Le Testament Des Templiers
accueillir un fils prodigue.
Quand Mem revint, il était accompagné d’un homme que Tal ne reconnut pas tout à fait, même si ses traits lui étaient familiers.
L’homme avait les yeux bleus, le front bombé et le nez proéminent caractéristiques de la famille de Tal.
Mais sa chevelure était différente, une masse de queues-de-rat noires, emmêlées, et sa longue barbe hirsute partait dans toutes les directions, lui grossissant le visage. Et que dire de ses vêtements. Les hommes du clan des bisons aimaient les caleçons et les chemises en peau de renne douce, cousue avec du tendon. Kek portait une peau de renne grossière, un vêtement d’une seule pièce retenu à la taille par une ceinture tressée. Sa lance était lourde et épaisse, plus courte que celle avec laquelle il était parti tant d’années auparavant.
Il était devenu l’un des leurs.
Kek entreprit de raconter son histoire sans expliquer la raison de son retour. Il commença par bégayer, signe qu’il n’avait pas parlé sa langue maternelle depuis bien longtemps. À mesure que sa langue se déliait, il débitait son récit par à-coups rapides. Clic ! Clic ! Clic ! Comme un homme qui taille un bloc de silex.
Ce jour-là, il y a longtemps.
Il était seul, en train de chasser.
Il suivait un chevreuil femelle tandis qu’un ours le suivait lui.
L’ours l’attaqua et commença à le lacérer.
Il écarta sa lance d’un coup de patte.
Son couteau, celui en silex blanc que Tal avait fabriqué pour lui, lui sauva la vie. Il creva l’œil de l’ours, le vidant de tout son liquide, et l’animal s’enfuit.
Il resta allongé, blessé. Le sang coulait de ses blessures. Il appela au secours puis s’endormit.
Kek se réveilla dans le campement du Peuple de l’Ombre – il n’allait pas tarder à savoir qu’ils se nommaient eux-mêmes le Peuple de la Forêt. Le nom sous lequel ils désignaient le clan des bisons était les Grands. Il était très faible. Pendant de nombreux mois, une jeune femme resta auprès de lui, le nourrissant et appliquant de la boue sur ses blessures.
Il apprit leur langue et finit par comprendre que leur chef avait discuté avec les autres pour savoir s’il fallait ou non le tuer. Son infirmière était la fille du chef et elle empêcha qu’on lui fît le moindre mal.
Quand Kek se sentit mieux, le chef lui dit qu’il pouvait rester et leur enseigner certaines des coutumes des Grands, ou bien qu’il pouvait partir. Ils ne le tueraient pas. La femme était trapue et pas aussi belle que celles du clan des bisons, mais il avait fini par l’aimer. Sans compter qu’il était fatigué d’être le deuxième fils de Tal.
Il préféra donc rester.
Ils n’eurent pas d’enfants. Elle était stérile, mais il demeura avec elle au sein du Peuple de la Forêt, aussi étrange qu’il fût. Ils ne croyaient pas que leurs ancêtres étaient dans le ciel. Ils mouraient et n’existaient plus. Ils ne respectaient pas le bison. Pour eux, c’était de la nourriture, comme tout autre animal, sinon qu’il était plus difficile à tuer. Ils ne chantaient pas et ne riaient pas comme certains membres du clan des bisons. Ils ne sculptaient pas de petits animaux en os ou en bois. Ils fabriquaient de belles haches, mais les lames de leurs couteaux étaient grossières.
Ils échangèrent des savoirs. Il leur apprit comment emmancher une lance à la manière du clan des bisons, ils lui enseignèrent comment cerner et acculer un renne, et le précipiter en bas des falaises sans utiliser la moindre lance.
Il était heureux avec eux et ils devinrent son clan.
Et puis son chef traversa une crise. Il vieillissait. Il n’avait eu que des filles et craignait de mourir sans avoir de fils. Mais quand un garçon était né enfin, il s’était senti heureux et le clan s’était réjoui. Une semaine plus tard, le garçon était tombé malade, et il ne se rétablissait pas. Kek parla au chef de Tal et de la façon dont il parvenait à guérir les gens avec des plantes. Il évoqua la grotte sacrée. Le Peuple de la Forêt entama alors sa marche en direction du camp des Grands. Kek demanderait à Tal de soigner le garçon.
Tal écouta tout en mastiquant vigoureusement un morceau de viande de renne séchée. Ce n’était pas leur habitude d’accepter une tribu du Peuple de l’Ombre en leur sein. C’était dangereux. Et les ancêtres ne seraient probablement pas d’accord.
Mais Kek plaida leur cause et en appela à la sagesse
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