Le Testament Des Templiers
n’existaient plus.
Tala était le chef à présent. La cérémonie aurait lieu plus tard. En pleine crise, le clan se contenta de se mettre en ligne et commença à obéir à ses ordres. Et Uboas, stoïque, oublia son chagrin et s’affaira à fabriquer une attelle en bois et en tendon pour le bras de son petit-fils.
Tous les cadavres furent traînés à l’extérieur. Sauf Tal. Tala ordonna que l’enfant mort, le fils d’Osa, ait la main coupée avant qu’on le sorte. Un des hommes du clan utilisa la lame affûtée de Tal pour séparer les petits os des doigts et en faire une pile sanglante, puis il reposa soigneusement la lame contre le mur où Tal l’avait laissée. Les os des doigts serviraient à faire un collier pour Tala, mais sans que personne s’en aperçoive, une des minuscules phalanges tomba dans la poussière et ne parvint jamais autour du cou de Tala.
Les Néandertaliens, morts ou vivants, furent précipités par-dessus le bord de la falaise sur les rochers en contrebas pour rejoindre leurs frères. Les lions, les ours et les faucons auraient de quoi festoyer.
Ils transportèrent les corps de leurs morts avec précaution en bas des falaises pour les enterrer dans la terre meuble près de la rivière. C’était leur coutume. Le clan attendait de connaître la décision de Tala au sujet de Kek. Appartenait-il à leur clan ou à celui des Autres ?
« C’était mon oncle, déclara-t-il, et l’un des nôtres. Il sera traité dans la mort comme un membre du clan des bisons. »
La décision du jeune homme reçut un accueil favorable ; les membres du clan lui faisaient confiance, certains qu’il saurait également comment honorer les restes de leur chef si exceptionnel. Il se retira dans la grotte. Il irait s’asseoir près du corps de son grand-père, boirait l’eau magique, et, quand il en aurait terminé, il ferait ce qu’il convenait de faire.
Il était presque l’heure du coucher du soleil quand le clan eut ramené l’ordre dans leur monde. Ils gravirent les falaises une nouvelle fois et se rassemblèrent autour de l’entrée de la grotte.
Tala sortit, leur parla d’une voix claire et résolue, en soulignant ses propos par de grands gestes de son bras valide. Il avait plané avec la horde de bisons, et, au loin, il avait vu l’homme-oiseau voler dans la grotte et disparaître.
Il connaissait la réponse.
Tal resterait dans la salle des Plantes, dans l’endroit sacré qu’il avait créé. Il aurait son bol pour planer à côté de lui. Il aurait son bison en ivoire. Son meilleur silex taillé. Son homme-oiseau lui tiendrait compagnie. Personne n’entrerait plus jamais dans cette salle.
Alors que les autres ancêtres demeuraient autour de leurs feux de camp dans le ciel, le grand Tal resterait à jamais à l’intérieur de sa grotte peinte.
30
J EUDI APRÈS-MIDI
L uc avait encore plusieurs heures à passer avant son dîner avec Isaak. Il était couché sur le lit de l’hôtel, son ordinateur tout chaud sur le ventre, près de s’assoupir et de sombrer dans l’oubli. Sa boîte de réception lui faisait face. Il se demanda s’il n’allait pas refermer le portable et en rester là pour l’instant.
Au lieu de cela, il cliqua sur le message de Margot.
Il fallait bien le faire à un moment quelconque, alors pourquoi pas maintenant ? Boire le calice jusqu’à la lie, regarder le dernier épisode heureux d’une vie. Le message était laconique : « photos d’Hugo ». Il prit une longue inspiration, la gorge serrée par l’émotion, et cliqua sur les pièces jointes.
Une douzaine de photos se téléchargea en formant une guirlande d’images.
Il les fit défiler et les ouvrit, l’une après l’autre.
Des photos de Luc, de Sara et d’Odile, se promenant dans Domme.
Des clichés pris à table dans le restaurant – Sara et Luc ensemble, Hugo, tout sourire, le bras autour d’Odile, une main négligemment posée sur un sein.
Puis un cliché de tous les quatre, pris par le serveur, avec plusieurs desserts maison disposés sur la table. On croyait presque les entendre rire.
Tout à la fin, il y avait une dernière photo.
Il l’examina. Elle n’allait pas avec les autres. Que venait-elle faire là ?
Il cliqua pour l’agrandir au maximum.
Qu’est-ce que c’était que ça ?
C’était un tableau sur un mur jaune. Un jeune homme assis, peut-être de la Renaissance, qui regardait l’artiste avec méfiance. Il avait un visage efféminé tout en
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