Le Testament Des Templiers
longueur et des cheveux tombant sur les épaules. Il portait un chapeau noir de dandy, une chemise blanche avec des manches terriblement bouffantes, et, plus frappant encore, son épaule était drapée dans un luxueux manteau de léopard.
Qu’est-ce que cela venait faire sur le mobile d’Hugo ? Quelqu’un s’en était-il servi pour prendre des photos après sa mort ? Qui aurait pu subtiliser le téléphone mobile d’un défunt et l’emporter dans un musée pour photographier un tableau ?
Un instant !… L’heure et la date figurent sur le cliché !
L’heure de la photo s’afficha très nettement en caractères digitaux.
23 h 53 !
Que lui avait raconté le gendarme sur le lieu de l’accident ?
« Il n’est pas parvenu jusqu’au village. S’il a quitté le camp à 23 h 30, l’accident a dû se produire vers 23 h 40, pas plus tard. »
Luc était assis au bord du lit à présent, et se passait sans arrêt la main dans les cheveux, comme si l’électricité statique allait booster son cerveau.
23 h 53 ! Treize minutes après l’heure supposée de sa mort, Hugo prend une photo d’un tableau ?
Une autre conversation lui revint subitement avec une incroyable précision, un détail qu’il avait dû enregistrer malgré lui.
À la réception donnée en l’honneur des fouilles, le président du conseil de Périgueux, M. Taillefer, s’était longuement étendu sur l’histoire locale.
« La Résistance a attaqué la principale ligne de chemin de fer, près de Ruac, et s’est retirée avec un vrai pactole, peut-être deux cents millions d’euros actuels, ainsi que quelques très célèbres tableaux, dont le Portrait d’un jeune homme de Raphaël, tous destinés à Goering personnellement. Une partie du butin parvint à de Gaulle et fut utilisée à bon escient, mais le reste de cet argent et des objets d’art disparut dans la nature. Le Raphaël n’a plus jamais reparu. »
Luc avait du mal à respirer à présent, comme après un sprint.
Il cliqua sur Google Images et tapa Portrait d’un jeune homme de Raphaël.
Le tableau s’afficha. C’était la même peinture, répertoriée sur un site Internet consacré à la recherche d’objets d’art volés.
La légende précisait : « Ce chef-d’œuvre n’a toujours pas été retrouvé. »
Luc était un familier des musées, et, qui plus est, il adorait tout ce qui s’y rapportait. Dans des circonstances normales, il aurait été ravi d’en découvrir un nouveau, surtout un musée situé dans un délicieux hôtel XIX e perché au sommet d’un charmant monticule sur les bords de la Marne.
Il aurait humé l’odeur de moisi des salles d’exposition et se serait passionné pour les mystères des réserves interdites au public. Le musée national de la Résistance à Champigny-sur-Marne abritait une collection plus récente dans l’ensemble que les endroits qu’il fréquentait habituellement, mais tous les musées possédaient les mêmes caractéristiques plaisantes.
Cette fois, les circonstances étaient exceptionnelles, et il s’engouffra dans l’entrée sans trop regarder autour de lui.
À la caisse, il annonça d’une voix haletante : « Le professeur Simard pour M. Rouby », et fit les cent pas pendant que l’employé appelait au téléphone.
Ils s’étaient parlé moins d’une heure plus tôt. Luc était parvenu jusqu’au conservateur après qu’une série d’appels passés dans la fièvre l’eut baladé de musée en musée, d’archives en archives, et cela, dans toute la France. Sa demande était tout à fait spécifique, heureusement, mais il n’avançait pas, jusqu’à ce qu’une femme d’un certain âge se montre compatissante au musée de la résistance Henri-Queuille en Corrèze, et l’informe qu’une trentaine de cartons d’archives se rapportant à son sujet avaient été expédiés à Champigny-sur-Marne pour y être catalogués et conservés.
Par chance, Champigny-sur-Marne se trouvait à une douzaine de kilomètres à peine du centre de Paris.
Max Rouby était un homme charmant, une sorte d’Hugo en plus âgé. Luc dut faire un effort pour ne pas se laisser émouvoir par cette ressemblance troublante. Le conservateur se montra particulièrement heureux de pouvoir rendre un service à un confrère et de mettre son équipe restreinte à la disposition de Luc. On installa Luc à une table dans une zone d’archives interdite au public, et une jeune femme avenante
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