Le Testament Des Templiers
vous tue. Je vous tue vraiment. »
Le chauffeur de taxi jeta un coup d’œil à Luc dans le rétroviseur, mais il paraissait bien décidé à ne pas se mêler des affaires des autres.
L’homme au téléphone prit un ton moqueur.
« Je n’en doute pas. Allez-vous venir pour que nous puissions parler ?
– Est-elle blessée ?
– Non, seulement incommodée. Nous nous sommes conduits en gentlemen.
– Bien sûr. Vous feriez mieux de me dire la vérité. »
L’homme l’ignora.
« Je vais vous indiquer où vous rendre.
– Je sais où vous êtes.
– Bien. Cela ne nous pose pas de problème. Mais voilà les conditions. Vous devez venir seul. Être là à minuit. Pas une seconde plus tard. Si vous amenez les gendarmes, la police ou n’importe qui d’autre, elle mourra d’une façon très désagréable. Et vous, vous mourrez aussi et nous détruirons votre grotte. Il n’en restera plus rien. Ne parlez à personne. Vous pouvez me croire, ce n’est pas une menace en l’air. »
Isaak laissa Luc seul dans son bureau une demi-heure pendant qu’il aidait un de ses enfants à faire un devoir. La femme d’Isaak passa la tête par la porte pour lui proposer un café, mais Luc était tellement absorbé par ce qu’il écrivait qu’il prit à peine le temps de refuser. Ce n’était pas une lettre bien rédigée, plutôt des embryons de phrases et des abréviations jetés sur le papier. Il aurait préféré ordonner ses pensées pour argumenter parfaitement sa thèse mais il manquait de temps. Pourtant, cela devrait faire l’affaire.
Il utilisa l’imprimante multifonction d’Isaak pour en faire une copie, et fit également des doubles de la copie couleur d’Isaak du manuscrit de Ruac. Il enfourna sa lettre et le manuscrit dans les deux enveloppes vierges qu’Isaak lui avait données. Sur la première, il écrivit COLONEL TOUCAS, GROUPEMENT DE GENDARMERIE DE LA DORDOGNE, PÉRIGUEUX , et sur l’autre, GÉRARD GIROT, LE MONDE .
Il remit les enveloppes cachetées à Isaak en lui disant que, sans nouvelles de sa part d’ici vingt-quatre heures, il fasse en sorte que ces lettres parviennent à leurs destinataires.
Isaak se frotta le front d’un air soucieux, mais accepta sans prononcer un mot.
Isaak avait un coupé Mercedes. Une fois sorti du périphérique intérieur et arrivé sur l’A20, il appuya sur le champignon et les kilomètres défilèrent. La voiture disposait d’un GPS avec radar. Il indiquait qu’il avait 470 kilomètres à parcourir, et estimait l’heure d’arrivée à 1 h 08 du matin. Il avait plus d’une heure à rattraper.
Chaque fois que le détecteur de radar sonnait, il relâchait l’accélérateur et revenait à l’allure autorisée. Il n’avait pas de temps à perdre à parlementer avec les gendarmes. Une demi-heure passée sur le bas-côté de la route pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Ces gens de Ruac agissaient avec une sauvagerie inimaginable.
Il n’avait jamais servi dans l’armée. Il n’avait jamais été scout. Il ne savait pas boxer ni faire passer un homme sur sa hanche avec une prise de judo. Il n’avait aucune arme, pas même un canif. De toute façon, à quoi cela lui servirait-il ? La dernière fois qu’il s’était battu, c’était dans une cour de récréation et il se souvenait que les deux adversaires s’en étaient tirés avec chacun le nez en sang.
Il ne pouvait faire appel qu’à son intelligence pour se défendre.
Il se retrouvait à nouveau dans le Périgord. Une terre familière. Il avait rattrapé presque tout son retard. Il devrait encore accélérer sur les petites routes, mais il était tard et la circulation quasi inexistante.
Il avait le temps d’appeler le colonel Toucas. Peut-être était-ce ce qu’il y avait de mieux à faire, laisser les professionnels agir. C’était la campagne, mais une équipe du RAID pourrait probablement intervenir en une heure. Il avait vu ces types en action dans des émissions de télévision. C’était des hommes jeunes et intrépides. Qu’allait faire un archéologue entre deux âges dans cette galère ?
Il chassa cette pensée. C’était lui qui avait mêlé Sara à tout ça. C’était à lui de l’en sortir. Il serra les dents, enfonça l’accélérateur, et la voiture se mit aussitôt à l’unisson de ses émotions.
Il parvint aux confins de Ruac à 23 h 55. Quoi qu’il arrive, il ne serait pas en retard. Il ralentit instinctivement en
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