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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Dieu.
    — Je ne pense pas qu'il se soit tourné vers Dieu, releva Kathryn. Il me semble qu'il prépare quelque méfait. Je ne peux le prouver, en revanche ses yeux... Notre prêcheur a un faible pour un gobelet de vin, coupé d'eau ou non, et aussi pour un joli visage. Il faut questionner Lord Henry plus avant. Nous devons le confronter aux mystères qui paraissent le concerner et à ceux qui menacent ses villageois. Mais pas aujourd'hui.
    Ils suivirent le sentier en s'écartant pour laisser passer des charrettes brinquebalantes qui retournaient au village.
    — Lord Henry se ravitaille, remarqua Colum. Je crois qu'il veut impressionner ses hôtes.
    Quand ils arrivèrent au manoir, Colum alla s'occuper des chevaux.
    Kathryn regagna leur chambre, vaste pièce sise dans la première galerie. Un beau lambris recouvrait presque entièrement les murs, ne laissant voir au-dessus qu'une étroite bande de plâtre d'un blanc cru agrémentée de triptyques, de croix et d'un épais drap d'or. Le lit aux courtines de velours bleu foncé, aux draps et aux oreillers de la plus fine toile de lin, était l'œuvre d'un maître artisan. Il y avait des arches et des coffres, des tabourets et des tables, et même une écritoire aux sculptures élégantes destinée à
    Kathryn et à Colum. Près du lit, sur une petite table, une servante avait déposé deux gobelets et un pichet de vin protégés par des linges blancs brodés aux armes de Lord Henry. Kathryn les ôta et huma la boisson. L'odeur était franche et forte mais la jeune femme se dit que, si elle buvait, elle s'endormirait. Or elle voulait réfléchir.
    Décidant d'enlever son bracelet, elle souleva le couvercle du grand coffre qui se trouvait au pied du lit et s'arrêta. Tout était en ordre ; néanmoins, elle s'agenouilla et ouvrit sa cassette à bijoux. Puis elle fit de même avec la boîte de fards qui se trouvait à côté.
    —
    Je suis certaine... chuchota-t-elle.
    Elle regarda la porte qu'ils n'avaient pas fermée à clé afin que la servante puisse entrer. Était-ce un domestique ? Kathryn était sûre que quelqu'un avait fouillé dans ce coffre, déplacé certains de ses vêtements et ouvert les coffrets, bien qu'il ne manquât rien. Peut-être une servante curieuse ? La jeune femme referma le coffre et se dirigea vers la fenêtre, dont elle entrebâilla le petit vantail à meneaux.
    La chambre offrait une vue dégagée sur les falaises et la mer qui scintillait sous le soleil vespéral. Elle suivit des yeux la ligne du paysage, l'herbe verte des landes, la sente poussiéreuse qui menait à l'échafaud. Une silhouette s'y déplaçait et Kathryn n'eut aucun doute : c'était grand-mère Croul.
    —
    Je me demande, murmura-t-elle, je me demande si vous pourriez m'en dire davantage.
    Elle alla au lavarium, s'aspergea d'eau visage et mains, déboucha l'un de ses flacons de parfum et s'en tamponna légèrement le côté du cou. Puis elle changea ses souples chaussures de cuir pour des bottes, attrapa sa mante et se rendit aux écuries à la recherche de Colum. En grande conversation avec un palefrenier, il admirait une selle posée sur son support.
    —
    L'œuvre d'un homme de l'art, déclara-t-il en la tapotant. Que faites-vous céans, Kathryn ?
    — J'aimerais me promener à cheval.
    — Seule ?
    — En haut de la falaise, c'est tout.
    Colum traversa la cour pour ramener un cob bien dressé. Il le sella, aida sa femme à monter, puis, d'une main, maintint les rênes et posa l'autre sur le genou de sa femme.
    —
    Allons, promettez-moi que vous n'irez pas loin : juste là-haut, puis vous revenez. Je posterai un serviteur au portail pour vous surveiller.
    Il y restera jusqu'à votre retour.
    Il eut un grand sourire.
    —
    Où que vous alliez, le danger semble toujours vous suivre.
    Kathryn se pencha et lui pinça la joue.
    — Lâchez-moi, Irlandais, je dois partir !

    Elle talonna sa monture, les conseils de Colum retentissant encore à ses oreilles. Une fois sortie de la cour pavée, elle fit tourner son cheval et longea la muraille. Les trois Français, installés à l'ombre pour partager une cruche de vin, la voyant passer, se levèrent en époussetant les miettes tombées sur leurs pourpoints. Kathryn arrêta sa monture.
    Sanglier s'inclina, imité par les deux autres.
    —
    Madame, si nous avions su que vous chevauchiez seule, nous aurions demandé à vous accompagner.
    —
    Messire, si vous m'aviez escortée, je n'aurais pas chevauché seule, n'est-ce pas ?
    Le

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