Le Testament Des Templiers
la prochaine campagne.
Ils continuèrent à affiner le plan pour la première saison. Les premières fouilles se concentreraient sur deux salles : le sol de la salle d’entrée, ou salle 1, selon sa désignation officielle, et la salle des Plantes, salle 10.
L’espace dans la salle 10 était restreint, et Luc en limita l’accès à quelques personnes à la fois. Ce groupe de base était constitué par Sara, Pierre, Craig Morrison, l’expert en outils préhistoriques de Glasgow, et Carlos Ferrer, leur autorité en matière de microfaunes, d’ossements minuscules de petits mammifères, reptiles et amphibies. Luc pensait donner une impression d’insouciance en faisant travailler Sara avec l’Espagnol, mais il en avait des palpitations chaque fois qu’il les voyait côte à côte, leurs corps se touchant presque. Heureusement, Desnoyers avait eu raison. La population des chauves-souris se mit à diminuer presque immédiatement. Quelques obstinées continuaient à virevolter dans les salles du fond, mais l’équipe fut grandement soulagée quand le plafond s’arrêta de bouger.
Sara se concentrait sur une zone au sol d’un mètre sur un mètre, contiguë au mur sud-ouest de la salle 10, là où Luc avait découvert le silex taillé. Les couches supérieures étaient recouvertes de guano récent, ce qui compliquait son travail car les fientes de chauve-souris étaient riches en pollens identiques à ceux qu’elle cherchait. Son objectif pour la première saison était de trouver une couche sans guano et de faire une évaluation préliminaire des types et des fréquences de pollens et de spores. Dans des fouilles ordinaires, sa contribution en tant que paléobotaniste aurait consisté à déterminer la flore et le climat à l’époque étudiée. Mais les peintures dans la dixième salle ne cessaient de leur rappeler que Ruac n’avait rien d’ordinaire.
Vers dix centimètres de profondeur, la terre virait du noir au brun-roux, et le guano s’épuisait. La zone de transition se trouvait au même niveau que la base du silex taillé posé à la verticale avant que Luc y touche.
Le groupe de la salle 10 regarda Pierre gratter les derniers vestiges de terre noire du mètre carré en question. Après avoir pris une série de photos, ils décidèrent d’aller plus en profondeur.
Avant de commencer, ils changèrent de vêtements, de bottes et de masques, et échangèrent leurs truelles, leurs brosses et leurs spatules contre d’autres pour éviter de contaminer des couches plus anciennes avec des pollens plus récents. Sara s’avança la première dans le carré et se mit à nettoyer un endroit avec sa truelle pour prélever des échantillons. Elle avait à peine commencé qu’elle s’exclama :
« Ça alors ! »
Et elle s’arrêta de travailler.
Ferrer était penché au-dessus d’elle, et se mit à répéter d’un ton excité :
« Regardez, regardez, regardez !
– C’est du silex ? » voulut savoir Pierre.
Morrison demanda à prendre la place de Sara. L’Écossais aux cheveux blancs qui mesurait presque deux mètres s’accroupit et sortit sa brosse à prélèvements. L’objet était lisse et jauni, mais ce n’était pas de la pierre.
« Ce n’est pas mon domaine, j’en ai peur, dit-il. On dirait de l’os. À vous, Carlos. »
Ferrer brossa encore un peu la terre et gratta autour de l’objet avec un instrument de dentiste.
« Non, non, ce n’est pas de l’os. Nous aurons encore droit à du champagne ce soir. C’est de l’ivoire ! »
Après avoir soigneusement dégagé l’objet, le laissant en place pour la photo, Pierre courut chercher Luc qui travaillait au point le plus éloigné de la salle 1.
« Qu’est-ce qui t’excite autant ? » lui demanda Luc.
Malgré son masque, on devinait aux plissements autour de ses yeux que Pierre avait un sourire béat, comme un enfant.
« Je suis amoureux, patron.
– De qui ?
– Ce n’est pas un qui, c’est un quoi, dit Pierre pour le taquiner.
– D’accord, de quoi alors ?
– La plus belle petite créature en ivoire qui puisse exister. »
À peine arrivé à la salle 10, Luc s’exclamait :
« Bien joué ! C’est une vraie beauté. Elle complète le tableau. Nous pouvons maintenant dire que Ruac a tout, même des objets d’art transportables. J’aurais aimé que Zvi puisse la voir. On dirait de l’aurignacien, comme notre silex taillé. »
C’était un bison sculpté en ivoire d’environ
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