Le Testament Des Templiers
mais il fallait avoir la foi chevillée au corps pour croire que c’était leur arbre. Il était à tel point sceptique qu’il en devenait odieux. Luc finit par lui dire en face qu’il se comportait comme un enfant, et que s’il voulait, il pouvait rentrer avec la Land Rover et se trouver un hôtel.
Mais aucune solution ne convenait à Hugo. Il était aussi furieux d’être obligé de dormir à la belle étoile que de retourner seul jusqu’à la voiture. Il céda au bout d’un moment et suivit Luc docilement le long du nouveau rebord, à la recherche, disait-il, de « chutes d’eau mythiques et de licornes ».
Le jour s’estompait. La température diminuait et le ciel était devenu d’un rose crépusculaire. Hugo, résigné à l’idée de passer une nuit inconfortable sous les étoiles, réclama une pause pour soulager ses épaules endolories. Ils s’arrêtèrent en lieu sûr et burent de l’eau. Puis Hugo ouvrit sa braguette et urina par-dessus bord.
« La voilà, ta chute d’eau », dit-il sans le moindre humour.
Luc avait également enlevé son sac à dos. Il se pencha en arrière et appuya sa tête contre la falaise, prêt à lui faire une réponse de potache.
« Attends ! » dit-il.
Il sentit de l’humidité sur son cuir chevelu. Il se retourna d’un bond et posa les deux mains sur les rochers. Ils étaient mouillés. Reculant autant que possible, il leva les yeux et désigna une large bande sombre.
« Regarde ! Ça monte jusqu’en haut. La voilà notre chute d’eau ! »
Hugo regarda aussi vers le haut, sans paraître impressionné.
« Si c’est ça, une chute d’eau, alors je suis le pape.
– L’été a été sec. Après un printemps pluvieux, je parie que ça se transforme en une véritable chute d’eau. Viens avant qu’il n’y ait plus de lumière. S’il y en a une deuxième, je t’offre à dîner. »
Ils marchèrent pendant près d’une heure dans la lumière déclinante. À présent, Luc touchait sans arrêt la façade rocheuse pour sentir s’il y avait de l’humidité.
Le crépuscule gagnait du terrain. Luc était sur le point de faire un arrêt, lorsqu’ils l’entendirent en même temps : un ruissellement, comme un robinet mal fermé. Quelques pas plus loin, l’eau dégoulinait des rochers, inondant la corniche, formant des mares avant de s’écouler vers la rivière. C’était plus un filet d’eau qu’une cascade mais, pour Luc, ils étaient sur la bonne voie. Hugo parut revigoré et il consentit à marcher jusqu’à la nuit tombée.
Luc sortit une nouvelle fois la carte et montra du doigt les deux chutes d’eau et le x qui marquait la grotte.
« Si cette partie de la carte est bien à l’échelle, la grotte doit être tout près, mais il est impossible de savoir si elle est au-dessus ou en dessous de nous. Nous avons encore un quart d’heure, après, ça ne servira à rien de chercher. »
Ils passèrent le quart d’heure suivant à chercher à la lumière des petites torches à LED de Luc. Au-dessus d’eux, la vue était dégagée. Pour explorer la façade rocheuse en dessous, Luc devait se mettre à plat ventre au bord de la corniche et éclairer avec sa lampe. En dehors des strates normales et des fissures, il n’y avait rien qui pouvait ressembler de près ou de loin à une grotte, ni au-dessus ni en dessous.
À présent, il faisait trop noir pour continuer. Ils se trouvaient sur un rebord assez large pour pouvoir y camper la nuit, si bien qu’ils ne furent pas obligés de rebrousser chemin – heureusement pour eux, car ils avaient faim et étaient fatigués.
Hugo s’effondra sur son sac à dos.
« Alors, où est le dîner ?
– Il arrive. Tu ne vas pas être déçu. »
En un tour de main, Luc prépara un excellent dîner sur son réchaud à gaz portable : filet de bœuf au poivre et pommes de terre sautées, avec du pain croustillant, un fromage de chèvre crémeux de la région et une bonne bouteille de cahors, qu’il ne regretta pas d’avoir transportée toute la journée.
Ils mangèrent et burent jusque tard dans la nuit. Le ciel sans lune passa par différents gris avant de devenir noir. Perchés sur leur corniche, ils avaient l’impression d’être au bout du monde. Cela, plus le vin corsé, donna à leur conversation un tour mélancolique. Bien au chaud dans son sac de couchage, Hugo se lança dans une lamentation morose sur sa vie.
« Connais-tu beaucoup d’hommes qui ont été mariés à deux
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