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Le Testament Des Templiers

Le Testament Des Templiers

Titel: Le Testament Des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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contenter d’herbes sauvages et de feuilles de hêtre bouillies. Mais ils persévérèrent et édifièrent leur monastère. Ils l’appelèrent Clairvaux.
    Grâce au charisme de Bernard, les disciples affluèrent nombreux à Clairvaux, et quand il tomba malade, plus d’une centaine de moines y résidaient. Il regrettait le sentiment d’union que procurait le fait de partager avec ses compagnons le long dortoir ouvert, mais c’était tout aussi bien d’avoir consenti à occuper la petite chambre destinée à l’abbé contiguë à l’église. Ses quintes de toux qui durèrent un mois auraient privé les moines de leur peu de sommeil.
    Gérard avait toujours été le plus robuste des six frères. À part une cuisse lacérée, trophée d’un vrai soldat, il n’avait jamais connu, de sa vie, la maladie. Il était aux petits soins avec son frère fragile et essayait de lui faire avaler des soupes et des infusions, mais Bernard s’éteignait doucement. Trop faible pour conduire la prière, il délégua son autorité à son prieur, mais insista pour être emmené à l’église pour assister aux services et observer les heures.
    Un jour, Gérard prit sur lui d’aller informer le puissant ecclésiastique Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-en-Champagne, de l’état de santé de Bernard. Guillaume appréciait Bernard, chez qui il avait reconnu les capacités d’un futur chef de l’Église. Il obtint ainsi la permission de l’ordre des Cisterciens à Cîteaux de prendre Bernard sous sa tutelle pendant un an. Le décret en main, il ordonna que le jeune abbé soit déchargé de tous ses devoirs ecclésiastiques et libéré des strictes observances de l’ordre jusqu’à ce que son corps soit guéri. Bernard fut emmené sur une charrette vers le sud, vers les climats plus chauds d’une abbaye plus riche et plus confortable où, quelques années auparavant, son deuxième frère Barthomieu avait été envoyé. Et c’est ainsi que Bernard de Clairvaux fut amené à résider dans l’abbaye de Ruac.
    Ruac était une communauté bénédictine qui se libérait mollement des excès contre lesquels Bernard avait pesté. Elle n’était pas encore en mesure de faire partie de l’ordre cistercien. Bien que de nouvelles nonnes n’y soient plus admises, l’abbé, un petit vieux bienveillant, n’avait pas le cœur à renvoyer les anciennes. Pas plus qu’il ne s’était débarrassé de la cave à vin ou de la brasserie, ni n’avait vidé les garde-manger et les réserves à grains copieusement remplis. Barthomieu et quelques-uns des hommes nouveaux avaient été envoyés à Ruac pour constituer l’avant-garde de la rénovation, mais après les dures années passées à Clairvaux, ils ne tardèrent pas à en apprécier le confort. En réalité, ils furent davantage changés par Ruac que Ruac ne fut changée par eux.
    Quand il arriva, Bernard était trop malade pour s’apercevoir des manquements ecclésiastiques de son nouvel environnement, et encore moins s’y opposer. On lui attribua aux confins de l’abbaye une maison en pierre d’une seule pièce avec une cheminée, un lit douillet, une table de lecture avec une chaise en crin de cheval, et quantité de chandelles imposantes. Son frère Barthomieu entretenait le feu et s’affairait à son chevet comme un amant soucieux, pendant qu’une nonne âgée, sœur Clotilde, le gavait de nourriture fraîche et de boissons roboratives.
    Au début, on crut que Bernard ne survivrait pas. Il perdit conscience et revint à lui plusieurs fois, reconnaissant son frère par intermittence, le bénissant à nouveau chaque fois faiblement. Il appelait la nonne « mère », ce qu’elle semblait apprécier infiniment.
    Au vingtième jour, la fièvre de Bernard retomba, et il redevint conscient de son environnement.
    Il parvint à s’asseoir pendant que son frère arrangeait son couvre-lit.
    « Qui m’a amené ici ? demanda-t-il.
    – Gérard, avec quelques moines de Clairvaux. »
    Bernard se frotta les yeux et dissimula habilement ses reproches sous des compliments.
    « Regarde-toi ! Tu as l’air en bonne forme, Barthomieu ! »
    Son frère aîné était bien en chair et robuste, le teint rose comme un petit cochon, et sa tonsure avait grand besoin d’être rafraîchie.
    « Je suis un peu gros, reconnut Barthomieu sur la défensive, en se tapotant le ventre à travers sa robe en lin.
    – Comment cela se fait-il ?
    – Ici, l’abbé n’est pas aussi

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