Le Testament Des Templiers
XS, lui allait parfaitement, lui conférant une élégance incongrue, un style bien à elle.
« Comment te sens-tu ? demanda-t-il.
– Bien, dit-elle, les yeux étincelants sous le coup de la découverte de ces chefs-d’œuvre d’art pariétal. Vraiment bien.
– Je t’ai réservé une visite privée. Es-tu prête à marcher à quatre pattes pour aller voir la dixième salle ?
– Je ferais des kilomètres à genoux pour voir ça. Juste histoire de me préparer, il y a beaucoup de chauves-souris ?
– Non. Ça n’a pas l’air de leur plaire là-dedans. Il faudra que je demande à notre ami Desnoyers pourquoi. »
Elle jeta un coup d’œil à la colonie qui ondulait au-dessus.
« D’accord, allons-y. »
Les tapis que Moran avait déployés sur le sol leur évitaient de s’écorcher les genoux. Il passa devant, elle suivit, et il se mit à rire intérieurement de la voir obligée de lui coller ainsi aux fesses. Ils émergèrent dans la dixième salle et se relevèrent. Sara était visiblement éblouie par l’abondance et l’exubérance des manifestations humaines sur les murs en forme de dôme. Des mains au pochoir partout, brillantes comme des étoiles par une nuit sans lune.
« J’ai beau avoir vu tes photos, Luc, mais ça… Waouh.
– Ce n’est qu’une petite mise en jambes. Viens. »
La dernière salle était équipée d’un trépied à lampe halogène dont la lumière faisait mal aux yeux. Il la vit chanceler et, instinctivement, la retint par la taille. Elle se dégagea et murmura d’un ton irrité : « Ça va », avant de reprendre son équilibre.
Elle se mit à pivoter lentement, par tout petits pas, jusqu’à faire un tour complet. Elle rappelait à Luc une ballerine sur une boîte à musique que sa mère possédait quand il était jeune et qui faisait des pirouettes sur un miroir au son d’une mélodie orientale.
« C’est tellement vert, finit-elle par dire.
– En dehors d’être la première représentation de flore au paléolithique supérieur, c’est aussi la première utilisation connue d’un pigment vert de cette époque. C’est probablement de la malachite, mais il faudra attendre pour en être sûr. Les marrons et les baies rouges sont probablement des oxydes de fer.
– Les herbes, dit-elle, émerveillée, elles sont tout à fait comparables à celles des steppes sèches qu’on s’attendrait à trouver pendant les saisons chaudes à l’époque aurignacienne. Et regarde ce fantastique homme à bec debout dans l’herbe, comme un épouvantail.
– C’est devenu mon meilleur ami, dit Luc amusé. Que dis-tu des autres plantes ?
– C’est ça qui est tellement intéressant. Les illustrations dans le manuscrit sont plus réalistes que les peintures dans la grotte, mais il semble y en avoir deux variétés, dit-elle en se déplaçant d’abord vers sa droite. Ce panneau est un buisson avec des baies rouges. Le dessin des feuilles est assez impressionniste et imprécis, tu vois là ? Et là ? Mais les buissons dans le manuscrit présentent distinctement des feuilles à cinq lobes dans une disposition en spirale sur la tige. Je dirais qu’il s’agit de Ribes rubrum si je devais me prononcer. Un groseillier rouge. Il provient de l’Europe occidentale. »
Elle se déplaça sur sa gauche.
« Et ces plantes grimpantes. Encore une fois, le manuscrit les dépeint plus nettement. Avec les longues tiges et les feuilles allongées en forme de pointe de flèche, j’opterais pour Convolvulus arvensis , le liseron européen, mais ce n’est qu’une supposition. C’est une épouvantable mauvaise herbe qui fait de jolies petites fleurs rose et blanc en été. Mais là, pas de fleurs, comme tu vois.
– En somme, de l’herbe, des mauvaises herbes et des groseilles, c’est ça le verdict ?
– Pas vraiment un verdict, dit-elle. Une première impression. Quand est-ce que je peux commencer à m’occuper du pollen ?
– Dès demain matin. Alors, tu es contente d’être venue ?
– Sur un plan professionnel, oui.
– Seulement professionnel ?
– Bon Dieu, Luc. Oui. Seulement professionnel. »
Il se retourna, un peu gêné, et fit un geste en direction de la salle des Mains.
« Toi d’abord. Je prends la torche. »
L’ambiance était encore solennelle, comme avec l’odeur de poudre à canon après un feu d’artifice. Il faisait frais, mais comme il n’y avait aucune menace de pluie, tout le monde prenait son repas
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