Le Testament Des Templiers
portée.
Il passa le doigt sur la couverture acrylique du dossier. Était-ce un passeport pour le ciel, ou l’enfer ?
Convoqué, Marolles arriva sur-le-champ et se mit au garde-à-vous, la moustache frétillante, attendant qu’on veuille bien s’adresser à lui.
Gatinois lui fit signe de s’asseoir.
« Je l’ai lu. De bout en bout, dit le général calmement.
– Oui, monsieur. Cela pose certainement un problème.
– Un problème ? Disons plutôt un désastre ! »
Le petit homme acquiesça solennellement.
« Oui, monsieur.
– Dites-moi, depuis que cette Unité existe, quelqu’un est-il jamais entré dans cette grotte ?
– Non, non. J’ai vérifié les archives, et Chabon a interrogé Pelay. Elle est scellée depuis 1899. En tout cas, nous , nous n’avons jamais réveillé le chat qui dort. Et, pour autant que nous le sachions, personne de l’extérieur ne l’a jamais redécouverte.
– Jusqu’à maintenant, laissa tomber Gatinois.
– Oui, jusqu’à maintenant.
– Que savons-nous sur ce Luc Simard ?
– Eh bien, il est professeur d’archéologie à Bordeaux…
– Marolles, j’ai lu sa biographie. Que savons-nous sur lui ? Sa personnalité, ses motivations.
– Nous préparons un topo sur lui. Je vous le soumettrai dans la semaine.
– Et que pouvons-nous faire pour arrêter cela dans l’œuf ? » demanda Gatinois avec un calme qui surprit le colonel.
Marolles inspira profondément et émit un avis peu favorable.
« Je crains que le projet n’ait déjà atteint un certain niveau au sein du ministère de la Culture. Je regrette de devoir vous informer qu’il sera sans doute approuvé et doté d’un financement.
– Qui est votre contact ?
– Ah, une véritable lumière dans un ciel obscur, dit Marolles plein d’espoir. Le cousin de ma femme travaille dans le service concerné. C’est un type onctueux nommé Abenheim. Il me colle toujours dans les réunions de famille, laissant sous-entendre en permanence que j’appartiens aux services secrets. J’essaie généralement de l’éviter.
– Mais ce n’est plus le cas à partir de maintenant, n’est-ce pas ?
– Exactement. »
Gatinois se pencha en avant et prit une voix de conspirateur, comme s’il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce :
« Servez-vous de cet homme, dit-il. Faites-lui comprendre que quelqu’un au sein de la DGSE s’intéresse à Simard et à son travail. Insinuez quelque chose de négatif, mais ne dites rien de précis. Dites-lui de vous tenir informé sur tout, de s’immiscer autant que possible dans le projet. Dites-lui que s’il fait bien son travail, certaines personnes haut placées lui en seront reconnaissantes. N’hésitez pas à vous commettre.
– Je comprends, monsieur. »
Gatinois recula, remettant son dos dans sa position habituelle.
« Vous savez, en fin de compte, Bonnet mettra probablement de l’ordre dans tout ça. C’est un vrai salopard. Peut-être nous suffira-t-il de nous tenir tranquilles et d’observer le carnage. »
10
L uc avait contourné les canaux habituels pour arriver tout de suite au sommet. Les enjeux étaient trop importants. Si des gens de sa propre université et des bureaucrates locaux de Dordogne se vexaient, tant pis pour eux.
Il fallait protéger la grotte.
Il utilisa sa position d’universitaire ainsi que son amitié avec un sénateur influent de Lyon pour obtenir très vite un rendez-vous au Palais-Royal avec la ministre de la Culture et ses principaux collaborateurs, responsables des antiquités, y compris le directeur du Centre national de la préhistoire, un archéologue respecté du nom de Maurice Barbier, qui, par chance, entretenait avec Luc une relation cordiale. La présence de l’adjoint de Barbier, Marc Abenheim, était moins favorable. Luc et Abenheim s’affrontaient depuis des années, et les deux hommes se détestaient mutuellement.
S’appuyant sur un dossier abondamment illustré par ses photos, Luc avait demandé qu’un décret de préservation du site soit pris, qu’une procédure accélérée d’obtention de permis soit engagée, et qu’un budget conséquent soit alloué par le ministère pour protéger la grotte et commencer les fouilles.
Attentif aux conseils de son ami sénateur, il ne mentionna pas l’énigmatique manuscrit de Ruac pour éviter que son auditoire – trié sur le volet – ne se disperse, et qu’il reste focalisé sur une seule question à la fois. Et,
Weitere Kostenlose Bücher