Le Testament Des Templiers
deuil. »
Compte tenu de la topographie de la vallée escarpée, le précipice au-dessus duquel ils se trouvaient était situé plus bas que les falaises en aval de la rivière. Au fur et à mesure qu’ils progressaient, le terrain devenait de plus en plus érodé et fortement boisé. La falaise de calcaire culminait à une vingtaine de mètres au-dessus de leurs têtes. La marche en elle-même n’était pas dangereuse. Le rebord sur lequel ils avançaient était suffisamment large et stable, et la vue sur la rivière en dessous était digne d’une carte postale. Mais Luc était bien conscient que son ami n’était pas particulièrement rompu à ce genre d’exercice. Il veillait à marcher d’un pas mesuré et choisissait pour Hugo les endroits les plus sûrs où mettre le pied.
Il connaissait ces falaises, mais pas parfaitement. Il n’avait pas exploré cet endroit depuis quinze ans, et il s’était agi d’une étude sommaire, une distraction sans but précis. Toute la vallée de la rivière était truffée de caves préhistoriques et d’abris, et il était de notoriété publique que des sites importants, voire même spectaculaires, restaient à découvrir. Certains seraient trouvés par des archéologues professionnels ou des géologues, d’autres par des spéléologues en quête de nouveauté, et d’autres encore par des randonneurs, ou même, comme cela était déjà arrivé, par le chien de la famille.
Avant cette expédition avec Hugo, Luc était allé rechercher dans ses anciens journaux des articles sur les falaises de Ruac. Il n’y avait pas grand-chose. L’été après son doctorat, il avait rôdé dans les parages pendant un jour ou deux. Ses notes évoquaient des buses et des milans noirs tournoyant au-dessus de l’eau, ainsi qu’un agréable pique-nique, mais pas la moindre trouvaille archéologique. Rétrospectivement, il se souvenait surtout à propos de cet été d’une grande impression de légèreté : un épisode de sa vie s’achevait, il allait en entamer un autre. Il en avait terminé avec son existence d’étudiant ; son professorat n’avait pas encore commencé. Il n’avait pas oublié ce sentiment de bonheur absolu que lui donnait cette liberté.
En se documentant pour le voyage, Luc avait découvert qu’un de ses collègues de Lyon avait fait, quelques années plus tôt, une reconnaissance en hélicoptère des surfaces rocheuses stratifiées de la vallée de la Vézère. Cela pourrait leur être beaucoup plus utile que les notes prises des années auparavant, et Luc lui avait demandé de lui envoyer par e-mail les photos et les cartes. Il les avait étudiées avec soin, en les comparant à la carte de Barthomieu. Il avait relevé des indices à l’aide d’une loupe de photographe – chutes d’eau, crevasses, entrées de cavernes – mais, tout comme l’archéologue de Lyon, il n’y avait rien trouvé de particulièrement intéressant.
Après une heure de marche, les deux hommes s’arrêtèrent pour boire de l’eau minérale. Hugo enleva son sac à dos et s’adossa à un rocher pour éviter de salir son treillis. Il alluma un petit cigare, et, pour la première fois de l’après-midi, parut enfin satisfait. Luc resta debout, clignant des yeux dans le soleil. Il sortit la carte sommaire de la poche arrière de son jean, la consulta à nouveau et la replia.
Hugo faisait la moue.
« Je ne m’étais pas rendu compte de la futilité de la chose avant que nous arrivions ici. On voit à peine les rochers en dessous ! Et encore moins les rochers au-dessus ! S’il y avait une belle grande ouverture de grotte par ici, nous l’aurions déjà trouvée. Tu ne m’avais pas prévenu du ridicule de l’entreprise. »
Luc haussa les épaules.
« La carte est la clé de tout. Si elle est authentique, peut-être trouverons-nous quelque chose. Si elle est le fruit de l’imagination de ce type, nous aurons eu notre dose de soleil et d’exercice pour la semaine, c’est tout. Plus un peu de camaraderie virile.
– Je ne veux pas de camaraderie virile avec toi, dit Hugo d’un ton agacé. J’ai chaud, je suis fatigué, mes bottes neuves me font mal et je veux rentrer chez moi.
– Nous avons à peine commencé. Détends-toi et profite. D’ailleurs t’ai-je dit que tes bottes sont superbes ?
– Merci de l’avoir remarqué. Alors, qu’indique la carte, professeur ?
– Rien encore. Comme je te l’ai dit, expliqua Luc patiemment, une fois
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