchotaient entre eux quand il revint en tenant un morceau de parchemin carré, sombre et graisseux. Il le tendit à Kathryn. Le vélin paraissait avoir été arraché à un volume et était déchiré d'un côté mais vierge à l'exception du texte rédigé à l'encre bleu foncé. L'écriture rappela à Kathryn celle du registre de l'apothicaire. Les mots étaient bien formés : « Qui nous débarrassera de ce fléau de prêtre ? »
    Dessous, Kathryn reconnut une citation erronée d'un des prophètes :
    « Je châtierai d'abord le troupeau, puis le berger. »
    — Je l'ai trouvé cloué à la porte du presbytère dimanche matin, murmura le père Clement. Cela explique pourquoi j'étais si courroucé quand j'ai prêché après l'office.
    —
    Qui ? Pourquoi ? questionna Kathryn.
    Le bedeau, l'air belliqueux, rompit le silence.

    — Je sais de

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