Le Testament Des Templiers
ouvrage.
Compte tenu des leçons du passé, un protocole avait déjà été établi. Les travaux sur le terrain se limiteraient à deux campagnes de quinze jours par an. Douze personnes seulement seraient admises à la fois à l’intérieur de la grotte, et elles travailleraient par équipe et en alternance. Ceux qui ne seraient pas à l’intérieur procéderaient aux analyses dans le camp.
La majeure partie du travail de la première équipe consista à mettre en place les tapis de protection sur toute la longueur de la grotte et à installer le matériel d’analyse de Coutard à différents points.
Avec son LaserRace 300, Moran détermina que la longueur totale des dix salles était de cent soixante-dix mètres, un tout petit peu moins que Lascaux ou Chauvet.
Les étudiants descendirent des paquets de tapis depuis le haut de la falaise en se les passant, à la manière des poseurs de sacs de sable sur une levée. Luc était obligé d’attendre que tous les tapis soient installés avant de pouvoir revisiter les salles du fond. En un sens, il regrettait déjà sa première journée de découverte et la liberté avec laquelle il avait pu se promener, se laissant porter par chaque nouvelle vague d’adrénaline. À présent, il était plus un scientifique qu’un explorateur. Tout devait obéir au protocole.
Son cerveau était encombré d’une foule de détails logistiques et techniques – c’était un projet monumental, plus important que tous ceux dont il avait eu la responsabilité. Mais le fait de revoir les peintures, le bestiaire foisonnant et l’homme-oiseau, le tout si frais et haut en couleur, si superbement rendu, effaçait tous les problèmes de détails, comme la neige tombant sur un visage chaud levé vers le ciel. Seul dans la salle de la Chasse au bison, il fut surpris par le son de sa propre voix assourdie par le respirateur. Il se répétait :
« Je suis chez moi. C’est ma maison. »
Avant la pause-déjeuner, Luc fit le point avec Desnoyers sur la situation des chauves-souris.
« Elles n’aiment pas les humains », déclara le petit homme.
À son ton, on aurait pu croire qu’il partageait ce sentiment.
« Il s’agit d’une population mélangée, mais composée en majorité de pipistrelles, ajouta-t-il. Avec des colonies assez conséquentes, mais pas énormes. Je suis sûr qu’elles partiront de leur propre chef pour s’établir ailleurs.
– Le plus tôt sera le mieux, dit Luc, en ajoutant devant le regard sévère de l’homme aux chauves-souris : Alors, que pensez-vous des peintures ?
– Je ne les avais pas encore remarquées », répliqua l’homme aux chauves-souris.
En début d’après-midi, la deuxième équipe, anxieuse, se rassembla sur la corniche. Puis Luc emmena les autres principaux participants ainsi que le journaliste du Monde faire une visite guidée. On aurait dit un artiste lors de son propre vernissage : chaque fois que l’un d’eux retenait son souffle, qu’il marmonnait quelque chose, qu’il suffoquait de plaisir, un délicieux frisson courait le long de sa moelle épinière.
« En effet, c’est extraordinaire. Oui, je savais que vous seriez impressionnés », répétait-il.
Zvi Alon rattrapa Luc entre la salle de la Chasse au bison et un boyau qu’ils appelaient la galerie des Ours, où trois gros ours bruns expressifs, gueule ouverte et museau carré, se superposaient.
« Écoutez, Luc, dit-il tout excité. Je ne peux pas souscrire à votre assertion disant que tout ça remonte à l’aurignacien. C’est impossible que ce soit si ancien ! L’ombre polychromatique est d’une facture plus récente.
– Je n’affirme rien, Zvi. Ce n’est qu’une observation, basée sur un seul et unique silex taillé. Regardez le contour de ces ours. C’est du charbon, non ? Nous disposerons bientôt d’une datation au radiocarbone, ce qui nous dispensera de spéculer sur l’âge. Nous serons fixés.
– Je suis déjà fixé, dit Alon d’un ton bourru. C’est du même âge ou plus récent que Lascaux. C’est trop moderne. Mais ça me plaît quand même. C’est une très belle grotte. »
Luc ne s’occupa pas de Sara jusqu’à la fin de la visite. Ils étaient presque au bout de la grotte, dans la salle sans décoration, la salle 9. Il renvoya les autres pour qu’ils commencent leur travail, mais garda Sara près de lui. Tous paraissaient gros et informes dans leurs vêtements de protection. Celui que portait Sara, un
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