Le Testament Des Templiers
sais dessiner. Faire la cuisine. N’importe quoi. »
Deux coups nets retentirent à la porte de la caravane de Luc. C’était Hugo, brandissant un magnum de champagne avec un nœud rouge autour du goulot.
« Bonjour ! »
Puis, voyant que Luc était avec quelqu’un, il ajouta :
« Oh, pardon. Veux-tu que je revienne ?
– Non, entre ! Tu tombes bien. Tu te souviens du gentil couple du café de Ruac ? Les voilà. »
Hugo grimpa immédiatement à l’intérieur et concentra aussitôt son attention sur la femme ; quand il eut compris que l’homme était son frère, il plaisanta en disant que le champagne était pour elle. Ils bavardèrent un moment, puis Odile décroisa ses jambes et annonça qu’il était temps de partir.
« La réponse est oui, lui dit Luc. J’accepterais avec plaisir votre aide au campement. Le travail dans la grotte concerne un petit nombre de gens seulement, mais il y a beaucoup à faire ici. Venez quand vous voulez. Pierre, le garçon qui vous a conduits ici, vous installera. »
Cette fois-ci, son sourire d’adieu à l’attention d’Hugo fut sans ambiguïté. Luc ressentit l’espèce de bourdonnement qu’on entend parfois près d’une ligne à haute tension.
« Si j’avais su qu’elle allait être là, je serais venu hier », dit Hugo.
Il jeta un coup d’œil autour de la caravane exiguë.
« C’est ici que loge le fameux Luc Simard, codécouvreur de la grotte de Ruac ? Ce n’est pas vraiment Versailles. Et moi, où est-ce que je dors ? »
Luc désigna la couchette d’appoint à l’extrémité, qui était encombrée par le linge de Luc.
« Voilà. Bois un peu de cognac et ne t’avise pas de te plaindre. »
Zvi Alon coinça Jeremy dans la cuisine où l’étudiant était allé se faire un thé.
« Luc m’a autorisé à aller visiter la grotte tout seul pendant un petit moment, lâcha l’homme chauve. Donnez-moi la clé. »
Jeremy était complètement intimidé par Alon qui avait une réputation de dur. Il en avait les genoux tremblants.
« Bien entendu, professeur. Voulez-vous que je vous accompagne pour l’ouvrir ? C’est dangereux de descendre dans le noir. »
Alon tendit la main.
« Ça ira. À votre âge, je commandais un tank dans le Sinaï. »
Luc commençait à mettre Hugo au courant des activités du premier jour mais, tout en parlant, il sentit que son ami était agité. Il s’arrêta brusquement.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il de but en blanc.
– Comment se fait-il que tu ne me demandes rien à propos du manuscrit ?
– Il y a du nouveau ?
– Je suppose que tu n’as jamais entendu parler du code César ? »
Luc secoua la tête impatiemment.
« Il s’agit d’un code d’une simplicité biblique que Jules César utilisait pour envoyer des messages secrets. Il faudrait presque avoir un ennemi illettré tellement il est facile à déchiffrer, avec juste un décalage de, disons, trois lettres vers la gauche ou vers la droite. La plupart de ses ennemis ne pouvaient même pas lire le latin de base, de telle sorte qu’il a très bien fonctionné pour lui. Avec le temps, les déchiffreurs et les créateurs de codes se sont déchaînés pour mettre au point des méthodes plus sophistiquées. »
Luc était rouge d’énervement.
« Bon, bon, d’après mon type de Bruxelles, un des génies qui ont travaillé sur la découverte de Voynich, notre manuscrit était crypté avec un truc appelé le code Vigenère, qui est en soi assez remarquable puisqu’on a toujours pensé qu’il n’était pas antérieur au XVI e siècle. Apparemment, notre Barthomieu ou son collègue avaient quelques centaines d’années d’avance sur leur temps. Je ne t’ennuierai pas avec les détails, mais il s’agit d’une variante du code César qui exige en plus des mots-clés secrets pour le déchiffrage.
– Si tu n’en viens pas rapidement au fait, je vais te tuer de mes propres mains, cria Luc.
– Ce matin, avant que je quitte Paris, mon cinglé de Belge m’a dit qu’il était sur le point de déchiffrer quelques pages. Il pense qu’il y a au moins trois parties, chacune avec son propre mot-clé. Il était en train de traiter des masses de chiffres, en tout cas ce que traitent les informaticiens, et il m’a promis de m’envoyer un mail dès qu’il aurait quelque chose de définitif. Est-ce qu’il y a un endroit où je peux accéder à mes mails ? »
Luc le saisit par son
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