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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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ensemble.
    —
    Mais, mais... intervint le tabellion.
    Il remonta les manches de sa robe et, se moquant de Kathryn, se mit à imiter un avocat devant la cour face à une plaignante hésitante.
    —
    Mais c'est impossible, Maîtresse Swinbrooke. Comment le meurtrier pouvait-il deviner qu'Elias et Isabella boiraient, en même temps, une boisson empoisonnée ?
    —
    Si, c'est possible, maintint Kathryn. Tout le monde ici sait que, sa tâche achevée, Elias avalait toujours deux pichets d'eau claire puisée à son propre cuveau. Quant à son épouse, combien d'entre vous, en préparant un banquet ou une fête, ne dégusteraient pas une gorgée de vin ? Isabella ne l'a pas bu pour festoyer mais plutôt pour se calmer, pour reprendre des forces après le trépas de son mari. Mais admettons...
    Elle fixa le notaire.

    —
    ... pour le plaisir de la discussion, comme on dit dans les tribunaux, qu'Elias, ce soir-là, au lieu de prendre son eau ait rejoint sa femme à la cuisine. Le tonneau mis en perce, les coupes remplies, ils seraient quand même morts ensemble. La seule différence, c'est qu'alors ils auraient partagé le même poison. Leur vin était le meilleur bordeaux et provenait de Mauléon, aux frontières de la Gascogne.
    Isabella ou Elias ont-ils jamais fait allusion à une personne qui leur en aurait fait cadeau ?
    Le silence, à nouveau.
    —
    Quelqu'un sait-il d'où venait ce tonneau ?
    —
    La plupart d'entre nous achetons nos vins au Cygne d'argent ou au Sanglier bleu, observa Benedict. Bien sûr, certains s'en procurent sans acquitter la taxe.
    —
    Il pourrait donc s'agir d'un tonneau introduit en fraude ? suggéra Kathryn.
    —
    J'en doute, répondit grand-mère Croul. Depuis que les naufrageurs ont été pendus, il n'y a plus de contrebande dans les parages. Je le saurais : je dors peu et je me promène la nuit.
    —
    Comme les autres sorcières, murmura Roger.
    La vieille femme ne broncha pas.
    —
    Ce tonnelet a été donné à Isabella par quelqu'un qui voulait l'occire ainsi que son époux, dit-elle en claquant de la langue. Les villageois de la contrée ont grand-peur de Lord Henry et ne prendraient pas derechef le risque de frauder. Je le sais bien : mon second mari était l'un de ceux qu'a pendus ce fier seigneur.

    —
    Et il le méritait ! aboya Roger.
    —
    Inutile de maudire feu mon époux, fit remarquer grand-mère Croul. Que Dieu ait pitié de lui. Cœur et âme noirs, il a trouvé son juge. De bons et honnêtes marins ont péri à cause de lui. Je ne le pleure pas, alors pourquoi le feriez-vous ? Il n'y a point de contrebande, Maîtresse Swinbrooke ; Isabella a reçu cette barrique en cadeau.
    Kathryn parcourut la table des yeux.
    —
    L'un de vous détient-il un renseignement sur la mort d'Elias et de sa femme ? Si ce n'est pas le cas, venons-en à Adam l'apothicaire. Il avait épousé votre sœur, Maîtresse Ursula, n'est-ce pas ?
    — En effet.
    — Ce mariage était-il heureux ?
    Ursula fit une grimace.
    — Y a-t-il longtemps que votre sœur est décédée ?
    Ursula baissa les yeux sur la table.
    —
    Trois ans. O Domine miserere ! O Domine miserere !
    chuchota-t-elle en mettant sa main devant sa bouche.
    — Qu'y a-t-il ? questionna Kathryn.
    —
    Voilà trois ans, jour pour jour, que ma sœur Margaret est morte.
    Le 29 septembre, le jour de la Saint- Michel. Oh !
    Elle se leva à moitié mais son mari la fit rasseoir avec douceur.
    — De quoi a-t-elle péri ? s'enquit Kathryn.
    Elle ignora le sarcastique « De manque de souffle ! » que formula Roger à mi-voix.

    Benedict, lui, se pencha par-dessus la table et montra le poing au physicien.
    — Quand vous évoquez les morts, Messire...
    Roger fit un bruit grossier avec les lèvres et changea sa chope de main en soutenant le regard de Benedict de ses yeux larmoyants.
    —
    Pourquoi ne pas narrer à notre enquêteuse, murmura-t-il, comment a trépassé votre belle-sœur ?
    — De douleurs d'estomac, annonça Ursula.
    —
    Je l'ai soignée, déclara Roger. C'était une blessure interne, peut-être une tumeur ou un kyste ; je ne pouvais rien faire.
    —
    On n'y peut jamais rien, renchérit Benedict.
    —
    Elle est donc tombée malade au début de l'été. Combien de temps sa maladie a-t-elle duré ?
    —
    Quelques mois, répondit Ursula. Puis elle a eu la fièvre, s'empressa-t-elle d'ajouter. C'était incurable.
    —
    Que sous-entendez-vous ? Que sous-entendez vous, Maîtresse Swinbrooke ? interrogea le bedeau qui, ayant beaucoup bu,

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