Le Testament Des Templiers
manuscrit original.
Dom Menaud était très content de sortir une nouvelle fois le livre qui était rangé dans une boîte en marqueterie de bois de rose posée sur son bureau. Mais le vieux moine parut troublé par la beauté de Sara et s’excusa pour aller aux prières de sexte.
Restés seuls, ils s’assirent l’un en face de l’autre dans des fauteuils. Luc la regardait tourner les pages, se délectant de chacune de ses expressions. Elle tenait le livre sur ses genoux, sa jupe étroite l’obligeant à serrer pudiquement ses jambes.
Puis elle leva enfin les yeux :
« Tout ça est extraordinaire, dit-elle.
– Comme je te l’avais annoncé. »
Elle acquiesça.
« Et tu ne l’as pas encore fait traduire ?
– C’est en cours. Que penses-tu des plantes ?
– Elles sont plutôt stylisées. Pas vraiment un travail à la chambre claire. J’ai besoin d’abord de voir les peintures dans les salles. C’est possible ?
– Bien sûr ! Je ne voulais pas te mettre sous pression. Nous sommes au tout début d’un long processus. »
Elle referma le livre et le lui remit en évitant son regard.
« Merci de m’avoir demandé de faire partie de ton équipe, dit-elle soudain. C’est très gentil de ta part.
– Toute la commission a soutenu ta candidature. Tu as acquis une sacrée réputation.
– Quand même, tu aurais pu trouver quelqu’un d’autre.
– Je ne voulais pas quelqu’un d’autre. Je te voulais toi. »
Il regretta immédiatement d’avoir choisi ces mots, mais c’était trop tard. Il s’attira un regard glacial.
Par la fenêtre de l’abbé, Luc vit un taxi s’approcher.
« Ah, voilà une nouvelle arrivée », dit-il, soulagé.
Le soir venu, tous les participants étaient là. Le dernier fut un Israélien, Zvi Alon, à bord d’une voiture de location ; après avoir vu sa caravane, il s’était plaint d’avoir trop de place.
Le responsable des pages culturelles du Monde était également présent, sur l’insistance de la ministre de la Culture. En échange d’un reportage exclusif sur l’ouverture de la grotte, le directeur du journal s’était engagé à garder l’article sous embargo jusqu’à ce qu’ils aient reçu l’autorisation du ministère.
Luc pensait que la soirée devait revêtir un aspect légèrement solennel ; après avoir dîné d’un navarin d’agneau, il rassembla tout le monde autour d’un bon feu, déboucha quelques bouteilles d’un champagne honnête et fit un petit discours de bienvenue en anglais.
Levant son verre, il se déclara honoré d’être à leur tête. Il remercia le gouvernement français et le CNRS, pour leur diligence. Il les assura de sa reconnaissance pour lui avoir accordé une année d’étude préalable, laquelle devrait donner lieu à un programme triennal après examen du rapport préliminaire.
Il fit ensuite les présentations. L’équipe Ruac, comme il les appelait, était constituée des meilleurs éléments dans leurs disciplines, un groupe international de géologues, de gourous en matière d’art rupestre, d’outils de la préhistoire, d’ossements, d’experts en pollens, de protecteurs de l’environnement et de spéléologues qui se connaissaient après des années de collaboration et de débats. Il y avait même un expert en chauves-souris, un petit homme répondant au nom de Desnoyers, qui s’inclina timidement lors de sa présentation, avant de se mettre à l’écart comme un petit mammifère ailé qui se réfugie sur son perchoir.
Pour finir, Luc présenta l’encadrement composé d’étudiants, dont beaucoup suivaient ses cours à Bordeaux. Il demanda à Pierre et Jeremy de distribuer des polaires estampillés Équipe Ruac avec le logo officiel des fouilles – un bison stylisé.
À ce moment-là, on entendit du vacarme près des étables, et un petit gros, conduit par un sbire muni d’une lanterne, s’écria :
« Bonjour, bonjour ! Désolé d’être en retard. Je suis Taillefer, président du conseil de Périgueux ! Où est le professeur Simard ? Puis-je encore m’adresser au groupe ? »
Luc souhaita la bienvenue à l’homme politique essoufflé venu de la préfecture voisine, lui servit du champagne et lui donna un cageot sur lequel monter ; puis il écouta poliment le discours fleuve plein de lieux communs auquel il soumit l’assemblée.
Luc et Taillefer bavardèrent ensuite près du feu et burent un autre verre. L’édile déclina une invitation à
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