Le Testament Des Templiers
licence ou s’accommoderaient de tentes à la périphérie. Les caravanes étaient équipées de lits confortables, et les plus luxueuses disposaient d’un petit salon avec un bureau. Il n’y avait pas d’électricité, mais chaque unité comportait deux lampes à gaz. Le tout avait été bien pensé et respectait parfaitement la hiérarchie.
Dans un souci d’égalité, Luc avait insisté pour être logé à la même enseigne que ses adjoints. Il avait aussi longuement réfléchi à l’endroit où demeurerait Sara. Trop près de lui risquait d’envoyer un certain type message, trop loin, un autre. Il choisit une caravane séparée de la sienne par deux autres.
Au centre du cercle, ils montèrent une cabane pour la cuisine et le garde-manger, et, à côté, ils érigèrent une grande tente avec des tables de pique-nique pour prendre les repas en groupe en cas de mauvais temps. La dernière structure était un baraquement en préfabriqué abritant les bureaux et un laboratoire, avec un générateur pour les ordinateurs et une parabole pour l’Internet. Tout près, ils creusèrent un trou pour les feux de camp, indispensables le soir, et disposèrent tout autour des caisses de vin en guise de sièges.
Une partie de la grange en ruines était destinée aux latrines portables pour les hommes. Une autre partie pour les femmes. Deux douches d’eau froide furent bricolées tant bien que mal.
Ce serait leur village pour le meilleur et pour le pire, et il faudrait s’en contenter. Mais Luc était persuadé qu’une fois qu’ils auraient vu la grotte, personne n’aurait la moindre envie de râler concernant les conditions du séjour.
À l’aube du jour où Sara devait arriver, Luc dut bien reconnaître qu’il était nerveux. En règle générale, il pensait plus au travail qu’aux émotions. Alors pourquoi était-il tellement tendu ? Il avait des kyrielles d’anciennes petites amies. Quand il en rencontrait une par hasard ou intentionnellement, ça se passait en général de façon très désinvolte. Mais, ce matin-là, assis à son bureau, tout en buvant son café, il ressentait un grand vide. Leurs années communes étaient loin, et les souvenirs s’estompaient comme sur une photo surexposée. Il se rappelait parfaitement certaines choses, surtout ce à quoi elle ressemblait, sa façon de sourire et le parfum qu’elle dégageait, mais il en avait gommé d’autres. En particulier il avait oublié ce qu’il ressentait à l’époque.
Très ponctuelle comme toujours, elle arriva parmi les premiers. Quand Pierre frappa à la porte de Luc pour l’avertir que Sara Mallory était là, il sentit son estomac se nouer, comme un écolier avant un contrôle.
Elle lui parut petite, toute légère et ravissante.
Elle aussi était tendue, et froide. Il le voyait à sa façon de serrer ses lèvres brillantes couleur pêche en un sourire forcé. Il l’embrassa sur les deux joues de manière officielle, comme s’il n’y avait jamais eu la moindre intimité entre eux. Sa peau était lisse, presque translucide, ses joues légèrement rosées. En reculant, il sentit l’odeur de ses cheveux. Ce n’était pas un parfum chimique, c’était son odeur à elle. Il se souvenait de la façon dont il enlevait sa pince pour faire retomber ses cheveux châtains sur sa poitrine et fourrager avec son nez pour sentir leur toucher soyeux contre ses seins.
« Tu as l’air en forme.
– Toi aussi. »
Elle avait toujours eu son propre style. Sur elle, un blouson en cuir de motard devenait un vêtement féminin grâce à une écharpe en soie turquoise de la même couleur que ses yeux. Sa jupe en daim et ses bottes en veau montantes étaient ajustées sur son collant bordeaux.
« Comment s’est passé ton vol ?
– Sans histoire. »
Elle regarda tout autour.
« Est-ce que je peux poser mes valises quelque part ? »
Il fit les cent pas autour du cercle de caravanes en attendant qu’elle sorte de la sienne. Le soleil de midi était éclatant, mais en cette saison, il ne réchauffait pas beaucoup la terre. Elle ne s’était pas changée, et cela lui plut. Elle était belle, comme la Sara qu’il avait connue.
« Ça te convient ? demanda-t-il.
– C’est bien mieux que d’habitude.
– Pour une fois, nous avons des fonds suffisants.
– C’est ce que j’ai cru comprendre. »
Il sourit et fit un geste en direction de l’abbaye.
« Avant que les autres arrivent, j’aimerais te montrer le
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