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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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ses lèvres pour la baiser, nous devrions rentrer. J'ai besoin de me reposer et de réfléchir.
    —
    Ces Français ne me plaisent guère, remarqua Colum. Sanglier ressemble à un goupil mais a un caractère de fouine. Se pourrait-il qu'il ait quelque chose à voir avec les empoisonnements de Walmer ?
    —
    J'aimerais pouvoir l'affirmer, dit Kathryn en riant, mais les Français ont leurs propres noirs secrets et n'auraient cure des faits et gestes des villageois.
    Ils regagnèrent Mercery Lane et la grand-rue où les marchands achevaient leur labeur quotidien. Le sergent s'y trouvait avec sa troupe de baillis. Ils jetèrent des regards torves à Kathryn et Colum et s'abstinrent de les saluer.
    —
    Pensez-vous que Walter soit un homme violent ? interrogea Kathryn.
    —
    Je sais qu'il l'est, répondit Murtagh. J'ai souvent croisé des gens de son acabit dans des camps disséminés dans le royaume. Ce sont des brutes à qui on a donné une parcelle de pouvoir et l'occasion d'en savourer l'exercice.
    Ils traversèrent la place du marché qui se vidait à présent. Des mendiants geignaient en demandant l'aumône ; des enfants jouaient en attendant leurs parents. Kathryn aperçut le prêcheur installé sur les marches de la croix. Il leva les yeux à leur passage et esquissa une bénédiction. Kathryn lui adressa un signe de tête.
    —
    Voilà un homme qui doit répondre à quelques questions.
    Elle lâcha le bras de son mari et revint sur ses pas. Le prêcheur était assis, tête basse.
    — Messire ?
    L'homme se signa et leva derechef les yeux. Un chapelet était enroulé autour de ses doigts.
    —
    Je priais, déclara-t-il en la lorgnant du coin de l'œil. Je priais pour être éclairé.
    — Etes-vous né à Walmer ?
    —
    Je suis natif de toutes les villes, de tous les villages où il plaît à Dieu de m'envoyer.
    —
    Je vous ai posé une question, Messire. Etes-vous né à Walmer ?
    — Je vais et viens où le vent m'emporte.
    Il lança un regard rusé à Colum qui avait suivi son épouse.
    —
    Mais, pour vous répondre, je suis né dans le Sud- Ouest.
    — Et qu'est-ce qui vous a conduit à Walmer ?
    —
    J'œuvre pour Dieu. Me soupçonnez-vous de ces horribles empoisonnements ? Je vous assure que je suis innocent. J'ai quelques pennies pour acheter une miche de pain et un gobelet de vin coupé d'eau. Si vous me donnez quelque chose, peut-être serai-je mieux nourri ce soir.
    Kathryn plongea la main dans son escarcelle et en sortit une pièce d'argent.

    —
    Vous avez parlé avec l'une des victimes, n'est-ce pas ?
    —
    C'est vrai: l'apothicaire - mais uniquement de sujets spirituels.
    — Et vous vous intéressez à Benedict le tabellion ?
    — Parce qu'il est homme de loi, c'est tout.
    L'homme adressa un sourire à Kathryn.
    — Un prêcheur errant la craint toujours !
    —
    Pourquoi avez-vous demandé un morceau de parchemin à l'apothicaire ? On en a cloué un semblable qui proférait des menaces à l'encre noire, à la porte du presbytère dimanche dernier.
    Elle se pencha pour effleurer les doigts noircis et poussiéreux de son interlocuteur.
    —
    Et un autre avertissement a été griffonné sur le sol de l'église.
    Le prêcheur se leva. Il ne souriait plus.
    —
    Oui, Maîtresse, et j'ai dormi près de l'église, mais - il tendit les mains - si elles sont sales c'est parce que je ramasse du charbon pour le feu. Quant au bout de vélin, il m'a servi pour rédiger un sermon.
    — Où est-il à présent ?
    — Je l'ai brûlé par la suite.
    Il lança un coup d'œil furieux à Colum.
    —
    Je n'ai rien fait de mal. On n'a nulle preuve contre moi.
    Kathryn lui donna l'argent.
    —
    Grand merci, gente dame, dit-il en mordant dans la pièce. Je boirai à votre santé et prierai pour vous. J'ignore tout de ce village, de ses habitants et, bien sûr, de ses péchés. Si j'apprends quelque chose, je vous chercherai et vous en ferai part.

    Et, serrant son gourdin, il s'en fut.
    — Ce n'est point un prêcheur, Colum, murmura Kathryn.
    Quittant la place du marché, ils empruntèrent le chemin sinueux qui montait vers le manoir.
    —
    Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
    — Observez ses mains et ses poignets : ils sont couverts de cicatrices. Il manie l'épée, et le cal du quatrième doigt de la main droite montre qu'il a tiré plus d'une flèche. Je crois que c'est un soldat.
    — J'ai déjà rencontré ses pareils, renchérit Colum. Ils reçoivent un coup sur la tête, ont des visions et se tournent vers

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